Nous n'avions que la colère : 2 - L'alcool
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Nous n'avions que la colère : 2 - L'alcool
Dans ce livre, je raconte mes colères. Celles qui, encore aujourd’hui, me rongent et me submergent.
La violence, évidemment, mais aussi l’alcool. Car nous vivons une époque où ces deux sujets sont banalisés. Deux parmi d’autres…
Boire de l’alcool ne fait pas de nous des ‘‘bons vivants’’. On ne s’amuse pas davantage après quelques verres ; si c’est le cas, il serait bon de se demander la raison qui nous pousse à nous infliger des situations qui nous paraissent insurmontables sans ivresse. L’alcool est un poison aussi bien pour soi que pour celles et ceux qui nous accompagnent au quotidien : époux/épouses, enfants, parents, frères/sœurs, amis… C’est un fléau passé sous silence. On en fait des pubs, des promos, on y ajoute un “attention, l’abus d’alcool est dangereux pour la santé” histoire de se dédouaner de l’incitation à la consommation. Mais les petites phrases à la police minuscule n’ont jamais autant d’impact qu’une réduction sur un pack.
Et pour celles et ceux qui résisteraient à l’appel des discounters, il y a la pression sociale. Bois pour être cool, pour être accepté(e). Profite de la vie, elle est si courte…
Je vous livre un brûlot écrit il y a quelques années (2018-19).
J’ai coupé les ponts avec mon père suite à une énième dispute au sujet de sa dépendance, et je décide de mettre les choses au clair auprès des gens (amis et familles) qui me jugent sans retenue ni réflexion.
Je suis fatigué…Fatigué de faire ce que l’on attend de moi. Un bon père, un bon mari, un bon fils… un mec bien… Quand bien même certains de ces rôles me tiennent à cœur, je me suis perdu…
J’appartiens aux autres. Mes mots, mes décisions, mes actes sont jugés, critiqués, déformés. Ce que je suis, ce que je prétends être, ne compte pas. Au fond, peu importe. Ma place est auprès de ma famille. De ma femme et de mes enfants. Ils sont les seuls qui comptent réellement, parce qu’ils sont les seuls qui résultent de mes choix. Tout le reste n’est que décors… Des liens se créent, par le sang notamment, auxquels se greffe parfois l’amour, l'affection. Mais ce lien ne justifie pas de tout accepter. Et lorsque ce lien est la seule chose qui reste, que même l’affectif n’existe plus, il n’en devient que plus fragile. La fragilité d’un lien du sang, je la connais à présent. C’est un fil qui relie deux êtres qui ne se comprennent pas, plus, ou qui ne se sont jamais compris. Sortir des couilles d’un homme ne fait pas de cet homme l'être le plus irréprochable qui soit, et cela ne m’oblige aucunement à accepter et pardonner sa bêtise. À présent je vais être clair. Y aura pas de poésie. Mon père est alcoolique, et j'ai décidé de le sortir de ma vie après plus de 15 années de tolérances, et de « on fait avec ». Mes enfants n’ont pas à évoluer dans un monde où l'alcool est banalisé. Où il faut boire pour s'amuser, pour être accepté à la table des soi-disant « bons vivants ». À vous tous qui pensez qu’un verre ne fait pas de mal, demandez-vous combien de gorgées innocentes par semaine, par jour, par heure… et depuis combien d'années. Combien de proches morts pour un verre de trop. Combien de familles détruites par la violence des gestes, des mots d’un « bon vivant ». Un dépendant qui se sert un verre, c’est un suicidaire qui charge son flingue. Et tous ceux qui cautionnent ça, ou qui ajoutent leur bastos dans le barillet auront le doigt sur la gâchette et du sang sur les mains le jour où le coup de feu partira. Je ratisse large. Ne se sentent concernés que ceux qui se reconnaîtront. Même si, bien sûr, la parole d’un rabat-joie, comme sont considérés ceux qui ne boivent pas, n’a bien souvent aucun impact auprès des « bons vivants ».
Je suis fatigué.
Fatigué de me battre seul contre des moulins à vent. Parce que ce monde est hypocrite. Parce qu'il taxe, augmente les prix, colle des images dégueulasses sur les paquets de clopes afin de lutter contre une addiction qui ne fait bien souvent mal qu’aux fumeurs, mais qu’il fait la pub pour des bouteilles de vinasses en promo dans les grandes surfaces se foutant éperdument de la douleur qui se déverse du goulot. Alors ne changeons rien. Puisque le monde tourne ainsi… on expliquera à nos gamins que tout s’achète finalement. Même la mort, qu'elle soit lente ou fulgurante. Une achetée, une offerte… En attendant continuez de vous noyer dans votre esclavage moderne, soyez des fêtards, des « bons vivants » détenteurs de la vérité ultime et du savoir-vivre ! Rendez-vous sur votre lit d'hôpital, jaunit, amaigrît, comptant les quelques heures qui vous restent avant de devenir des « bons mort » …
Le bon fils n’est plus, et il va essayer de ne pas reproduire certaines erreurs pour être le meilleur père, le meilleur mari qui soit. Merci d'avoir pris le temps de me lire. J’ai peu d'espoir que cela change quoi que ce soit. N’y voyez pas là une espèce de justification de mes récentes décisions, je fais simplement comme je l'ai toujours fait, j’écope le trop-plein par les mots, histoire de ne plus me perdre dans cette foule de rôles que TU m’imposes : le fils indigne, l’irrespectueux, l’ingrat, le jamais content… Je t'emmerde.
Extrait de "Nous n'avions que la vie devant nous"
Jackie H hace 8 meses
L'alcool et le tabac ne sont rien d'autre que des drogues légales, point barre.
Oren Le Conteur hace 8 meses
exactement
Oren Le Conteur hace 8 meses
La vérité est souvent trash
Odette Charlier hace 8 meses
C'est trash mais tellement criant de vérité.