Chapitre 5 Nouvel air
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Chapitre 5 Nouvel air
Je cachai donc mon véhicule derrière un entrepôt voisin et surveillai l’entrée du cabinet. A 20 heures, je vis l’air-thérapeute verrouiller sa porte, monter dans un véhicule électrique et partir. Je sortis de ma cachette et revins sur mes pas. L’ouverture de la porte ne prit que quelques secondes à mon turbodécodeur. J’entrai de nouveau dans le cabinet, vide. Je fouillai les pièces une à une mais ne vis rien d’anormal.
Un souffle d’air le long d’un des murs de son cabinet finit par attirer mon attention. Il trahissait la présence d’une porte dérobée. Je la poussai et me retrouvai dans un long couloir sombre. Je le parcourus en m’éclairant de ma manchette. Il aboutissait à un cul de sac. Je m’appuyai sur la paroi comme je l’avais vue faire sur le cube et basculai dans une gigantesque serre. Pour la première fois de ma vie, dans le faisceau puissant de ma manchette, je vis de véritables arbres, des bosquets, des haies entières. Sous mes pieds s’étalait un tapis d’herbe. J’eus le temps d’apercevoir des fleurs, DES FLEURS !!!, avant que l’afflux d’oxygène frais ne me fasse tourner de l’œil.
Lorsque je revins à moi, j’étais allongé sur le canapé de la salle d’attente. J’avais de la compagnie : Carl Löder, Robert Fabiani et Sabrina Flers. Une belle brochette de menteurs…
Je me levai, non sans difficulté.
« Je vous dois quelques explications, n’est-ce pas ? fit cette dernière en me souriant. Vous avez découvert Biosphère 2, la première reconstitution d’un écosystème naturel.
- Comment… comment vous avez fait ? Les végétaux ont disparu depuis plus d’un siècle ! bredouillai-je.
- Ce sont mes parents qui l’ont conçue. Ils étaient biologistes et ont découvert qu’ils pouvaient réensemencer l’humus d’un biotope, même détruit, avec de l’air naturel. Les spores, le pollen, les microorganismes qu’il contient ont résisté en partie au temps. J’ai poursuivi leurs travaux. »
Elle avait créé deux autres serres en substituant des grands crus avec la complicité du commissaire-priseur et du maître de chai’R. Biosphère 2, 3 et 4 produisaient maintenant suffisamment d’air pour qu’elle puisse en prélever pour les cures de ses patients. L’étape suivante consistait à multiplier les serres à grande échelle. Et pour ça, elle avait besoin de la complicité d’un flic de l’air. Moi.
Ils m’avaient repéré à cause de mon aérophilie. Et puis l’un après l’autre, ils avaient disséminé des indices pour m’attirer jusqu’ici. Ils comptaient sur ma passion pour l’air naturel pour me convaincre de les aider dans leurs détournements. En fermant les yeux lors de mes inspections, en leur donnant accès aux marchandises saisies. En contrepartie, on m’offrait une vie au Grand Air.
Et voilà comment je suis devenu un flic corrompu. Sans état d’âme. Car aujourd’hui je me considère comme un réensemenceur, un aéroéleveur. La plus noble des tâches. Il a fallu apprendre à ne pas oublier de tousser, à utiliser du fond de teint gris, pour masquer ma peau de pêche et mon excellente condition physique. Dans la journée je fais le policier et le soir je regagne Biosphère 2. Je n’ai jamais aussi bien dormi de toute ma vie.
Un jour viendra, dans quelques décennies, où nos descendants proposeront aux puissants de ce monde de procéder à des lâchers d’air, quand celui-ci cessera d’être une denrée rare à forte valeur spéculative. J’espère qu’alors les peuples retrouveront leur souffle et la Terre son manteau vert pour redevenir une biosphère. À part enti’air...