Page 1 - Cher journal
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Page 1 - Cher journal
Cher journal...
Ok c'est ringard de commencer ainsi. Peu importe. Je ne sais pas encore à qui je dois adresser mes pensées. À toi qui n'es que papier, à moi qui ne suis que paumé ou aux autres qui ne le sont pas moins ? Doit-on débuter par cher journal ? Cher moi ? Cher Vous ? On écrit pour soi avant tout alors autant s'adresser au principal intéressé. Cette première question existentielle ayant trouvé réponse, il est tant de me répandre sur les pages et d'y déverser mes errances.
Cher Moi (du coup).
T'en as pas marre d'écrire à perte ?
Oui à perte ! À perte de temps, à perte d'argent, à perte de vivre... Tu sais que pendant que tu claviottes, le monde tourne dehors ? Que les gens marchent, courent, se parlent, vont et viennent, voyagent... Sais-tu au moins où tu vas, toi, avec tes histoires sans fins, tes récits sans brouillons... Sais-tu où cela te mènera ? Non, bien sûr, sinon tu fermerais les mains pour ne plus jamais les ouvrir.
Tu garderais les poings serrés pour cogner les murs. Tu sais, il paraît que les murs que l'on frappe souffrent moins que les membres qu'on leur envoie dans la gueule. Alors si tu préfères te saigner les phalanges sur la pierre, c'est ton droit. Mais peut-être que se cantonner au clavier n'est pas une mauvaise idée. Et puis tu sais, le monde, dehors, n'est pas aussi beau qu'il n'y paraît. Suffit de regarder par la fenêtre pour voir ce qui doit l'être et castrer toute envie d'évasion.
Cette planète est une prison et les matons sont légion. On ne compte plus les miradors.
La liberté... Mon cul, la liberté. C'est quoi d'ailleurs la liberté ? Hein ? J'te l'demande !
Toi le poète, raconte-moi ta liberté, parce que la mienne, vois-tu, elle en a pris plein la gueule au fil des années. La liberté de dire ou faire ce que l'on veut, de vivre comme on l'entend... C'est terminé. Si tant est qu'elle ait, un jour, existé. Alors oui, tu as le droit d'être libre, dans ta tête, discrètement, en silence, pour ne blesser personne. Les oiseaux libres ne blessent pas les chasseurs que je sache. Mais l'inverse...
J'aurais tant à dire sur la liberté et ses mensonges. Tant à écrire sur ce que vivre implique. Tant à coucher sur papier... Mais une vie suffira-t-elle ? Vaut-il mieux vivre sa vie ou s'en inventer des milliers ? À chaque fois, dans la peau d'un autre. Est-on plus libre d'esprit que de corps ? Cela semble évident. Alors tu sais quoi, cher Moi, continue de claviotter, et te prends pas trop la tête. Un jour, tout deviendra beaucoup plus simple. Et la simplicité, tu sais, est parfois chiante à mourir...