

La lune rouge
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La lune rouge
Photo de couverture: Cédric Lafleur
La louve grise hurle au ciel, mais la lune n’est ni pleine, ni nouvelle.
— Qu’est-ce qu’il y a ? Ce n’est pas le moment d’hurler… demande son louveteau, qui ne comprend pas pourquoi sa mère, toute-puissante, est en agonie.
— Je souffre, mon fils. La lune rouge est là, et ça me fait mal.
La louve ferme les yeux un instant.
Elle aimerait tant pouvoir s’affaler là, jusqu’à ce que ça passe.
Ses entrailles se contractent. Son ventre se fait sentir à chaque instant. Elle sent le sang courir lentement dans ses veines, chaque membre affaibli par l’intensité de la révolution qui se produit en elle. Une vibration forte, un chamboulement, comme si elle avait abusé de fruits tournés à l’alcool.
Mais toutes ces tâches à accomplir l’appellent. Trouver de la nourriture pour sa famille, faire en sorte que la paix règne dans la tanière, chercher un abri en ce temps de tempête.
Les loups ne comprennent pas. Les louves disent que c’est comme ça depuis la nuit des temps, et que rien ne sert d’être faible. Il faut faire avec.
Mais la Louve a mal.
Elle est fatiguée.
Le Sage de la meute, loup lui aussi, n’a pas de réponse pour elle.
— Tu dois accepter ta nature. Médite et continue. Ta faiblesse ne te mènera nulle part, dit le Sage.
— Oui, vénérable. Mais je ne peux éviter de sentir cette fatigue qui ne me laisse pas continuer.
— Cela ne peut pas être si grave… Les blessures de guerre sont bien plus douloureuses. La douleur des muscles après une longue journée de chasse est plus intense !
— Je ne sais pas, dit la Louve. Je ne suis jamais allée à la guerre. Je connais seulement la douleur que je ressens, et que je dois taire à chaque lune rouge.
Même le Sage n’a pas de compréhension.
Ni le Grand Chef.
— Je ne peux pas faire exception pour vous, ma Louve. Si je permettais le repos à toutes celles qui ont la lune rouge, notre meute serait en position de faiblesse. Tu dois faire comme tes Ancêtres avant toi : souffrir en silence.
D’autres louves, avant elle, ont essayé de changer leur sort. Elles ont créé des cercles de louves rouges.
Mais elle ne se sent pas de leur rendre hommage. Ni d’en faire un grand événement.
Elle souhaite seulement être seule, sans rien faire. Ne pas ressentir cette culpabilité qui la ronge de l’intérieur.
Elle ne veut pas de reconnaissance spéciale.
La Louve se couche. Les étoiles font enfin leur apparition.
Ses petits dorment déjà, et elle peut enfin vivre sa douleur, sa fatigue.
« Plus que quelques heures. Demain, ça ira mieux. » se console la solitaire.
« Pourtant, j’aimerais tant juste être, sans rien forcer, sans rien paraître. Être. Est-ce si insupportable pour les autres ? Être. Laissez moi être. Être. Je voudrais, moi aussi, me laisser être. »
La Louve respire et se connecte à son antre.
Elle caresse son intérieur avec son esprit.
« Je t’aime, » lui chuchote-t-elle. « Je te demande pardon. »
Son ventre commence déjà à se sentir mieux.

