En 2009, un oléoduc de la SPSE (Société du Pipeline Sud-Européen) passant sous la plaine de la Crau rompt et déverse ainsi des millers de litres d'hydrocarbure dans une Zone Naturelle d'Intérêt Exceptionnelle Faunistique et Floristique (NDLR : ZNIEFF - c'est plus court dans ce sens).

Résultat : 72 000 tonnes de terre à déblayer - soit une couche de terre de 50cm sur 5ha de terres retirées. Comme la loi l'y contraint, la SPSE doit restaurer les lieux à l'identique.

Les ingénieurs planchent et finalement optent pour une ingéniérie écologique (politiquement et socialement la plus acceptable pour peu qu'elle puisse fonctionner)  

Avec l'appui du CNRS et plus précisément l'IMBE (l'institut Méditerranéen de Biodiversité et d'Ecologie), les travaux s'enclenchent.

On amène donc de la terre pour combler celle qu'on a retirée. On reconstitue couche par couche le sol abîmé afin de retrouver la possibilité de voir renaître l'écosystème à l'identique. On collecte les graines des plantes des zones non touchées et on se pose la question : qui va re-semer.

Un temps on pense aux brebis, puis à des bactéries pour finalement sur les fourmis et plus particulièrement l'espèce dite "moissonneuse".

Ces fourmis présentent de nombreux avantages. Elles sont là toute l’année. Elles transportent des graines. Elles sont endurantes. Elles sont nombreuses (leurs fourmilières peuvent compter jusqu'à 20 000 individus environ).

En 2011, 169 reines sont lâchées sur le site. 8 ans plus tard, 3% de la plaine sinistrée était restaurée (certes pas tout-à-fait à l'identique). Grâce à la démultplication des fourmilières, les experts espèrent (c'est dur à dire, c'est pourquoi il vaut mieux le lire) reconstituer le site d'ici 7 à 10 ans. 

Vous voyez bien à quel point il faut peu de temps pour détruire un écosystème et inversement beaucoup de temps pour reconstruire...