

Six
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Six
Une jeune femme
La jeune fille est maintenant devenue jeune femme. A dix-huit ans, elle fait une licence de Physique à Nice. Elle aime sa vie étudiante, elle sort de temps en temps, elle s’est fait quelques amies, elle a un appartement qu’elle partage avec un étudiant en droit qui a vingt ans et une étudiante en chimie qui a son âge. Il y a deux mois elle est sortie avec un garçon qui s’appelait Léandre. Ils ne sont pas restés longtemps ensemble, ils ont décidé de se séparer à la rentrée car lui allait étudier à Paris. Une relation à distance aurait été trop compliquée. Elle a décidé de l’oublier comme elle pouvait. Cependant cette histoire l’avait beaucoup atteinte. Maintenant, elle essaye de profiter de la vie comme elle peut en passant du temps avec ses parents et ses amis, en créant des projets dans sa tête. Petit à petit, lentement, elle sort la tête de l’eau et se relève. Ce qui n’a pas été chose facile au début.
Voilà maintenant trois ans que Paul a disparu sans laisser de trace. La police a enquêté pendant un an sur cette affaire. A part le sac à dos dans le fleuve du Var, ils n’ont rien pu retrouver. Le garçon s’est volatilisé. Elle a essayé par elle-même tant de fois de le retrouver. Via les réseaux sociaux, en se rendant elle-même sur les lieux. Elle a participé un nombre incalculable de fois aux recherches avec la police. Après que le sac à dos ait été retrouvé, les recherches ont continué encore pendant plusieurs mois, sans succès. Les enquêteurs ont conclu à une noyade, sans n’avoir trouvé assez de preuves pour le prouver. En revanche, des empreintes digitales sur la rambarde d’un pont et le sac tombé juste en contrebas leur ont laissé penser que Paul, mal dans sa peau s’était jeté d’en haut du pont et que le courant l’avait emporté. La jeune fille n’a jamais accepté cette version des faits. Son frère allait très bien, elle le savait. Il n’avait aucune raison de faire cela, surtout qu’il avait des projets, il lui en parlait souvent, il était heureux. C’était impossible. Et pourtant, petit à petit, tout le monde autour d’elle a fini par y croire, tout le monde à part ses parents. Sa mère avait toujours espoir de le retrouver à se jour, tandis ce que son père, lui, s’était réfugié dans l’alcool. Elle, guettait tous les jours les faits divers sur internet et regardait toutes les photos. Elle retournait aussi régulièrement aux endroits que son frère aimait fréquenter en espérant… qui sait… un jour le trouver là-bas. Son corps n’a jamais été retrouvé. Les enquêteurs ont pensé qu’il était quelque part au milieu de la mer et qu’il était dorénavant impossible de le localiser. Mais la jeune fille, elle, sait qu’il n’est pas mort. Elle le sent toujours auprès d’elle. Elle sait qu’il la voit de là où il est et qu’il veille sur elle. En tout cas elle l’espère et lui parle tous les soirs avant de s’endormir, persuadée qu’il l’entend, de là où il est ou en tout cas qu’il est capable de ressentir sa tristesse.
Elle a mis du temps à se remettre de cette tragédie, mais cette année, le commencement de ses études lui a permis de s’engager dans quelque chose, de prendre un petit peu sa vie en main. Elle se sent plus autonome et commence à penser à autre chose, bien qu’évidemment, il soit impossible pour elle d’oublier. Elle ne veut pas oublier, mais surtout elle ne veut pas que les gens oublient ce qu’il s’est passé. Elle ne veut surtout pas que les gens oublient Paul. Elle sait qu’elle le retrouvera à un moment donné. C’est cette certitude qui l’aide à avancer et à se lever tous les matins. Et elle ne compte pas abandonner. Elle ne compte JAMAIS l’abandonner.
***
Agathe
29 décembre 2024, 15h01
La matinée s’est plutôt bien finie. Je suis allée manger avec les autres moniteurs le midi dans l’ESF. Ensuite, je me suis dit que j’allais profiter de l’après-midi pour faire un peu de raquettes. Il ne fait pas très beau aujourd’hui, il faut très froid et l’air est très humide. Je sens l’humidité envahir mes narines. Cet air frais est à la fois rassurant et envoûtant mais il y a aussi quelque chose à travers lui qui me fait frissonner, et me rend nostalgique. Pourtant, j’ai l’habitude d’accorder mon humeur avec la météo en temps normal. Ayant grandi dans le sud de la France, je n’ai pas eu l’habitude des semaines de pluie incessante qui te trempe jusque sous ta chair et te frigorifie. Le fait qu’il ne pleuve que si rarement a comme branché mon humeur au comportement du ciel. Comme la plupart des sudistes, je redoute la pluie et lorsqu’il pleut, je pense instinctivement à m’enfermer chez moi et regarder un film sur mon canapé, enveloppée sous un plaid. Et ce n’est pas que moi. A Nice lorsqu’il pleut les rues sont désertes, les gens ont un air maussade et tout semble triste.
