La haine
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La haine
C'est ce que je crains le plus. J'ai peur de sa jalousie, de ses dégâts, de sa force destructrice.
Ma terreur face à elle m'empêche, la plupart du temps, d'avancer.
La haine me rend triste, peureuse, fuyante, et minuscule.
Je l'ai vue dans les yeux de mon mari, de ma mère, de mon père, et de certains de mes amis. Je n'ai réussi à l'affronter, à juste titre, que rarement.
Cette émotion, que mes parents ont vue dans le regard et les actions de leurs propres parents, et ainsi de suite, de génération en génération, nous poursuit partout.
Qui ne l'a pas vécue ?
Qui ne l'a pas ressentie, chez les autres ou en soi-même ?
Se debarrasser de la peur
Qu'est-ce qui peut arriver de pire si les autres m'expriment leur furie ?
La première chose qui me vient à l'esprit est cette crainte innée de mourir déchiquetée, brûlée ou victime d'autres atrocités commises par autrui. C'est irrationnel, certes, mais si palpable, si présent.
Je ne pourrais pas expliquer pourquoi ces pensées existent en moi. Pourquoi cela me limite autant ?
Peut-être que cela vient d'une peur ancestrale, des herboristes d'autrefois, des sorcières guérisseuses d'antan. J'avoue que cette idée m'attire, me séduit même incroyablement.
Toutefois, je dois m'en débarrasser, peu importe son origine, car cela me limite à l'échec constant que je vis jusqu'à présent.
Tentative
Tout d'abord, j'identifie toutes ces paroles et actions qui reflètent pour moi la haine, la colère ou le mépris.
Je commence par ma mère :
"Il n'y a que les professionnels qui peuvent donner une opinion, qui savent. Autrement, on ne peut pas donner son opinion. Cela m'énerve quand tu exprimes ton opinion, alors que tu n'es pas professionnelle !"
Cela me rappelle toutes les fois où ma mère m'a fait remarquer que, pour elle, les personnes qui ont un diplôme universitaire valent plus que les autres. Ce sont, selon elle, les gens qui ont vraiment réussi leur vie et qui ont le droit de s'exprimer.
Je me suis sentie dévalorisée maintes fois par ces paroles. Je trouvais injuste de privilégier les gens qui étudient plutôt que ceux qui expérimentent et observent le monde qui les entoure. Les livres ne sont pas la vie. L'école et l'université existent dans une bulle qui n'est pas la réalité ! Ni l'une ni l'autre ne te prépare à la vraie vie, aux véritables défis qui se présentent. Alors, fuck les diplômes universitaires !
La tristesse m'accable parfois. Car au fond de moi, il existe cette petite voix qui me dit que j'ai raté ma vie en refusant d'avoir des diplômes (même ceux que j'ai obtenus, je ne suis jamais allée les chercher...).
Cela montre à quel point ce mépris me touche et détermine mon présent. Le dégoût pour l'expérience, l'observation et la capacité d'analyse si elles ne sont pas validées par un diplôme.
Ma récente recherche pour voir comment valider mes connaissances acquises par l'auto-formation me confirme que ces phrases, prononcées par ma mère, ont anéanti la confiance en ce que j'observe et analyse.
Paradoxalement, je suis les enseignements d'une école bouddhiste tibétaine qui privilégie l'expérience et la méditation aux études. "Les connaissances viennent avec la pratique," disent les grands maîtres réalisés de cette lignée. J'aimerais que mon inconscient croit en ces dernières paroles, et non en celles de ma mère.
Les scientifiques et les philosophes ont fait les découvertes que l'on trouve dans les livres par l'expérience et l'observation. La théorie reste une théorie si elle n'est pas confrontée à la vie.
Alors, diplôme universitaire ou pas, je veux m'aimer, ainsi que tout le monde, tous les êtres, sans exception.
C'est possible, je le mérite, je sais comment le faire, je suis capable et c'est mon droit de naissance.
Ce que tu fais est douteux
"Qu'est ce que tu fais? C'est n'importe quoi? Tu es sûre de que ça va le faire?"
Des mots que je retrouve dans mon passé et dans mon actualité.
Quelle confiance! Quelle patience! Quelle ouverture d'esprit... Quel manque d'amour inconditionnel.
Ces phrases me donnent la rage à moi.
Le nombre de fois que j'ai eu envie de répondre: "mais pourquoi tu ne vas pas te faire foutre bien profondément?".
De la haine...
Mais merde! Qui vous a dit que je n'étais pas capable? Si je le fais, c'est parceque au moins moi je me sens capable. Et si je n'arrive pas du premier coup, j'arriverai du deuxième, du troisième ou du coup qu'il faut! Alors, laissez-moi une chance, bon sang!
Je sais que ce n'est pas personnel, que tout ce qu'ils me disent est un reflet du peu de confiance qui se font eux mêmes. Je suis triste pour eux. Toutefois, pourquoi dois-je recevoir leur soufrance et frustrations?
Suis-je destinée à gerer leurs émotions? Avaler leur frustrations pour les modifier, patiemment?
Mais, pourquoi? Est-ce juste? Dois-je le vivre pour une raison en particulier? Ai-je de dettes du passé à payer?
Je voudrais être libre, légère et autonome, pour mon bien et ceux de tous les êtres.
Je le mérite, c'est possible, je sais comment faire, je suis capable et c'est mon droit de naissance.
Enfin
Je ne sais pas si j'ai abordé tout ce que j'avais à aborder. Mais au pire, il y aura une "Haine, partie deux."
Avec ça, j'ai de quoi digérer...
Peut-être maintenant suis-je moins bloquée pour continuer mon livre ?
Je ne sais pas, on le saura avec le temps. Si la semaine prochaine, j'arrive à vous dire : "J'ai fini la troisième partie !" Il ne resterait plus qu'une partie avant la phase de correction et de peaufinage...
Ah... pourvu que ce soit le cas...