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Monet de sa pièce

Monet de sa pièce

Publicado el 18, feb, 2025 Actualizado 18, feb, 2025 Romance
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Monet de sa pièce

Une nouvelle écrite en 2018, donc, sans me prendre prendre pour Jules Verne, avec plus d'anticipation qu'il n'y paraît...

Illustrée par une image créée grâce à l'IA de Canva



Romain se souviendrait longtemps de ce congrès parisien sur l’intelligence artificielle, organisé par E-Tech, la firme qui l’emploie. Point tant des conférences, pourtant passionnantes, que de la fameuse visite au Musée d’Orsay, planifiée le dernier jour pour séduire les participants étrangers, en particulier les Américains, toujours friands de peinture impressionniste. Max, son patron, avait confié à Nadia, la spécialiste de la robotique modulaire, de réserver les places et d’animer la visite. Ēnervante, cette Nadia, avec ses cheveux bruns au carré, façon Coco Chanel (« sooo French »), son maquillage impeccable, ses petites robes sexy et son cerveau hors norme, qui semblait tout engloutir, des programmes les plus complexes à l’intégralité de la collection du Louvre, avec un commentaire sur chaque artiste. Avec un sens de la répartie qui crucifiait sur place tout auteur d’une velléité de blague sexiste. Lui, elle l’ignorait, le petit geek du service de l’apprentissage automatique, qui jonglait avec les lignes de code, mais qui, depuis son enfance, n’avait guère sorti la tête de ses écrans. Un petit jogging au Luxembourg, ou un restaurant entre amis, à la rigueur. Et toujours habillé comme l’as de pique, avec un vieux jean éculé et un sweat-shirt informe.


De toute façon, elle l’avait ennuyé d’avance, cette interminable succession de vieilles croûtes à admirer. Mais impossible d’y couper, le big boss y tenait. Soigner les relations, conquérir de nouveaux marchés passait apparemment par cette corvée. Il avait sorti sa plus belle chemise, son pantalon le plus neuf et avait suivi le troupeau qui s’extasiait à grand renfort d’ « Amazing ! » La pin-up glissait d’une œuvre à l’autre avec une grâce de gazelle, en commentant chacune de façon vivante et ludique, dans un anglais d’Oxford. (Lui, baragouinait l’anglais technique avec un accent des bords de Seine.) Le patron était aux anges, les invités aussi. On se demandait d’ailleurs ce qui les émerveillait le plus : les touches de couleur de Monet ou les courbes de la belle ingénieure.

Tout à coup, en plein milieu d’un silence religieux et contemplatif, il fut pris d’un accès de fièvre et s’exclama : « Oui, enfin bon, c’est bien gentil tout cela, mais Deep Dream crée déjà des œuvres très originales ! Bientôt ce sont les robots qui exposeront ici, et qu’est-ce qu’on fera comme commentaire sur leurs intentions et leurs états d’âme ? »

Toutes les têtes se tournèrent vers lui avec étonnement. Nadia s’empressa de traduire ses propos en anglais, et de répondre, toujours dans la langue de Shakespeare, le regard glacial et le ton sec, « qu’on ne pouvait tout de même pas assimiler de jolies compositions issues de milliers d’œuvres ingurgitées par une machine avec le génie créatif d’un auteur humain ». L’aréopage conquis d’avance manifesta son approbation. Il s’ensuivit une discussion animée entre les Français, Chinois, Américains, Japonais…

« Bravo, joli morceau de bravoure !, ricana Max en lui lançant un coup de coude dans les côtes, on peut dire que tu as mis de l’ambiance ! Et il ajouta avec un petit air satisfait : « Très bon, tout cela, très bon ! Cela tisse des liens… »

Romain, lui se sentait juste humilié. Il détestait cette Nadia qui avait tant de charisme, réponse à tout et qui le méprisait. Son esprit recherchait déjà activement une manière de se venger de cet affront.


Ce fut quelques heures plus tard, pendant le dîner de gala, entre le plateau de fromages et l’omelette norvégienne, tandis qu’il regardait vaguement le pendant d’oreille doré qui se balançait contre la joue de la belle, que l’idée lui vint : il créerait grâce l’IA une fausse œuvre inédite de Monet, qu’il lui présenterait comme une vraie. On verrait bien si la grande spécialiste détecterait la supercherie…

Durant les mois qui suivirent, Romain s’attela à la tâche avec ardeur, restant parfois jusque tard dans la nuit dans son bureau pour profiter des capacités de calcul des ordinateurs de l’entreprise. À ses collègues qui s’étonnaient parfois de ses horaires élastiques, il répliquait qu’il préparait un projet inédit top secret, ce qui lui valait quelques jalousies. Espérait-il ainsi briguer de plus hautes fonctions ?


