Congratulazioni! Il tuo sostegno è stato inviato con successo all'autore
                               ~ 1 ~

                               ~ 1 ~

Pubblicato 3 ago 2024 Aggiornato 3 ago 2024 Crime stories
time 9 min
0
Adoro
0
Solidarietà
0
Wow
thumb commento
lecture lettura
0
reazione

Su Panodyssey puoi leggere fino a 30 pubblicazioni al mese senza effettuare il login. Divertiti 29 articles da scoprire questo mese.

Per avere accesso illimitato ai contenuti, accedi o crea un account cliccando qui sotto: è gratis! Accedi

                               ~ 1 ~

Je me suis réveillé avec une faim à vouloir me faire péter le ventre. Je n’avais que trois rues à traverser pour pousser la porte du café Au bar des amis. Louis me prépara une omelette lardons et champignons, baveuse, accompagnée d’un litre d’eau : je devais me requinquer en attendant l’appel de Jeanne. J’en profitai pour analyser tout ce qu’elle m’avait appris sur sa sœur. Comprendre le gibier, je sais ça fait vulgaire, mais je devais avoir un angle d’attaque, savoir quelle direction je devrais prendre. Donc la belle exerçait l’un des plus vieux métiers qui permet de gagner beaucoup d’argent sans avoir besoin d’avoir fait des études. Mais Jacqueline avait la subtilité de travailler chez elle, sans passer par un hôtel qui vous facture à l’heure tout en prélevant sa taxe de séjour, se désignant sous le doux euphémisme de cow-girl de luxe, indépendante. J’avais deviné qu’elle avait un corps à faire bander un eunuque. Donc plus prosaïquement : une belle pute pour gens friqués, sans protecteur affiché. Fille de Rémi Bonnefond dit le Breton, propriétaire du bordel Au bon plaisir, situé rue Mercière, Lyon 2e. Un truand lyonnais de petite envergure, touche-à-tout, ce qui rapporte sans trop se défoncer les neurones, mac. soupçonné de divers trafics dont la drogue, et de Marie-Thérèse Pasquet, ancienne prostituée ayant travaillé pour le sieur susnommé, devenue femme de ménage, séparée, vivant seule avec deux chats. Je savais pour « la belle », il me manquait des renseignements sur « la bête » qui ne m’avait que peu instruit sur elle, se disant comptable pour une société d’import-export, dont le nom n’avait pas besoin d’être cité, n’ayant aucun lien avec l’affaire. Célibataire sans enfant. Quand elle avait retiré son manteau, j’avais remarqué sa maigreur, du genre mannequin qui se prive pour rentrer dans des robes si moulantes, que lorsqu’elle avalait un noyau de cerise, on eût cru qu’elle était enceinte.

        Tout en buvant mon café, double, sans lait ni sucre, je notais sur une fiche carton, lignes horizontales : Jacqueline, sœur aînée de Jeanne née trois minutes après elle. Mariée à 17 ans à une petite frappe, Benoît Pervorte. Un petit trou du cul à la solde de Rémi qui, on ne savait par quel miracle de l’amour aveugle, avait fait succomber à ses charmes la petite, qu’il n’avait pas hésité à faire travailler à peine déflorée, sur les trottoirs de Lyon. Mais la belle était une rebelle qui, ne voulant pas finir comme sa mère, après deux ans de trottoir demanda le divorce, que Benoît accepta sous la pression de Rémi Bonnefond. Elle acheta dans le 6e, près du parc de la Tête-d’Or, un luxueux appartement grâce à la générosité de son papa et se mit à son compte. Point barre sur ce que je savais de la donzelle.

        Le téléphone sonna alors que j’avalais mon deuxième café du matin, qui ne serait pas le dernier, sentant que j’aurais encore devant moi plus d’heures sans repos que d’heures à dormir. Je ne sais si dormir beaucoup rallonge son temps de vie, j’ai sûrement raccourci d’au moins dix ans, mon espoir de vivre très vieux.

Je reconnus rapidement, la voix de ma cliente. Les voix, c’est comme les empreintes digitales, y’en a pas deux pareilles. Elle, c’était un mélange perfide entre le chant d’un oiseau enroué et une chatte en chaleur. Très marquée, reconnaissable même sous les distorsions dues au téléphone.

