L’identité sexuée de la personne handicapée : une pièce en trois actes
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L’identité sexuée de la personne handicapée : une pièce en trois actes
La question de l’identité sexuée de la personne handicapée émerge actuellement de manière parfois brutale dans le champ du handicap, un peu comme si on avait ouvert le couvercle de la cocotte-minute, car, malgré l’apparente banalisation de cette problématique, la sexualité comporte toujours un impact qui peut être explosif.
L’émergence de cette problématique correspond à l’évolution des mentalités aussi bien envers le handicap qu’à l’égard de la sexualité, avec la tendance moderne à respecter, voire revendiquer, le « droit à »… (le droit à la sexualité, le droit à la parentalité, etc.). Mais force est de constater que cette ouverture entraîne avec elle toute une série de questions nouvelles.
Comment vont s’intriquer sexe et handicap dans la construction identitaire de la personne handicapée ? Qu’en est-il de l’identification de l’enfant handicapé en tant que fille ou garçon ? Qu’en est-il du statut de la personne handicapée en tant qu’homme ou femme ? Qu’en est-il de la procréation et de la parentalité ? Cela se déroule en trois temps.
Il est indispensable d’aborder ces thèmes d’identité, d’orientation, de rôles et de stéréotypes en se
référant aux trois champs de la sexualité : biologique, social et psycho-affectif.
Une réflexion sur ces thématiques permet de souligner auprès des jeunes que les rôles sexuels sont très largement dépendants de la société, qu’ils ne sont pas « naturels », ce qui ouvre des perspectives
de discussion sur le sexisme.
Le travail sur l’orientation sexuelle permet d’aborder le thème de l’homosexualité et d’ouvrir le
débat sur l’homophobie.
Au premier acte, c’est l’effet immédiat et fulgurant de la découverte du handicap. L’annonce du diagnostic provoque chez les parents un traumatisme, une blessure narcissique, mais aussi une atteinte grave de l’identité, au point que l’on peut observer de véritables effondrements identitaires…
Identité sexuée
C’est le fait de se sentir un homme ou une femme et d’être reconnu socialement comme tel. Cette
première définition est la plus communément admise.
Cette identité n’est pas innée, elle s’élabore pendant les premières années de la vie et peut s’énoncer
au moment de l’acquisition du langage. Elle sera confirmée à l’adolescence.
Elle est le résultat d’une construction dans laquelle interviennent des facteurs biologiques, sociaux et
psychologiques.
- dans le champ biologique : elle est basée sur le sexe génétique, les caractéristiques sexuelles
corporelles de la personne. Il y a adéquation entre le sexe génétique, les organes génitaux
externes et le phénotype pour le plus grand nombre de personnes ; - dans sa dimension sociale : il s’agit du sentiment d’appartenir au sexe masculin ou féminin par
l’appropriation des normes de masculinité et de féminité socialement définies. Le terme de
genre correspond à cette dimension sociale ; il concerne les attributs de chaque sexe mais
aussi les rapports sociaux entre les sexes, la partition et la hiérarchie entre les femmes et les
hommes qui traversent toutes les cultures. - dans sa dimension psychologique : elle est du côté de l’appropriation subjective, en lien avec la
représentation et les attentes de l’entourage. Elle dépend de la façon dont l’individu adhère aux
normes sociales de féminité et de masculinité.
La construction de l’identité est personnelle, évolue au cours de la vie en fonction des échanges
entre l’individu et son environnement social, avec plus ou moins de conformité aux normes
socialement édictées.
Certaines personnes vivent une discordance, se sentant femme dans un corps masculin ou homme
dans un corps féminin. Il s’agit du transsexualisme.
Dans certains pays est reconnu un troisième sexe : individu ni homme ni femme, à la fois femme et
homme. Par exemple une loi votée en Allemagne en 2013 permet l’enregistrement sous le sexe
indéterminé des enfants intersexués (leurs organes génitaux sont difficiles à définir comme masculins
ou féminins).