Pour apprendre à son programme à jouer les faussaires, l’ingénieur rancunier fut bien obligé, malgré lui, de s’intéresser à l’art et à Monet en particulier. Il dû s’avouer qu’il était parfois séduit. « C’est quand même pas mal », songeait-il devant une reproduction des « coquelicots » ou de « Saint-Georges Majeur au crépuscule ». Cependant, il relativisait en général aussitôt par un : « Mais à Montmartre on croise tous les jours quelques types capables d’en faire autant. »

Modéliser l’épaisseur et les touches de peinture fut la partie la plus complexe. Il crut même qu’il allait abandonner, tant ses efforts dans ce domaine s’avérèrent tout d’abord infructueux. Puis il se souvint du petit Américain roux et boutonneux, le seul qui lui ait adressé un sourire de connivence lors de sa fameuse intervention au musée, et qui travaillait chez le célèbre moteur de recherche… Comment s’appelait-il déjà ? Une simple visite dans le fichier trombinoscope des présents au congrès, un bon dictionnaire français-anglais, et le tour fut joué. Greg, le petit surdoué d’outre-Atlantique trouvait le défi passionnant et la « joke » très amusante. Un échange de mails régulier le fit progresser très vite, et quelques semaines plus tard il était prêt à passer à l’impression. Mais où trouver une imprimante 3D pouvant déposer de la peinture à l’huile ? Encore une fois, ce fut Greg qui connaissait la bonne adresse. Le problème était qu’elle se situait dans l’état de Washington ! Un peu chère la « joke » ! Il hésitait à envoyer le fichier à Greg. Si tant d’heures de cogitation allaient être détournées ? Oh ! Et puis après tout, il lui restait deux semaines de vacances à prendre et il ne connaissait pas l’Ouest américain.


Quand il annonça son voyage quelques jours plus tard à la cantine, les collègues le questionnèrent : « ça y est, tu vas travailler avec Bill ? ». « Qui sait ? », répondit-il d’un air mystérieux. Nadia, assise à la table d’à côté, leva un œil noisette curieux. Il feignit de l’ignorer.

Un mois plus tard, il revint des États-Unis avec la précieuse toile, placée entre des épaisseurs de vêtements, et emballée soigneusement dans plusieurs couches de papier de soie et de papier bulle. Greg avait été ébloui par le résultat, et Romain très fier de son travail. L’ingénieur américain avait pris quelques jours de vacances pour jouer les guides touristiques et le français, d’ordinaire assez peu sociable, s’était découvert un ami. Il lui avait promis de raconter le déroulement et les conséquences de la supercherie.


Quelques mois plus tôt, lorsqu’il ourdissait son plan, il était allé rendre visite à ses grands-parents et avait fouillé le grenier à la recherche du cadre idéal pour son tableau. Il avait déniché une vieille peinture assombrie par le temps, entourée d’un cadre poussiéreux et vermoulu à souhait. « Quel âge lui donneriez-vous ? », avait-il interrogé ses grands-parents. « Oh…, avait estimé son grand-père, cela doit bien dater du XIXe siècle, voire avant, car je le tiens de ma grand-mère, qui elle-même le tenait d’un de ses aïeux. » « Parfait, avait répondu Romain, puis-je vous l’emprunter ? À vrai dire, c’est plutôt le cadre qui m’intéresse.» « Tu peux même le garder, avait proposé Pépé Anselme, il est trop sombre et trop triste, il ne nous plaît pas trop. » Après avoir pris les dimensions exactes du châssis, il avait défini en fonction les dimensions de l’œuvre numérique.


De retour chez lui, sans même prendre le temps de se reposer du décalage horaire, il paracheva son ouvrage de faussaire : tendre la toile sur le cadre (pas si facile), quelques petits coups de chaud et froid pour les craquelures, enduire d’un peu de suie et de poussière pour le vieillir… Quand il eut terminé, il le posa debout sur son bureau et recula son fauteuil pour l’admirer. Il le trouva très réussi : il paraissait vraiment d’époque ce petit paysage bucolique, avec la rivière, les collines et le village en arrière-plan, ce couple sur le chemin. Une jeune femme en robe claire s’appuyait tendrement sur le bras d’un homme en costume noir. Quelques cheveux bruns s’échappaient du chapeau de la demoiselle… Il se demanda comment l’ordinateur avait pu créer tous ces détails furieusement romantiques. Puis, tout à coup, il lui sembla que ces deux personnages ressemblaient étrangement à Nadia et lui … « Ridicule », eut-il encore le temps de penser avant de s’endormir, épuisé.

