Chapitre 4
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Chapitre 4
Emund ouvrit la porte de sa chambre d’hôtel, son sac à dos sur l’épaule. Il eut à peine le temps de le poser au pied de son lit qu’il sentit quelqu’un se jeter sur lui. Deux bras entourèrent ses épaules et un poids s’accrocha à lui. Il sentit un corps se presser contre le sien et un souffle caresser sa nuque.
— Sander, tu ne vas pas dans ta chambre ? demanda le jeune homme en tournant la tête vers le sourire éclatant de sa petite amie.
— Si je ne te connaissais pas, je dirais que tu as envie que je parte, s’amusa la brune en le prenant par la main pour l’entrainer sur son lit.
Elle le poussa gentiment sur le matelas, et lassé, Emund se laissa tomber dessus. Il était fatigué par le réveil tôt le matin et le trajet en avion. Il ne rêvait que de dormir. Mais encore une fois, sa copine ne partageait pas son avis… Elle s’allongea sur lui et déposa un baiser fougueux sur ses lèvres.
Mais elle fut immédiatement stoppée dans son élan lorsque quelqu’un frappa à la porte. Sander se redressa légèrement et posa un index sur la bouche du snowboardeur pour lui faire signe de ne pas faire de bruit.
Cependant, la personne qui attendait ne sembla pas partir, car elle frappa à nouveau et une voix féminine se fit entendre.
— Sander, je sais que tu es là, lança-t-elle avec exaspération. Sors de là, il faut qu’on parle toutes les deux.
— Nan mais je suis occupée là, soupira Sander en levant les yeux au ciel. Laisse-moi profiter !
— Sander, tu auras du temps pour ça plus tard ! s’impatienta sa coach avec fermeté. Viens et dépêche-toi !
— Ça va, ça va, j’arrive ! s’énerva l’athlète en se levant du matelas.
Elle souffla en ouvrant la porte de la chambre et la tête rousse d’une femme d’une quarantaine d’années apparut.
— Désolée, Emund, s’excusa-t-elle avec sincérité. Vous aurez du temps pour vous plus tard.
— Ce n’est rien, la rassura le snowboardeur avec un discret sourire.
— Comment ça « ce n’est rien » ? se vexa Sander en se tournant vers lui, les yeux étincelants.
— On y va, soupira la coach en attrapant son poignet pour la tirer dehors. Bonne journée, Emund !
— Bonne journée ! répondit naturellement le jeune homme.
La porte se referma derrière sa petite amie boudeuse. Il se laissa retomber sur le matelas. Il savait qu’il l’avait probablement blessée, et au plus profond de lui-même, il n’en avait vraiment rien à faire.
Après trois ans de relation, au début passionnelle et forte, il avait vu son amour s’effriter. La jalousie de Sander, ses crises de nerfs lorsqu’il ne lui donnait pas cent pour cent de son attention, tout cela avait lentement étouffé la flamme qui les animait auparavant.
De plus, quelque chose le troublait : son contact visuel dans l’aéroport. Il savait très bien qui était cette autre personne, du moins il connaissait sa réputation. Il l’avait déjà croisé quelquefois pour des interviews des champions aux compétitions.
Cependant, cette fois, dans les deux yeux vert clair du patineur, il avait vu autre chose que la fierté ou la joie. Il avait perçu une fatigue et une tristesse inhabituelle. Quelque chose, à cet instant précis, l’avait captivé. Pendant quelques instants, il avait cru voir autre chose que le visage d’une star, juste le visage d’un jeune homme épuisé.
Il était un peu tôt pour s’emballer, mais quelque chose l’attirait chez ce garçon. Mais ce n’était pas sa popularité ou son physique, mais plutôt les petits secrets qu’il semblait cacher sous ce nom d’« étoile de feu ».
Emund sentit son téléphone vibrer dans sa poche et le récupéra pour consulter la notification qu’il avait reçue. C’était un message de son coach.
« Prends ta matinée pour te détendre, on verra pour l’entrainement en soirée ! Amuse-toi un peu ! »
À environ quatre kilomètres de l’hôtel se trouvait la patinoire Jordal Amfi. C’était là que le coach de Kenshin l’avait traîné de force dès huit heures du matin. Lui qui avait eu le naïf espoir de pouvoir se reposer ne serait-ce qu’une demi-journée, il était vite revenu sur terre.
Pourtant, il adorait patiner, c’était sa vie et sa passion, mais il aurait préféré ne pas devoir endurer la pression qui allait avec.
Assis sur un banc, il resserra les lacets de ses patins en serrant la mâchoire. Son coach arriva dans le couloir, impatient, et passa la tête dans le vestiaire.
— C’est pour aujourd’hui ou pour demain ? s’énerva-t-il. Active un peu !
— J’ai presque fini, soupira le blond d’un air lassé.
— Je vais me chercher un truc à boire, tu as intérêt à être sur la glace et échauffé avant mon retour !
Immédiatement, Kenshin accéléra la cadence. Non pas que la menace de cet homme ridicule lui faisait peur, mais s’il avait enfin l’opportunité de patiner sans sa présence, il était partant !
Moins de trente secondes plus tard, il se laissait glisser sur l’immense surface gelée. Tout en commençant à exécuter quelques figures pour se préparer à la suite, il laissa son esprit vagabonder.
Pendant qu’il s’habillait dans les vestiaires, il s’était rappelé l’identité de la personne qui l’avait fixé dans l’aéroport. C’était un snowboardeur norvégien, qu’il avait croisé quelques fois. Il ne l’avait pas vu sourire une fois, toujours renfermé et presque silencieux. Pourtant, il essayait désespérément de comprendre pourquoi ce type l’avait fixé aussi intensément !
Mais définitivement, il avait capturé son attention pendant de longues secondes, et il aurait pu regarder ses yeux bleus encore longtemps.
Déconcentré par le souvenir de ces deux prunelles azur dans les siennes, Kenshin rata son saut et tomba sur le sol gelé.
— Tu te fous de moi, j’espère ! lança la voix de son coach de retour avec un café chaud. Allez, debout ! On commence !
L’Islandais ne discuta même pas et se releva rapidement. Il chassa la saleté de ses genoux d’une main gantée et prit sa place au centre de la patinoire.
L’étoile de feu ne pouvait pas échouer.
Dessin original d'Elysio Anemo
Cheshire hace 3 meses
J'ai beaucoup aimé ce chapitre, comme d'habitude ! Je trouve que tu représente vraiment bien avec Kenshin la pression qu'on met sur les athlètes de haut niveau, même si ce n'est que le début !
Elysio Anemo hace 3 meses
Eh oui, malheureusement, ce que le public voit n'est qu'une toute petite partie de la vie d'un athlètes qui n'est pas toujours facile !