Mais aujourd’hui ce ressenti est différent, ce n’est pas la météo qui me perturbe ou me rend triste. Je sens comme des ondes négatives se dégager de cet air frais. Il est à la fois doux et empoisonné, comme s’il annonçait que les prochains jours allaient être difficiles, où même les prochaines heures, comme un calme avant la tempête.
La neige est encore fraîche et mes raquettes s’enfoncent de plus en plus profondément à mesure que je remonte le sentier de la forêt. J’aime le calme des forêts. Elles ont quelque chose de tellement apaisant. Lorsque j’ai peur ou je suis anxieuse de quelque chose, j’aime me réfugier au milieu des arbres là où personne ne saura me trouver. Les arbres m’apportent une protection : leurs branches, leurs feuilles, me couvrent et me cachent de tout ce qui m’angoisse et me déprime tandis que leur odeur me libère et vient me consoler.
Une fois sortie de la forêt, je vais observer le paysage du belvédère comme j’en ai l’habitude, puis après quelques photos, je décide de redescendre en passant par un autre chemin pour changer un peu. Je continue donc ma balade un peu plus longtemps sur le col pour rejoindre un autre flanc de la montagne où se trouve une autre randonnée que je connais moins mais que j’ai déjà dû faire une où deux fois les années passées. Pour le moment, je n’ai croisé personne depuis que j’ai commencé à balader. J’ai seulement vu quelques skieurs à la traversée d’une piste.
Je descends encore et encore, à me tordre les genoux cette forêt qui semble ne plus en finir. J’ai bien peur de ne pas pouvoir rentrer avant la tombée de la nuit. Je regarde l’heure sur mon téléphone : 16h08, et le soleil se couche déjà… Vive l’hiver !
Je décide d’accélérer le pas. Alors que j’enchaîne les pas de plus en plus rapidement, fatigant d’avantage mes genoux et mes chevilles, je commence à sentir le froid s’emparer de moi. J’ouvre mon sac et en sort mon écharpe que j’enroule autour de mon cou. Je m’apprête à repartir lorsque je remarque un objet enfoncé dans la neige à mes pieds. C’est un morceau de tissu, je déterre l’objet et constate qu’il s’agit d’un gant, bleu marine qui doit appartenir à un enfant. Je regarde l’étiquette à l’intérieur pour voir s’il n’y est pas cousu un nom (ma mère avait l’habitude de faire ça pour mes affaires). J’ai misé juste, en effet, avec la lampe torche de mon téléphone j’arrive à distinguer un P puis un i puis une sorte de boucle. C’est là que mon cerveau tilt, Pierre ! Voilà le nom qui est inscrit. Le petit Pierre de mon groupe de deuxième étoile, et sa tante qui me semble assez perturbée, il avait des gants bleu marine ce matin je m’en souviens bien. Mais pourquoi aurait-il fait tomber un gant en plein milieu de la forêt. Il est un peu petit pour faire cette randonnée, c’est assez long, il n’aurait pas été aussi loin. Ou alors peut être que quelqu’un lui aurait emprunté et l’aurait laissé tomber.
J’évite de me poser trop de questions et me concentre sur le fait qu’il est bientôt nuit et que je devrais me dépêcher à rentrer. Je fourre le gant dans mon sac à dos, me disant qu’il ne faut pas que j’oublie de le donner au petit garçon lorsque je le verrai demain matin.
Puis, frigorifiée jusqu’aux os, je rentre à l’auberge et m’écroule sur mon lit.
30 décembre 2024, 10h00
Et c’est reparti pour un nouveau cours ce matin. Je suis un peu moins stressée qu’hier et j’enchaîne plus rapidement la distribution des dossards, je regarde les élèves présents devant moi et reconnaît la plupart. Je décide d’essayer d’effectuer l’appel rapidement. Comme les élèves sont assez bruyants et risquent de ne pas m’entendre, je décide de passer voir chacun d’eux, leur demander leur prénom et cocher la case. Je me souviens assez bien des prénoms de tous, sauf ceux des plus silencieux qui étaient en fin de file hier, j’ai plus de mal à les reconnaître. Un petit blondinet est devant moi, Ethan ? Ou alors Morgan… Quelque chose comme ça, il me demande quelles pistes nous allons faire aujourd’hui pendant que je cherche son prénom sur la feuille de présence. Une fois que j’ai coché tous les noms des élèves présents, je me souviens du gant bleu marine présent dans mon sac et je cherche le petit Pierre des yeux. Je ne le vois pas. Serait-il en retard ce matin ? Cependant, après avoir attendu cinq minutes de plus, je décide de partir avec le groupe pour ne pas perdre trop de temps.
Ce que je ne savais pas encore c’est que le petit Pierre ne viendrait ni aujourd’hui, ni le reste de la semaine.
En fait, je ne le verrai plus jamais…
***
Marie
Tout avait pourtant plutôt bien commencé. Les deux premières heures nous avions roulé sans trop parler. Je contemplais le paysage, lui semblait plongé dans ses pensées, il chantonnait les musiques qui passaient à la radio, râlait lorsque 107.7 annonçait des embouteillages… Je ne me suis pas posée trop de questions. En même temps tout était si normal. Comment aurais-je pu savoir ce qui allait m’arriver quelques heures plus tard.
