Un Mariage Indien ( Indian Wedding)
Un Mariage Indien ( Indian Wedding)
Après l'extrême sud, un petit passage de quelques jours par les Ghâts Occidentaux, une chaine de montagnes séparant le Kerala et le Tamil Nadu, en allant à Kodaikanal, 2200m d'altitude.
Pas grand chose à en dire si ce n'est que la météo alternait entre pluie et brouillard, restreignant la plupart du temps la vue et les capacités de se promener, et qu'il y faisait super froid, nécessitant 3 couvertures et plus pour dormir, juste de quoi attraper une bonne crève !

Puis arrivée à Madurai dans la perspective du futur mariage de Siva (prononcez Shiva) et Prianka auquel je vais bientôt assister ! Je retrouve là ma tante Brigitte grâce à qui j'ai été convié à l'heureux événement et que je n'ai pas vu depuis plusieurs années, ainsi que Magalie, Yves-Michel, Catherine Giulio et Clara, amis français du marié et de ma tante, et ses amis indiens Milan et Bhuvan ayant étudié avec lui à Toulouse.

Magalie, Yves-Michel, ma tante Brigitte et bibi
Tout ce petit monde s'est côtoyé à Toulouse depuis une dizaine d'années, ma tante et ses amis ayant participé à accueillir et soutenir ces jeunes indiens, débarquant alors du lycée français de Pondichéry pour venir étudier en France. Des amitiés se sont soudées, les chemins se sont depuis personnalisés, mais Siva a pour sa part trouvé du travail à Toulouse dans l'industrie automobile en tant qu'ingénieur, et convie toutes ces amitiés toulousaines fortes à son mariage ici à Madurai.... moi compris, ma tante lui ayant régulièrement parlé de moi.

Nous nous promenons donc les premiers jours dans Madurai, 2ème plus grande ville du Tamil Nadu après Chennai (ex Madras). Si Chennai est une capitale dynamique d'un point de vue économique, automobile, informatique ou cinématographique (après le Bolywood de Bombay, on parle désormais du Kollywood de Chennai), Madurai est quant à elle le grand lieu saint du Tamil Nadu, possédant un impressionnant temple dédié à la divinité Meenakshi, une avatar de Parvati, l'épouse de Shiva... et c'est à proximité immédiate de ce lieu central de la ville que nous logeons.

Ce temple est l'un des principaux joyaux architecturaux de l'art dravidien ( qui correspond aux populations non aryennes du sud de l'Inde) et tamoul (du Tamil Nadu), très présent aussi à la Réunion.
Il se caractérise par des hautes tours très colorées qu'on retrouve aux entrées appelés gopuras, comprenant d'innombrables statues de divinités et de démons (malheureusement tous les gopuras sont en rénovation actuellement) ; des grandes salles intérieures aux piliers de pierre très richement sculptés, les mandapas, représentant systématiquement une sorte de dragon/lion mangeant sa queue ; et un ensemble d'enceintes imbriquées les unes dans les autres, les prakarams, qu'il faut franchir avant d'atteindre la dernière niche où loge la divinité principale, devant laquelle les hindous viennent chercher le darshan, la bénédiction. Je vous en avais déjà parlé dans mon dernier article à Kanyakumari.



Ici donc, plusieurs milliers d'hindous viennent de toute l'Inde chaque jour, faire la queue pendant plusieurs heures, afin de pouvoir se recueillir quelques secondes d'abord devant Meenakshi dans un premier temple, puis devant Shiva dans un deuxième temple attenant au sein de ce grand ensemble architectural.
L'accès aux 2 prakarams contenant les divinités est comme souvent interdit aux non-hindous, les photos sont interdites également, mais nous pouvons quand même pénétrer à l'intérieur de l'enceinte du complexe pour admirer les mandapas, le grand bassin central, et assister à la grande cérémonie qui a lieu tous les soirs à 21h. En effet, le mariage de Shiva (le Dieu, qui représente la Conscience Absolue et qui médite le jour dans l' Himalaya, pas l'homme que nous venons retrouver !) et Meenakshi y est symboliquement célébré, et la statue de Shiva (en fait un Shivalingam, la représentation très phallique de Shiva intégrant également une représentation de la féminité) est ainsi transportée tous les soirs, avec force tambours et trompettes, de son temple à celui de Meenakshi où il vient la retrouver pour passer la nuit avec elle. Elle est ensuite re-déplacée le lendemain matin à 4h, chacun retrouvant sa vie et ses pénates.