— Ouais ?

Fallait que je perde cette habitude de répondre ainsi.

— …

— Très bien, dans une heure. Où ?

— …

— Alors à dans une heure.

Je raccrochai, relus l’adresse de Jacqueline qu’elle m’avait écrite au dos de sa carte de visite. Je pris le temps de finir mon café, d’attraper mon duffel-coat et me rendre à l’arrêt du tramway. Je n’utilise ma voiture que pour sortir loin de la ville, non par esprit de rapiat, mais pourquoi s’emmerder à conduire en ville alors que des gens sont payés pour vous conduire soit dans des taxis, soit dans des autobus ?

        J’arrivai cinq minutes avant l’heure, devant un de ces petits immeubles à six étages. Elle m’attendait devant la porte, une clé à la main. Son bonjour fut rapide, genre « ne perdons pas de temps en mondanités stériles ». Elle avait raison, encore une fois. Elle n’était peut-être pas très avenante niveau visage, pas plus que le reste, mais elle avait l’attrait de ces femmes ayant du caractère et du charisme. Cela titilla ma curiosité : est-ce que ce genre de femme pouvait avoir un amant ? Je chassai l’idée pernicieuse en entrant dans l’antre de celle qui devait faire monter au septième ciel nombre de ces vieux débris aux comptes en banque bien fournis, à l’esprit lubrique, qui payent pour avoir ce que leur femme ne peut plus leur offrir. La porte ouverte, nous entrâmes dans un appartement de trois pièces dont le luxe ne sautait pas tout de suite aux yeux. Sans effet ostentatoire ni fioriture, où chaque objet, chaque meuble, était de bonne facture. Le charme discret de la bourgeoisie. Aux murs, quelques photos d’elle, des tableaux de peintres modernes dont je ne connaissais pas le nom. Des tapis marocains, assez lourds, qui absorbaient le bruit des pas. Une coiffeuse dans sa chambre où au milieu, trônait un lit pour deux personnes. J’avais pas besoin de soulever la couverture en laine d’Écosse pour savoir que les draps devaient être en soie. Une table de chevet, une armoire en bois d’acajou qui, une fois ouverte, montrait une rangée de robes griffées ainsi que des sous-vêtements de marque. Des magazines, posés noncha-lamment sur une petite table en bois de rose  démontraient que notre disparue s’intéressait à la politique, à l’économie et curieusement, aux mammifères d’Europe centrale. Je les désignai à Jeanne.

— C’était ça ma sœur.

— Je vais être obligé de tout fouiller... Tout.

— Je crois que nous sommes venus pour ça non ?

— Oui, oui. Mais je risque de découvrir des …

— Choses intimes ? N’est-ce pas ce qui vous donnera le début d’une piste ? Tire la chevillette, la porte s’ouvrira. 

— Heu … c’est pas plutôt … et puis on s’en tape de ce que la chevillette fera, on déballe tout.

Nous n’étions pas là pour faire étalage de notre culture.

Et je commençai de façon méthodique, une intrusion systématique dans tous les tiroirs tandis qu’elle restait à me suivre des yeux, ce qui me rendis un peu nerveux.

— Vous pourriez m’aider !

— Vous cherchez quoi ?

— Si je le savais, je ne chercherais pas.

— Alors on vide tout sur le sol, et on fait le tri ?

—  Et si ce n’est pas là ?

— Eh bien comme vous avez dit qu’on ne savait pas ce que l’on cherchait, ça voudrait dire que nous avons perdu du temps à essayer de trouver ce qui ne nous aurait pas sauté aux yeux !

Je fus déconcerté par cette réponse à la con. Se foutait-elle de ma gueule ? Apparemment non. Tout ce que nous pûmes trouver, nous le rassemblâmes au salon. Et le tri commença. Les factures d’un côté, des talons de chéquiers, un chéquier à demi entamé de l’autre. Des photos, intimes, suggestives, limite pornographiques. Des lettres, banales, entre amies qui s’écrivent pour ne pas s’oublier dans un passé vécu ensemble. Un carnet, avec des pages blanches. Rien de bien reluisant, ni d’utilisable. Restait le coffre-fort.