Il choisit le briefing hebdomadaire du lundi, en présence du patron et de tous les ingénieurs, pour porter l’estocade. Il attendit que Max signifiât la fin de la réunion pour ouvrir sa sacoche, en sortir le tableau, s’approcher de Nadia d’un air timide et lui demander, d’une voix un peu forte, afin d’être entendu de tous : « Je voulais te demander, toi qui t’y connais en peinture… J’ai trouvé ce tableau dans le grenier de mes grands-parents, et mon grand-père affirme qu’il est du XIXe siècle. Ce pourrait bien être l’œuvre d’un impressionniste, qu’en penses-tu ? » Il écarta avec soin le papier bulle pour découvrir la toile. Nadia, trop flattée pour être soupçonneuse, y jeta un œil attentif. « Oui, confirma-t-elle après quelques minutes d’analyse, pendant lesquelles presque tous les participants à la réunion, curieux, s’étaient approchés. S’il date vraiment du XIXe siècle, ce qui me paraît très probable, il a bien été peint par un impressionniste. Il est un peu défraîchi, et on ne voit pas bien la signature, là, dans la partie sombre. » (Ēvidemment, Romain, qui l’avait lui-même tracée au pinceau, s’était bien gardé de la rendre très visible, de peur qu’elle ne le trahisse) La jeune femme, tout émoustillée par cette découverte, regarda de plus près le paraphe. Puis, tout à coup, solennelle, elle se tourna vers son collègue : « Sauf si tes grands-parents tiennent absolument à le garder – mais ce serait dans un bon coffre-fort - , tu peux leur annoncer qu’ils sont riches, car ce tableau m’a tout l’air d’être un Monet inédit, de 1875, si je lis bien. »


Un brouhaha envahit aussitôt la salle de réunion. « Attention à ne pas te faire agresser en sortant de la boîte ! », plaisanta Max. Tous voulaient observer le chef-d’œuvre de près. Romain les laissa s’agiter pendant quelque temps encore. Puis, très calme, mais triomphal, il mit le cadre sous son bras et déclara : « Ne nous emballons pas ! Je serais ravi aussi pour Pépé Anselme (et pour tous ses héritiers) que cette toile soit un Monet, mais malheureusement… je vais vous présenter l’auteur de cette création. »

Il emmena son patron et ses collègues, qui commençaient à se douter de la chute de cet événement, dans son bureau, et, désignant son ordinateur : « Voici l’artiste qui a conçu cette œuvre, avec l’aide du centre de calcul. »

Nouveau brouhaha, cette fois-ci moqueur, fustigeant la sagacité de la belle Nadia, trop parfaite pour ne pas faire d’envieux, ravis de cette occasion de se défouler. Elle, surprise et décontenancée, ne retrouvait pas sa répartie habituelle, semblait un peu perdue, au bord des larmes. Elle finit par se reprendre et rétorqua : « Ce fabuleux créateur n’aurait pas pu produire cette œuvre sans les centaines de peintures de Monet qu’il a dû mémoriser. » Et elle quitta la pièce dans un claquement de talons pour aller s’enfermer dans son bureau.


« Romain, dit son patron en lui tapotant sur l’épaule, si tu n’étais pas si brillant j’aurais bien envie de te faire une retenue sur salaire pour utiliser les moyens d’E-Tech à monter tes petites plaisanteries. Mais ton exploit m’ouvre de nouvelles perspectives. » Romain s’excusa de sa légèreté et jura qu’il avait toujours agi en dehors de ses heures de travail. Un cercle de chercheurs curieux l’entoura et le cribla de questions sur sa méthode. En quelques minutes l’ingénieur, doué mais un peu fade, était devenu la star de l’entreprise, détrônant Nadia.


Romain la retrouva dans l’ascenseur, en quittant le travail. Elle détournait la tête, et un rideau de cheveux bruns ondulés masquait son visage. Pourquoi la victoire avait-elle tout à coup un goût amer ?

Il la rattrapa dans le hall. « Nadia, attends, l’interpella-t-il, avant de la rejoindre à grandes enjambées. Est-ce qu’au moins tu le trouves beau mon tableau ? » Elle le regarda un instant, scrutatrice, afin de juger s’il se moquait d’elle de nouveau. Non, il avait perdu sa morgue et ressemblait plutôt à un petit garçon gêné. Mais méfiance… « Tu veux dire celui de Wall-E ? », rétorqua-t-elle avec un sourire ironique. « Oui, c’est cela », répondit-il en riant. « Oui, plutôt joli pour un faux », concéda-t-elle. « Alors, je te le donne, mais à une seule condition : que tu acceptes une invitation au restaurant », proposa-t-il d’un trait, effrayé de sa propre audace et s’attendant au mieux à un camouflet, au pire à une gifle. Elle le regarda, stupéfaite, comme si elle le voyait réellement pour la première fois. Dans le fond, il était plutôt joli ce Romain, comme son tableau, malgré son air lunaire. « Pourquoi pas ? », répondit-elle.


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