1. Sucre, Mon Amour !
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1. Sucre, Mon Amour !
Ma Vie Sans Sucres Ajoutés - Chronique d’une renaissance psychique et physique
Je dédie cette série d’articles à Marjorie Servaux qui a été et demeure l'inspiratrice de grands changements dans ma vie. Et surtout une amie précieuse.
Imagine que ta main ne comporte que trois doigts. Et un jour, la vie te fait cadeau des autres. Maintenant, tu as une idée de ce que j’ai pu ressentir grâce à l’action conjuguée de mon récent parcours thérapeutique et de certains changements dans ma vie. C'est ce que j'ai envie de partager avec toi au travers de cette série d'articles.
Une Affaire d'Inspiration
Quel est donc ce fameux parcours qui a fait de moi un homme nouveau ? Il incluait neurothérapie, médecine chinoise, moxipuncture et un peu d’ostéopathie. Une reprise en main de mon alimentation a complété le travail. L’un n’allait pas sans l’autre. En effet, à quoi bon m’investir dans un programme visant à réparer mon esprit et mon corps, si c’était pour en négliger un facteur primordial ?
D'ailleurs, on retrouve ce principe dans le serment d’Hyppocrate : “Je ferai servir suivant mon pouvoir et mon discernement le régime diététique au soulagement des malades.” (Traduction de Charles Daremberg en 1843)
Non l’alimentation ne fait pas tout, mais elle fait beaucoup. Bien sûr, j’ai pu m’appuyer sur l’accompagnement de ma praticienne préférée. Elle m’a présenté les principes nutritionnels connus en médecine chinoise. Elle m’a aussi fait découvrir l’hygiénisme et le crudivorisme revu et corrigé à travers Thierry Casasnovas, alias “Monsieur Jus”, Gilles Lartigot (Eat) et Dominique Guyaux (Quand je serai seul avec la mer). Inutile d’être d’accord avec toutes leurs idées pour tirer les bénéfices de ce qu’ils ont à partager sur la question alimentaire. Ce partage de leurs expériences m’a été dans l’ensemble très utile et inspirant.
A 43 ans, j'ai appris à écouter ce que mon corps voulait me dire à travers tous ses symptômes qui devenaient peu à peu toujours plus handicapants. Que je pensais sans issue. Que j'alimentais sans le savoir. Avec la morphine comme seule béquille, dérisoire pansement sur une jambe de bois. Au bout d'une longue errance, j'ai pu dire adieux à mes violentes migraines, à mes crampes non moins violentes, à un stress ravageur, à mes angoisses, à mes crises de colère, à mon hypersensibilité à la lumière et au son. J'ai pu retrouver l'usage de mes doigts, cesser de voir mes facultés mentales se détériorer... J'ai aussi retrouvé une masse corporelle plus naturelle. En partie parce que manger mieux, c'est aussi manger moins.
C’est pourquoi, j’ai tenu à partager ma propre expérience, avec le style et les mots qui sont les miens dans l’espoir qu’ils t’inspirent à ton tour. Sans défendre un régime alimentaire ou un mode de traitement en particulier. Mais n’oublie pas au cours de ta lecture que je ne suis pas encore au bout du chemin. D’ailleurs qui peut raisonnablement s’affirmer au bout du chemin ?
Sucre, Mon Amour !
Le premier café du matin rime avec le premier sucre du matin pour toi ? Ta journée est-elle rythmée par les plaisirs sucrés, jusqu’à la dernière cuillère de miel dans le thé du soir ?Alors nous nous ressemblons beaucoup. Ou plutôt, nous nous ressemblions beaucoup. De longues années durant, j’ai voué un amour immodéré au sucre.
Les confitures sont mon péché mignon. Mais pas les produits médiocres qui envahissent les rayons des supermarchés. Je te parle ici de confitures maison ou de confitures artisanales, préparées avec soin à partir d’ingrédients de qualité, de fruits gorgés de soleil qui libèrent tous leurs arômes dès l’ouverture du pot. Je résiste difficilement à la mirabelle ou à la myrtille. J’aime me laisser surprendre par un mélange inédit comme rhubarbe-coquelicot. Des confitures que tu étales voluptueusement sur une tranche de bon pain au levain ou sur des crêpes maison, bien cuites. Et qui te laissent des souvenirs mémorables.
