Les Temples de la Sensualité
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Les Temples de la Sensualité
15 Oct 06
Au pays du renommé Kâma-Sûtra, la promenade parmi les temples de Khajurâho résonne pour moi comme une révélation. On déambule d’un temple à l'autre dans ce grand festival de l’érotisme, héritage des temps anciens si magnifiquement conservé, à contempler ces innombrables sculptures dans une ambiance surréaliste où le sexe s’affiche sans pudeur ni retenue.
De fines caresses en fellations, d'attouchements délicats en pénétrations, de relations duelles en orgies, d'anthropophilie à la zoophilie, la sexualité ici se vit sous toutes ses formes, comme un vitrine ou un grand enseignement des différentes manières de procurer du plaisir. La sensualité est au cœur de ces représentations, que le souci du détail vient souligner. Tout encense la délicatesse et le plaisir partagé, les sourires complices répondant à un téton effleuré, un déhanché aguichant à des emboîtements parfaitement étudiés. Ces jeux de corps s’affichent avec un naturel sans retenue, ode au plaisir et à la sensualité ouvertement assumée, qui vient travailler au plus profond de moi la pudeur qui me caractérise.
Qu’avons nous fait de cet acte pourtant à la base de la base de la vie ? Quelles barrières avons nous érigé pour refréner nos plaisirs charnels ? Pourquoi une telle gêne, une telle prohibition d'un acte aussi fondamental à l’équilibre et à la survie des êtres humains ? Face à ces statues millénaires qui s’affichent avec tant d’insolence, c’est un véritable choc que je vis, qui vient effondrer tout un château de cartes que ma culture m’a appris à construire. La pudeur judéo-chrétienne qui nous caractérise tant, et qui à force de sacraliser cet acte l'a banni de la place publique, en prend un sacré coup, et je ne sais plus où me situer face à cette révélation qui m'explose à la face. Au delà des rires moqueurs, c'est face à nos propres interdits et nos propres complexes que ces temples me mettent en vis à vis.
Je continue de errer parmi les temples, me laissant imprégner par cette vision de la sexualité si culturellement différente, admirant ces véritables bijoux architecturaux tellement bien conservés, fasciné par tant d’assurance à explorer les plaisirs charnels, travaillé intérieurement par tant de sensualité, et quelque peu honteux d’être aussi étriqué dans mon esprit face à cet acte si noble et si beau de notre propre nature.