Chapitre 11 : L'Accueil de la Tempête

Le moment tant attendu était enfin arrivé. Alors que le groupe s’avançait vers l’entrée du logis, Marbella se tenait à l'intérieur, nettoyant rapidement son mug de café. Son esprit était agité, et elle ne pouvait s’empêcher de se parler à elle-même. « Ça y est enfin, depuis le temps que j'attendais ce moment ! » murmura-t-elle avec un mélange de nervosité et d'excitation.

Ses mains tremblaient légèrement tandis qu'elle les essuyait nerveusement. Ce n’était pas seulement l’excitation qui la gagnait, mais aussi une pointe de tension. Après tout, chaque détail comptait, chaque regard, chaque mot. Elle se dirigea vers la porte d’entrée, jetant un dernier coup d'œil autour d’elle pour s’assurer que tout était en place. Lorsqu’elle ouvrit la porte, elle fut accueillie par une brise fraîche, et les premiers flocons de neige vinrent doucement se poser sur ses épaules.

À l’extérieur, elle entendit les rires et les discussions du groupe qui s’avançait dans l’allée enneigée. Ils étaient proches maintenant, émerveillés par la beauté du logis qui se dressait devant eux. Marbella leur fit un geste amical pour les saluer de loin, auquel ils répondirent joyeusement. Chacun d’eux semblait pris par l’atmosphère du lieu, et leur excitation était palpable.

Les conversations tournèrent rapidement autour de l’apparence du logis. Ils étaient impressionnés par le décor extérieur, se demandant avec curiosité à quoi pourrait bien ressembler l'intérieur. « Est-ce que ce sera moderne ou conservé à l’ancienne ? » se demandaient-ils à voix haute, pressés de découvrir les secrets de l’endroit.

Yoann, un peu en retrait, laissa son regard se poser sur Ivana, ou plutôt Marbella déguisée en Ivana. « Ah, ouais, elle est belle dans cette robe ! » pensa-t-il intérieurement, un sourire flottant sur ses lèvres. Il se surprit à rêvasser un instant, mais fut rapidement ramené à la réalité par Amélisse, qui entama une conversation avec lui. Amélisse, toujours méfiante, semblait percevoir l’obsession naissante de Yoann, et elle s’efforçait de le ramener sur terre. Elle lui parlait de l’architecture du logis, tentant de détourner son attention, et peut-être aussi de lui faire comprendre subtilement qu’il devait rester concentré.

Marbella, les observant avec attention, referma la porte derrière eux et lança d’une voix douce, mais assurée : « Bienvenue à tous ! À la bulle des amateurs écrivains. » Ses mots résonnèrent dans le hall d’entrée, accueillis par des sourires et des regards curieux.

Elle poursuivit en désignant un coin de la pièce : « Ici, vous pouvez mettre vos manteaux d'extérieurs, vos chaussures, ainsi que vos accessoires. J’ai préparé pour vous des chaussons pour que vous soyez à l’aise. Par ce froid, cela vous fera du bien. » Elle montra une grande corbeille en osier remplie de chaussons de différentes tailles. « Une fois que vous serez prêts, je vous demanderai de me rejoindre dans le salon, juste ici près de la cheminée, pour vous y installer. »

Le groupe, surpris par cette attention, trouva l’idée originale et sympathique. Chacun se déshabilla, cherchant dans la corbeille les chaussons à sa taille. Tandis qu’ils fouillaient pour trouver leurs paires, l’excitation monta d’un cran. Une fois chaussés, ils s’avancèrent vers le salon, déjà bluffés par le charme qui les accueillait.

En entrant dans la pièce, ils furent immédiatement frappés par la beauté du décor. La cheminée, faite de marbre et de pierre, trônait majestueusement, réchauffant l'atmosphère d'une lueur chaleureuse. De chaque côté, des vases géants remplis de plantes sèches encadraient une armure d'époque, ajoutant une touche de mystère et d'histoire au lieu.

Chacun s’installa, encore sous le charme du logis, et ne put s'empêcher de remarquer la petite table ornée de viennoiseries, confitures, jus de fruits, théière et café, le tout disposé sur une jolie nappe délicatement brodée. Marbella, jouant parfaitement son rôle d’hôtesse, fit semblant de feuilleter un carnet tout en observant discrètement ses invités. Lorsqu'elle constata que tout le monde était installé, elle releva les yeux et leur dit avec un sourire accueillant : « Servez-vous, cela vous réchauffera. »

Alors que les invités prenaient place et commençaient à se servir, Marbella observait chacun d’eux avec une minutie calculée, pesant leurs réactions et leurs comportements. Ses yeux se posèrent d'abord sur Amélisse. Elle paraissait enthousiaste, participant aux conversations avec un sourire sincère. Cependant, quelque chose irritait Marbella. Elle n’arrivait pas à décrypter davantage Amélisse. Était-elle vraiment enthousiaste ou dissimulait-elle quelque chose ? Marbella se demandait si elle avait manqué des signes, des gestes ou des micro-expressions. « Est-ce qu’elle est, elle aussi, dans le contrôle ? » songea-t-elle, une pointe d’agacement perçant son calme apparent. Si Amélisse était capable de masquer si bien ses émotions, alors elle ne serait pas facile à manipuler. Mais Marbella aimait les défis. « Je verrai bien de qui de nous deux gagnera », se dit-elle en serrant légèrement les dents.

Son attention se tourna ensuite vers Badou, qui semblait rayonner de bonheur. Il avait l’air de quelqu’un qui trouvait dans ce moment un refuge, un répit bienvenu dans une vie qu’elle devinait chaotique. « Intéressant », se dit Marbella. Elle perçut aussi une certaine complicité entre Badou et Aminata. Était-ce son imagination, ou y avait-il vraiment quelque chose entre eux ? Si c'était le cas, cela pourrait être parfait pour les manipuler, les affaiblir en jouant sur leurs sentiments. Marbella esquissa un sourire en coin. « Ils pourraient être utiles », pensa-t-elle, déjà en train de planifier comment exploiter cette connexion.

Puis, ses yeux se posèrent sur Yoann. Il tentait de se montrer discret, mais Marbella ne manqua pas de remarquer ses regards insistants. Chaque fois qu’elle parlait, il était le premier à réagir, se levant même pour lui sourire. Marbella notait tout cela mentalement, analysant la situation. « Il est sous mon charme », constata-t-elle, satisfaite. Jouer avec ses sentiments pourrait être une carte intéressante à utiliser. « Peut-être que je pourrais le faire faiblir s’il devient trop collant », se dit-elle en réfléchissant à la manière dont elle pourrait le manipuler pour servir ses propres intérêts.

Quant aux autres participants, elle préférait attendre et observer davantage avant de tirer des conclusions. Mais une chose était certaine : chacun d’eux avait un point faible, et elle comptait bien les découvrir.

Marbella, tout en continuant de jouer son rôle de l’hôtesse attentionnée, savourait l’idée que chaque membre du groupe pouvait devenir un pion dans son jeu. « Chacun a son point faible », pensa-t-elle en feuilletant son carnet pour donner le change. « Il suffit de savoir comment appuyer dessus. »