Certes nous avons entrepris ce voyage très tôt dans notre relation, certes j’étais sûrement trop jeune et trop bête, je ne m’étais sûrement pas posé assez de questions. Et pourtant, je ne pense pas que je méritais ça…
4 mai 2018, quelque part près du Puy-en-Velay, 10h30
Jonas a décidé de s’arrêter sur une aire d’autoroute. Nous avons passé les bouchons de la périphérie de Lyon et maintenant nous nous retrouvons dans le paysage que nous cherchions : la nature à l’état pur.
Je prends de grandes inspirations et j’essaye de me dégourdir les jambes autour de la petite aire de jeu de l’aire. Il n’y a vraiment rien ici. Je suis étonnée que Jonas n’ait pas voulu s’arrêter sur une aire avec une surface commerciale pour pouvoir s’acheter un café… En tout cas, il est parti aux toilettes et en attendant, je contemple la nature autour de moi, j’essaye de penser à autre chose. Je pense à ma petite nièce qui était si triste de ne pas pouvoir me voir pendant un long mois. Elle m’a offert un dessin que j’ai mis dans la poche de mon manteau. Je le sors et le contemple quelques secondes. Elle m’a dessinée au sommet d’une montagne avec un sac à dos et le minivan à mes côtés. Le dessin est très coloré, elle y a fait quelques fleurs et un grand ciel bleu. L’herbe est verte-fluo, il y a même un arc-en-ciel. Je me suis toujours demandée comment els enfants ont cette capacité à se représenter les choses si joliment par rapport à la réalité. Est-ce de cette manière qu’ils voient le monde ? Comment font-ils pour toujours tout optimiser ? Pour voir le monde sous toutes ses couleurs ?
En tout cas, une chose est sûre c’est que sans les enfants, nous adultes ne sommes rien. Bien qu’ils soient parfois épuisants, ils sont toujours là pour nous remonter le moral. Si l’on ne vivait qu’entre adultes, on n’apercevrait pas la beauté de la vie. Nous serions coincés dans nos problèmes d’adultes, nous n’inventerions plus d’histoires, il n’y aurait plus d’innocence, plus de rires et de pleurs inutiles. Ce monde serait terne à en mourir. En y songeant, nous serions comme de tristes machines, jamais satisfaites de leur vie et vouées à disparaître.
C’est sur cette pensée que je range le dessin de ma nièce à nouveau dans ma poche. Puis, j’y cherche mon téléphone. Ne l’avais-je pas mis là tout à l’heure ?
Je décide de retourner au Minivan, j’ai dû le laisser sur mon siège. Cependant, lorsque j’ouvre la portière, je fouille tout autour du siège et je ne le trouve nulle part.
Heureusement, deux minutes après, je vois que Jonas est en train de revenir. Je marche dans sa direction et lui demande :
-Jo ! Tu as vu mon téléphone ? Je ne le trouve plus. Tu peux m’appeler ?
Il ne semble pas prêter grande attention à ce que je viens de dire, ce qui me semble étrange. Il me répond d’un simple : « non », puis me tend une gourde remplie d’eau.
-Tiens ! J’ai rempli la gourde si tu as soif.
-Merci !
J’attrape la gourde et bois plusieurs gorgées. Jonas m’observe. Il semble étrange depuis qu’il est sorti des toilettes. Je ne me pose pas plus de questions, lui rend la gourde, puis je retourne vers le Minivan, espérant trouver mon téléphone quelque part pour qu’on puisse partir rapidement de cet endroit. Après avoir renversé et fouillé tout mon sac, je sens le regard insistant de Jonas, qui assis au volant, attend impatiemment que je retourne m’assoir. Il a essayé d’appeler mon téléphone plusieurs fois avec le sien mais aucune réponse. Pourtant il me semble bien l’avoir laissé en son…
Je range à nouveau toutes les affaires dans mon sac et me relève, sûrement trop rapidement puisque j’ai comme un mini vertige.
J’essaye de reprendre mes esprits en m’appuyant sur la portière.
Jonas n’a pas dû remarquer puisqu’il n’a rien dit. Je respire quelques secondes, me disant que ça va passer.
Cependant, c’est le contraire qui se produit. Je commence à sentir des fourmillements dans mes jambes. Une migraine intense s’empare de moi et ma vision se trouble.
-Jonas…
J’articule doucement.
-Jonas je ne me sens pas bien…
Il ne répond pas. Ai-je parlé si doucement ? Je ne parviens pas à le voir de là où je suis, tout est flou de toute manière. Je m’adosse contre la portière et j’observe le ciel. Je ne vois plus qu’une lueur blanche. Je sens mes paupières se fermer. Ma gorge me brûle, je suffoque. Je parviens seulement à émettre un petit cri étouffé avant de m’écrouler violemment sur le sol…