Rôles sexuels
Ce sont les activités, les comportements, les fonctions socialement attribuées aux femmes et aux
hommes, avec des variations importantes selon les sociétés et leur histoire.
Dans toutes les sociétés, il y a des tâches qui sont considérées comme plus ou moins réservées à chacun des sexes. Dans la majorité des sociétés, les hommes occupent les places liées au pouvoir et organisent les lois
permettant de pérenniser cette situation.
La société aujourd’hui remet en cause ces rôles sexuels en ne les considérant plus comme immuables. Les lois sur l’égalité des sexes soulignent cette évolution, en lien avec la parentalité, le travail, le mariage.
Stéréotypes sexuels
Ils désignent les référents et les signifiants culturels attribués à chaque sexe. Ce sont des
représentations simplifiées, déformées, des idées préconçues, des croyances largement partagées qui
enferment chaque sexe en l’assujettissant à la norme.
Ils peuvent par ailleurs avoir une fonction
discriminatoire : on parlera alors de stéréotypes sexistes qui sont le plus souvent dévalorisants pour
le sexe féminin.
Les médias, la publicité, les lieux de socialisation, le domaine commercial ont tendance à renforcer
ces stéréotypes, dans lesquels les adolescents se confortent pour se structurer et se rassurer dans
leur identité sexuelle.
Orientation sexuelle
L’orientation sexuelle correspond à l’attirance émotionnelle, affective et sexuelle envers des
individus. Elle est définie en fonction du sexe des personnes vers lesquelles se produit cette attirance.
Elle regroupe principalement l’homosexualité, l’hétérosexualité et la bisexualité.
Les ambiguïtés relationnelles mélangeant amitiés profondes, sentiments amoureux et pulsions
sexuelles jalonnent souvent l’adolescence.
Bien des adolescent-e-s et des jeunes adultes peuvent connaître des émois sexuels avec une personne du même sexe sans qu’il y ait forcément passage à l’acte.
Parfois une personne peut se sentir attirée tout autant par les garçons que par les filles.
Pour certains ces désirs ne seront qu’un moment de leur parcours amoureux, pour d’autres ils
persisteront. Après les doutes et interrogations, accepter ses désirs pour l’autre, s’autoriser à les
vivre, mieux se connaître, peut demander du temps.
Ces questions peuvent concerner tout le monde et à tout âge.
L’orientation sexuelle ne se choisit pas mais s’élabore dans le parcours de vie, s’affinant souvent au
moment de l’adolescence.
Les pratiques sexuelles peuvent relever de l’orientation mais en être aussi distinctes et ne dépendre
que de la quête du plaisir.
Homosexualité
L’homosexualité suscite encore de vives réactions dans les discussions. La question des adolescents
est de savoir si « c’est normal ou non », si « cela se voit », et « pourquoi on le devient ».
Est-ce normal ? Sur le plan social ou moral, l’homosexualité a toujours existé, qu’elle soit acceptée
ou réprimée, quels que soient les pays, l’histoire et les cultures.
Quelles sont les raisons de l’homosexualité ? Malgré de nombreuses recherches il n’y a pas à ce jour
de réponse, ni biologique, ni génétique, ni analytique. La question de l’origine de l’hétérosexualité
n’est par ailleurs jamais posée.
Est-ce que cela se voit ? Est-ce qu’on peut le devenir ? Toute tentative de décrypter l’orientation
sexuelle d’une personne est vouée à l’échec.
Malgré les lois qui pénalisent la discrimination d’une personne en raison de son orientation sexuelle
(réelle ou supposée) et reconnaissent comme fait aggravant les actes et injures perpétrés à l’encontre
d’une personne en raison de son orientation sexuelle, malgré une plus grande tolérance sociale en
apparence, l’homosexualité et la bisexualité suscitent souvent des réactions négatives et de rejet
quand elles se découvrent ou s’affirment dans l’environnement proche.