Peut-être préfères-tu les fruits à leur état naturel ? Quel plaisir de mordre dans un abricot mûri à point sur l’arbre, dégoulinant de jus sucré ! Tu sais, ces petits abricots du Roussillon…
Ces fruits cueillis à maturité, je les aime aussi en tartes. Je garde notamment le souvenir mémorable d’une merveilleuse tarte aux pommes accompagnée d’un Sainte-Croix-du-Mont vieilli une vingtaine d’années derrière les fagots. Littéralement, bien sûr. Rien n’égale une tarte aux fruits maison préparée avec juste les bons ingrédients. A part peut-être les beignets ! On mélange les fruits à la pâte. On verse une louche dans la poêle en fonte où crépite l’huile…
Et que dire du miel ? Tu sais ce petit miel acheté directement chez un apiculteur amoureux de son métier. Un super aliment, le miel, plein de qualités appréciables et d’une richesse nutritive incroyable. La petite cuillère de miel du matin est un moment merveilleux. Il peut agrémenter tellement de recettes aussi, même accompagner des viandes. Un peu de miel blanc de Bourgogne sur ces côtes de porc fera très bien l’affaire. En plus, il y a tellement de sortes de miels à découvrir, offrants toutes des bienfaits qui leur sont plus ou moins propres : bourdaine, bruyère, trèfle, châtaignier, thym…
A ces apports en sucre, s’ajoutent ceux de ce plat de carottes, de ces patates cuites lentement à l’étouffée dans une marmite en fonte et dont l’amidon amalgamé à un peu d’eau aura délicieusement grillé au fond. S’ajoute le sucre de ces pâtes en sauce, de cette pinte de bière rafraîchissante, de ces quelques verres de vin… Et ce Cognac hors-d’âge qui nous fait de l’œil, n’accompagnerait-il pas à merveille un Montecristo sur la terrasse ou sous le patio après le dessert ?
Une passion pour le sucre partagée par des petits locataires qui parfois se sentent à l’étroit dans ton système digestif et te poussent à en consommer toujours plus pour servir leurs plans de conquête. J’ai nommé les candidas albicans. Nous reparlerons de ces petites canailles.
A vrai dire, nous sommes naturellement attirés vers le sucre, tout comme le gras. Quand à l’association des deux, elle nous ouvre carrément les portes du bonheur tandis que notre cerveau libère de la dopamine dans nos petits corps potelés.
Selon Dominique Guyaux, notre cerveau est adapté à la présentation naturelle des aliments. Or dans la nature, gras et sucre sont des opportunités occasionnelles, de faible disponibilité ou de disponibilité saisonnière. Alors nous sommes naturellement conditionnés à en consommer le plus possible quand l'opportunité se présente. Sauf que dans le monde actuel, l'opportunité est constante. Bon sang, ça me paraît tellement évident maintenant... Opportunité constante mais rarement de qualité, voire à l'insu de notre plein gré ; comme nous le verrons ensemble dans les parties suivantes intitulées "L'Enfer des Sucres Ajoutés" et "La Ronde des Additifs", avant d'aller gambader ensemble vers de plus vertes prairies.
Mais même avec une alimentation que l’on pense être de qualité, il est facile de consommer trop de sucre pour peu qu’on soit comme moi, un gourmand impénitent ou qu’on n’y prête pas attention. Ou les deux. Et cet apport massif de sucre ne manquera pas d’avoir des effets pervers : stockage important sous forme de graisses, proliférations fongiques, perturbations métaboliques en cascade, hypertension, diabète.
Pour ma part, j’ai échappé à l’hypertension et au diabète. Quand au reste… Diminuer fortement ma consommation de sucres (l’emploi du pluriel n’est pas anodin) a été le premier levier d’une transition alimentaire extrêmement bénéfique, sans privation du plaisir.
Retour à une masse corporelle plus naturelle : Où est passé tout ce sucre bien stocké ?
Photo de couverture : Lucinda Hershberger on Unsplash
Photos dans le texte : Jonathan Pielmayer on Unsplash
Photos avant/après : Grégory Node & Kaddour Bahi