The Pale Horse Rider and The Tempest of Storm - Cory Hanson et Wand
En Panodyssey, puedes leer hasta 30 publicaciones al mes sin iniciar sesión. Disfruta de 28 articles más para descubrir este mes.
Para obtener acceso ilimitado, inicia sesión o crea una cuenta haciendo clic a continuación, ¡es gratis!
Inicar sesión
The Pale Horse Rider and The Tempest of Storm - Cory Hanson et Wand
@ Copyright Bandcamp
Je suis entré dans l'univers de Cory Thomas Hanson par la porte de ses albums solos. Dans son premier "The Unborn Capitalist From Limbo", résident en son coeur des cordes fantastiques qui parsèment en finesse chacun de ses morceaux et qui apportent à chacun d'entre eux une ampleur singulière, ouvrant tout l'espace, comme dans ces albums de pure Americana.
Faussement paisible.
Cette simplicité particulière apportée par la guitare sèche, sur laquelle ses doigts tissent les mélodies, s'emmêlant avec cette voie nue et pâle, le tout amplifié par l'acoustique profonde des cordes graves, procure à cet album une couleur automnale et crépusculaire... Comme si le soleil élançait ici ses derniers rayons, et que, ceux-ci se prolongeant, ils créaient dans cette atmosphère quelque chose de dense, de lumineux et de tendre... mais il ne faudrait pas trop s'y fier, les ténèbres ne sont pas loin et elles demeurent menaçantes, car les haies qui bordent ces chansons sont épineuses et touffues en diable.
à écouter ici
Dans le le deuxième opus, « Pale Horse Rider », il y a une certaine « intranquillité » (celle chère à Fernando Pessoa) qui réside dans ses sillons, on sent que quelque chose de douloureux s'y exprime et s'y trame tout du long. J'ai lu un article sur "www.backseatmafia.com" qui décrit parfaitement tous les niveaux musicaux sur lesquels surfe cet album fantastique. Il regorge d'une profondeur où il fait bon plonger. Au bout et pas que, dans ces interstices aussi, il y a des rayons lumineux d'une forte intensité mais qui ne nous aveuglent pas.
Il s'agit d'un album sur Los Angeles, qui décrit avec toute l'acuité et la perception que peut s'en faire un Californien d'origine tel que Cory, ce qui s'agite aux alentours de ses bordures. Jusque dans ses silences et ses moments de faux calmes, cet album tendu et nerveux offre une autre facette de cet artiste polymorphe.
Angeles - Cory Hanson (official music Drag City)
Après avoir refermé ces deux portes, j'ai emprunté des chemins plus rocailleux afin de rejoindre les falaises escarpées où niche son autre groupe : Wand.
Au fil des écoutes, j'y ai découvert une tonicité, qui pourrait paraître rude, mais qui entraîne finalement, dans toutes ses guitares qui fusent et éclatent, non un joyeux bordel, mais quelque chose de ténu, de maitrisé et de vraiment original. Les mélodies sont au rendez-vous dans cette électricité qui s'énerve (Radiohead n'est pas loin mais Cory Hanson et sa bande ont quelque chose à eux de propre et d'identifiable).
Ici l'on ne s'ennuie à aucun moment. C'est un univers musical chaleureux avec, sur ses bords, une part d'expérimentation. Du moins c'est l'impression que j'en retire à l'écoute de ces trois premiers albums.
Le premier de 2014 "Ganglion Reef"
le Deuxième et troisième tous deux 2015 "1000 Days" et "Golem"
à écouter ici
à écouter ici
"1000 Days", leur troisième opus, dès le 1er morceau, m'apparait être bien plus psychédélique déjà, plus baroque, avec des teintes bien affirmées dans les couleurs qui se diffusent lors de son écoute. Radiohead encore se met en travers, mais c'est plutôt comme une filiation, ici, c'est le fil que l'album suit, s'inspirant mais ne copiant jamais, partant dès lors à partir de ces régions vers d'autres territoires. Ce côté baroque est présent à chaque plage, dans l'article toujours sur "www.backseatmafia.com", l'auteur fait les rapprochements suivants :
Left Banke piano melodicism, West Coast brightness and sunshine, trilling guitar work, a real gamut of sonic evocation, not afraid to play with sunshine pop (...) www.backseatmafia.com
ce n'est pas faux car les mélodies qui défilent demeurent délicieuses même si les guitares rugissent, elles tissent cependant des soieries affutées et vives. Entre les deux, des plages plus expérimentales émettent des souffles gutturaux et amples. Et tout cela s'assemble et s'entrepose, brique par brique, pour créer un mur du son d'où les guitares s'expulsent et s'érigent, fières et droites, avec, toujours pour les guider cette voix aiguë qui pourlèchent les contours de cette façade érigée.
Le quatrième 2017 - "Plum"
à écouter ici
La quatrième étape c'est "Plum", (couleur prune ou type particulier de prune à la robe sombre).
Plus apaisé de prime abord, le mur du son s’assouplit ou plutôt il revêt des étagères plus aérées, où des ouvertures plus larges sont aménagées afin que les voix, ces chœurs féminins, s'y engouffrent avec délice. Des notes de pianos se placent et accompagnent les guitares qui tintent. Ce n'est que le premier titre et déjà s'impose leur singularité. L'espace maintenant agrandi offre à l'album un souffle différent de ce que l'on pouvait rencontrer dans leur précédent, celui-ci bien plus rêche et torturé. Vient le temps du deuxième morceau « Bee Karma » qui, après une légère pause, laisse s'introduire un léger sifflement qui s'enroule pour ses prémisses en modulant sa trille ronde, et les guitares réapparaissent, s’étageant au fur et à mesure avec la voix au milieu qui se place et s’impose jusqu’à la cavalcade finale.
Wand "Bee Karma" (official music Drag City)
Le reste de l’album est à l’allant. Au fur et à mesure, il se ménage des pauses délicates et puis des moments plus furieux où le groupe en son entier rugit et gronde.
Au centre de l'album, une pépite y réside, semblable à des étoiles qui brusquement illumineraient une nuit sombre, c’est « The Trap » qui surgit, une ballade étrange et mystérieuse qui emmêle, tournoyante, sa guitare douce au milieu des voix et des chœurs mélancoliques, tout cela entrainant un parfum psychédélique qui finit par recouvrir toutes les bordures du morceau.
Après cette pause, résonnent, crissant très légèrement, des craquements et une guitare esseulée élance ces notes cristallines qui semblent roucouler, le temps bref seulement de ce morceau, lui aussi, très singulier : C'est « Ginger » qui trousse ses mélodies si pâles et qui s'éteignent alors comme avalées par le silence d'où les premiers sons surgirent.
La machine folle après ce moment contemplatif repart de plus belle sur les morceaux suivants jusqu’au final grandiose du dernier titre qui commence avec douceur, avec un chant aérien et des notes qui perlent autour jusqu’à s’amplifier et qui éclatent de toutes parts avec des guitares épileptiques en rang serrés, le tout s’apaisant peu à peu jusqu’à l’extinction de la dernière note.
Ce groupe a la qualité rare de savoir naviguer entre deux courants, celui tempétueux et sonique où s’emmêlent en ce maelstrom fou des guitares torturées et des voix tumultueuses avec un autre, celui-là bien plus mélodique, apaisé, se concentrant sur des chansons limpides et mélancoliques, sur laquelle majestueuse s'enveloppe la voix de Cory Hanson.