Elle est ? était ? – la conjugaison étant de circonstance puisque nous n’avions aucune certitude, si elle était morte ou encore vivante – friquée, donc elle avait certainement un coffre, le genre caché derrière un tableau. Je soulevai les uns, les autres, sous l’œil attentif de ma cliente. Il n’y fut pas, mais pernicieusement installé dans sa chambre, derrière un miroir. C’était un coffre pas si fort, facile à ouvrir. Pas d’argent, une montre-gousset et un agenda avec des noms et des numéros de téléphone. Ses clients ? Et une double feuille à l’écriture de femme, annotée par ce qui ressemblait à des prestations et leur tarification. Je la lui tendis :

— Ben mon con, elle était pas donnée votre sœurette. Une poule au cul d’or.

— Ne soyez pas vulgaire, je vous prie. Je ne vous paie pas pour tenir ce genre de propos.

— Ne jouez pas l’indignée, la prude de service, vous savez de quoi elle vivait, alors parlons vrai.

C’était une pute, de luxe peut-être, mais une pute.

Je faillis ajouter « comme votre mère », mais me retins par délicatesse.

— Y’a rien d’autre ?

Visage qui s’allonge, montrant son dépit. Elle avait ravalé son indignation.

— Non. Devait y’avoir autre chose ?

Elle ne répondit pas tout de suite.

— Heu… non… non. En fait, j’en sais pas plus que vous.

L’intonation d’une voix est révélatrice de votre franchise ou de vos menteries. Là tout me révélait qu’elle mentait. Je laissai faire, le mensonge nous en apprenant beaucoup sur les gens. Si elle cachait le véritable but de la visite, c’est que le terrain risquait d’être miné, allumant en moi les feux de détresse. Le vert passait à l’orange, dès qu’il passerait au rouge, je me débinerais.

— Sûre ?

— Oui. On fait quoi ?

— Ici ?

— Non, pour la suite ?

— Vous, plus rien pour l’instant car je vais devoir aller là où vous ne pourrez pas vous présenter, c’est bien ce que vous m’avez dit ? Alors j’irai fouiner de ce côté, vous risquez de me gêner.

Le rouge lui monta au visage, une colère sourde qui risquait d’exploser.

— Désolé, mais si nous devons, non, si je dois travailler pour vous, vous devez accepter ma façon de diriger ma mission.

Elle comprit vite le message. Nous allions partir quand un bruit presque imperceptible se fit entendre.

— Ne bougez pas !

— Pou …

— Chut, taisez-vous, écoutez.

Faut toujours que les femmes l’ouvrent quand on leur demande de la fermer.

— Je …

— Fermez-la bordel !

J’avais envie de lui mettre la main en bâillon sur la bouche.

Le bruit cessa. Je sentis une présence dans la pièce d’à côté. Je ne bougeai plus, Jeanne m’imita. On attendit. Le silence devint pesant. Quand d’un coup, telle une furie, une forme noire surgit. Je n’eus que le temps d’esquiver le coup porté par son poing, mais reçus un jet de gaz en pleine figure. Le néant m’enveloppa tandis que je m’écroulais en ayant le temps de crier :

 — Faites gaffe... 

lecture 58 letture
thumb commento
0
reazione

Commento (0)

Ti piacciono gli articoli su Panodyssey?
Sostieni gli autori indipendenti!

Proseguire l'esplorazione dell'universo Crime stories
Les traces
Les traces

Les traces PROLOGUE : Tel un caméléon, Sir Boleun se fondit dans la...

Annaële Bozzolo
10 min
Nancy
Nancy

Chaque soir, entre quatre et cinq heures, le facteur passait devant la maison de Nancy. Ni grande, ni petite, sa maison donn...

Charitha Liyanage
7 min
CHAPITRE X : 
CHAPITRE X : 

CHAPITRE X : Où l’on n’a rien sans rien Lors de la réunion du 24 septembre, ainsi fix&eac...

Cedric Simon
7 min
Clair Sapin
Clair Sapin

Concours de nouvelles Librinova (parrain Bernard Minier) Nuit Pleine...

Annaële Bozzolo
13 min
6.
6.

La montée au château empruntait un chemin étroit avec des raidillons qu’ils gravirent rapidement....

Claire Brun
3 min

donate Puoi sostenere i tuoi scrittori preferiti

promo

Télécharge l'application mobile Panodyssey