Panodyssey ; Surf Xi lit les commentaires attachés à la publication quelques pensées, dans la Creative Room un peu plus loin  ;

Surf Xi

- Bon sang, c'est sacrément bien envoyé... Quelle concision ; quelle clarté ! 

Il me faudrait des jours, des semaines, si j'y arrive jamais...

une petite voix

- Là n'est pas la question.

C'est ta conclusion ou pas ?

Surf Xi

relit à voix haute

- ... imposées à une écrasante majorité de l'humanité lui interdisent toute pensée réflexive...

à la petite voix

- Oui, ça ressemble à ce que je ressens, intuitivement...

En beaucoup plus clair. 

la petite voix

- Et donc ?

Surf Xi

- Donc, à ce stade, je pourrais au mieux en faire une hypothèse de départ ;

la-petite-voix

- Quel stade ? Hypothèse de quel départ ?

Surf Xi

- À ce stade de ma réflexion qui n'a pas encore vraiment commencé sur ce sujet ; hypothèse de départ pour y réfléchir.

Trop tôt pour conclure : I am new here...

la-petite-voix

l'interrompt

- Trop tôt ?

Surf Xi

- Il faudrait d'abord que je teste mon intuition ; voir si j'arrive à me convaincre que c'est ce que je pense.

Pour cela il faudrait déjà que j'arrive à reformuler l'idée avec mes mots à moi ; au moins en partie.

la-petite-voix

- Quels mots à toi ?

Surf Xi

- Par exemple il faudrait que j'écrive 'imposées, à dessein ou non' ; 

parce que, si je ressens bien ces conditions de vies comme un exercice imposé, je ne pense pas qu'elles soient imposées par quelqu'un en particulier. 

la-petite-voix

- Personne n'a dit ça !

Surf Xi

- Je sais ; mais j'aurais besoin de le préciser ; pour moi ; parce que ça me poserait problème, à moi-même, de ne pas le préciser.

la-petite-voix

- Mais tu es d'accord ou pas ? 

Surf Xi

- Laisse-moi le temps de t'expliquer...

Je suis convaincu que, par exemple, les conditions de vie des êtres humains dépendent, pour une majorité de la population mondiale, de choix et d'injonctions faites sous la surveillance d'un petit nombre de personnalités plus éminentes servies par des armées de zélés collaborateurs [comme je l'aime pas, ce mot !] ;  via des lois, des règles, des décisions qui m'échappent en grande partie et avec lesquelles, la plupart du temps, je ne sais même pas si je suis d'accord, parce que je les connais pas forcément ; ou mal. 

Maintenant j'observe que les conditions de mon existence à moi dépendent aussi de choix personnels qui sont également sources d'aliénations ; par exemple quand je décide de travailler à mon compte...

Raison pour laquelle j'ai besoin de préciser ce que j'entends par 'conditions de vie imposées'

la-petite-voix

- Le commentaire ne dit pas qu'il s'agit uniquement de conditions imposées par d'autres.

Surf Xi

- C'est vrai ; et moi j'ai besoin de préciser comment sont imposées ces conditions ; j'en ai besoin pour moi ; pour me mettre d'accord avec moi-même. 

Je m'arrête également un instant sur 'lui interdisent toute pensée réflexive'.

D'un côté je confirme que les conditions d'une vie active urbaine dans un pays riche m'ont empêché pendant un certain nombre d'années d'exercer ma pensée réflexive ; donc l'ont interdite. 

Même si une telle interdiction n'était probablement explicitement énoncée dans aucun texte ni aucun discours, dans les faits, quand je me suis laissé totalement happer par la machine-travail-à-laver-les-cerveaux, je n'ai matériellement plus eu la possibilité d'exercer ma pensée réflexive. Ces conditions de vie-et-non-vie l'ont interdite.

En passant, ce type d'interdiction me guette encore, maintenant que je travaille en indépendant. Car c'est aussi le résultat d'une multitude de règles systémiques qui, bien qu'elles ne semblent pas directement viser l'objectif de me priver de mes réflexions, n'en sont pas moins des catalyseurs redoutables. 

Je pense notamment à l'ensemble des règles qui exigent des dirigeants d'entreprises qu'ils cherchent à maximiser les profits de leurs actionnaires ; cette maximisation est un puits sans fond susceptible d'engloutir les temps de cerveaux disponibles de toutes les personnes qui de près ou de loin, ont affaire à ces entreprises.

la-petite-voix

- et donc ?

Surf Xi

- Tout ça pour dire que si je suis intuitivement d'accord avec ce qu'exprime le commentaire, j'ai besoin d'en préciser certains aspects, en les exprimant à ma manière, avant de savoir ce que je réponds.

Les conditions de vie qui interdisent toute pensée réflexive sont-elles imposées [à dessein ou non] à une écrasante majorité de l'humanité ? 

Comme c'est ce que je ressens pour moi, j'ai tendance à croire que ça doit être la même chose pour de nombreuses autres personnes ; mais comme la plupart d'entre elles n'en parlent pas, j'ai quand même un doute... 

Que penser de toutes celles qui semblent se satisfaire de la situation ? Comment savoir où se trouve l'écrasante majorité, sachant que je me sens moi-même à la fois encore un pied dans le piège et tellement loin de l'écrasante majorité ?

Il me faudra un peu de temps pour rassembler les éléments et la logique susceptibles d'en faire une démonstration satisfaisante au moins pour moi-même ; sachant que si je n'essaie pas de le faire, j'aurai en permanence en tâche de fond, une petite voix qui me dira...

la-petite-voix

l'interrompt

- Mais de nombreuses personnes que tu connais personnellement ne semblent-elles pas penser que les conditions de leur vie n'interdisent pas leur pensée réflexive ; ni même celle des autres ?  Ne semblent-elles pas penser sincèrement, au contraire, que l'humanité ne s'est globalement jamais aussi bien portée ; n'a jamais été aussi libre de penser et vivre à sa guise ?

Surf Xi

- Je ne te le fais pas dire.

la-petite-voix

troublée par cette réplique qui lui a totalement échappé

- Excuse-moi, je ne sais pas ce qui m'a pris ; c'est sorti tout seul ; je ne le pensais pas vraiment !

Surf Xi

- Non c'est de ma faute, sorry! ;  je n'ai pas pu m'en empêcher ; c'est potache...

Allez, je continue :  'et la forcent au contraire à rentrer dans un moule préétabli [...] qui rend son action plus efficace... '.

Oui, je m'en suis bien rendu compte qu'entrer dans le moule de la vitesse, l'innovation, l'accélération, m'avait rendu efficace, performant, arrogant ;  et a fini par me dépouiller [d'une partie] de mes qualités proprement humaines !

C'est bien dit ; ça fait mal.

J'ai vu aussi ceux qui acceptaient de laisser leur âme à l'entrée, chaque matin en arrivant au travail, pour pouvoir faire ce qu'on leur demandait de faire.

Parmi eux, il y a ceux qui un soir ont dû oublier de la reprendre en sortant, leur âme ; je les ai vus errer de promotion en promotion, de poste en poste, comme des robots, des zombies, des esclaves de leurs petits pouvoirs mesquins.

Et il y a tous les autres ; certainement ; que je ne connais pas ; complètement déshumanisés, esclaves, avec et sans âme. 

C'est une hypothèse qu'il me semble difficile de ne pas prendre au sérieux.

Une hypothèse de travail qui m'emmène encore un peu plus loin.