La majestuosité du site, la finesse et le détail des sculptures, la ferveur et la dévotion des indiens qui affluent ici en masse, ainsi que la grande mystique qui imprègne ces lieux couverts de multiples symboles et chargés d'histoire, tout cela traduit une atmosphère vraiment fascinante et intrigante à la fois. Nous avons la chance de faire cette visite avec un excellent guide rencontré à l'occasion, Vinoth, qui arrive à nous faciliter l'accès à différents endroits nous permettant de contourner l'immense queue, nous expliquer la signification de ce que nous parvenons à voir, et nous fait prendre part à la démarche spirituelle dévote qui habite ces lieux.

Et puis arrive donc l'heure du mariage de Siva et Prianka ! Il faut bien comprendre pour la suite que deux salles (mahal) distantes de 10 minutes à pied ont été louées pour l'occasion, l'une étant destinée à l'entourage familial et amical du futur mari, l'autre à l'entourage de la future épouse, cette séparation initiale ayant une forte valeur symbolique.
Une pré-invitation a été organisée la veille le samedi, le temps d'un déjeuner puis d'un diner, afin de permettre aux invités d'arriver, de pouvoir rencontrer les futurs époux, et de procéder aux photos d'usage (qui vont être omniprésentes durant le mariage).


L'occasion de nous tous de nous retrouver dans le mahal du futur marié et de rencontrer la famille de Siva, ses amis, puis les futurs époux qui arrivent en sari pour Prianka, en costume pour Siva, et de prendre ainsi nos premiers clichés !


Le lendemain, nous arrivons tôt à 7h dans le mahal du marié afin d'assister à une cérémonie religieuse, une sorte de baptême/initiation du marié obligatoire et très répandu dans le Tamil Nadu, afin qu'il puisse être purifié et autorisé à épouser sa future femme.

La cérémonie est officiée par un prêtre et son assistant, qui dispose devant lui un certain nombre d'éléments qui vont participer du rituel : du riz, des noix de cocos, des pots d'eau et de lait, des fleurs, des colliers et bracelets de jasmin, des poudres colorées, des morceaux de bois et notamment de bois de santal, des plateaux argentés, des bougies et des lampes à huile....
Le marié, vêtu d'un seul dhoti jaune ( une pièce de tissu de 2m nouée autour de la taille, le « pantalon » des indiens du sud) et ses parents sont ainsi guidés par le prêtre durant toute la cérémonie afin d'exécuter un long et très complexe rituel, que je ne saurais vous expliquer en détail, qui dure environ 2h. Des musiciens accompagnent le prêtre durant tout le déroulé de la cérémonie, alors qu'il récite au micro des invocations sacrées.



La cérémonie terminée, alors nous pouvons accompagner le marié à pied de son mahal jusqu'à celui de sa future épouse, où l'ensemble de son entourage nous attend. Siva prend alors place sur l'estrade, où viennent ensuite s'associer de nombreuses personnes pour l'entourer.

Un prêtre officie et dirige la cérémonie. La mariée arrive discrètement. Les futurs époux, cachés pour le moment l'un à l'autre par un tissu tendu entre eux deux, se découvrent alors officiellement.
C'est le moment de la consécration. Ils se passent des colliers de fleurs autour du cou, avant de s'appliquer mutuellement le bindu sur le front, et d'officialiser ainsi leur union. Des voeux sont ensuite chantés, des jeux entre époux sont organisés, de la musique accompagne le tout.




Au milieu de tout ça, plusieurs photographes, vidéastes, un mec avec un grand parapluie pour diriger la lumière semblent être les véritables boss de la cérémonie : faisant mur devant toute l'assemblée pour prendre les meilleurs clichés, bloquant la vue de tous, ils interrompent à de nombreuses reprises la cérémonie et les mariés pour leur faire prendre la pose à chaque étape et parfaire leurs clichés. La photo saisie compte bien plus que la spontanéité et la magie de l'instant présent...

Vient alors le défilé des invités, par groupes, pour prendre les photos officielles et remettre les cadeaux aux nouveaux époux. Puis les invités de la mariée partent se restaurer dans son mahal, tandis que nous autres invités du marié sommes invités à rejoindre à nouveau le notre pour manger. Le couple viendra nous retrouver pour les photos côté marié, et la remise de nos cadeaux.

Un moment en tout cas magnifique, très indien, où j'admire toutes ces femmes vêtues de leurs plus beaux saris, tandis que les hommes ont revêtus une simple chemise et un dhoti. Le contraste en termes d'apprêtement est parfois saisissant !

Il faut de l'or, il faut que ça brille, les femmes sont absolument superbes dans ces tenues, dévoilant un florilège de couleurs, de bijoux et de broderies, les mains couvertes de dessins au henné et du jasmin plein les cheveux, tandis que l'ambiance est assurée par le son des tambours et des shehnai, sorte de hautbois au son nasillard très caractéristique. Votre serviteur avait quant à lui opté pour une tenue indienne plus traditionnelle avec veste longue en soie et dothi ! ...:-)


Assez parlé. Cela se raconte surtout en photos.




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