L’utilisation de l’intelligence artificielle (IA) dans l’éducation connaît une adoption fulgurante. Une enquête récente aux États-Unis montre que plus de 80 % des étudiants de premier cycle et des élèves du secondaire ont utilisé l’IA à l’école, avec 56 % d’entre eux s'en servant pour rédiger des devoirs. Ce phénomène soulève une question clé : comment les enseignants peuvent-ils faire face à cette révolution, où l’IA semble pouvoir accomplir tout ce qui était autrefois un test traditionnel des compétences ?

Nous sommes désormais confrontés à un paradoxe : d'un côté, l’IA permet aux étudiants de déléguer une partie de l’effort cognitif nécessaire à l’apprentissage, et de l'autre, l'effort mental est précisément au cœur du processus éducatif. Si la tentation d'utiliser ces outils est forte, le risque est que l’apprentissage réel en pâtisse, un fait souligné par des études récentes. Par exemple, une expérience menée en Turquie montre que l’utilisation non encadrée d’une IA comme ChatGPT pour les devoirs peut diminuer la performance aux examens finaux jusqu’à 17 %.

Alors, l’IA détruit-elle vraiment l’éducation traditionnelle ? En réalité, ce n'est pas l’IA en elle-même qui pose un problème, mais la manière dont elle est utilisée. Les enseignants et étudiants font face à deux illusions : l'illusion de la détection, où les enseignants pensent pouvoir repérer facilement l’usage de l’IA dans les devoirs, et l'illusion de la connaissance, où les étudiants pensent qu’obtenir de l’aide via l’IA équivaut à apprendre. Ni l'une ni l'autre ne reflète la réalité.

Ce défi peut être surmonté en redéfinissant le rôle de l’IA dans l’éducation, sa place en quelque sorte. Plutôt que de la voir comme un simple outil de productivité ou une menace pour les systèmes d’évaluation, l’IA peut devenir un partenaire dans le processus d’apprentissage. Certains professeurs ont commencé à explorer des méthodes dans lesquelles l’IA sert à stimuler la réflexion plutôt qu’à remplacer l’effort. L'intégration de prompts d’IA bien conçus, par exemple, permet d'engager les étudiants dans des exercices qui révèlent leurs lacunes tout en les incitant à développer une pensée critique.

L’IA dans l'éducation n’est donc pas une menace à éviter, mais une opportunité à exploiter, c'est en tout cas mon avis. En tant qu’outil d’enseignement assisté, elle peut rendre l’apprentissage plus personnalisé, plus interactif et surtout plus accessible. Mais pour cela, les méthodes d’évaluation et les objectifs pédagogiques doivent évoluer. La question n'est plus de savoir si l’IA va transformer l’éducation, mais comment nous allons faire en sorte qu’elle améliore réellement l’expérience d’apprentissage.

L'IA générative dans l'éducation, en l'occurrence dans l'Éducation Nationale en France, doit être un sujet posé sur la table du futur gouvernement et rapidement.

Il est urgent, à mon avis, de réfléchir à la meilleure façon d'intégrer ces outils dans les pédagogies.

Il y a aussi, je le crois fermement, un réel besoin d'éduquer les plus jeunes à l'utilisation de ces technologies. Il faut les accompagner pour qu'ils ne deviennent pas une génération de décérébrés. Leur apprendre les bonnes pratiques : prendre de la hauteur, vérifier les sources, garder le regard critique…

Une nouvelle matière ? Une matière transverse ?

Impatient d'avoir votre avis sur le sujet.

Pour aller plus loin : L'apocalypse des devoirs (en anglais)