Quand on est entrepreneur, faut-il se forcer, se contraindre, s'obliger ?
Pour atteindre la réussite, faut-il être dans "l'obligation" de faire des choses ?

C'est une question que je me pose de plus en plus et les réponses qui me viennent à l'esprit ont tendance à me surprendre.

Depuis tout jeune, j'ai toujours vu les entrepreneurs / indépendants comme des acharnés de boulot, des personnes qui se donnaient coeur et âme à leur activité, des gars (et des femmes) qui sacrifiaient pas mal de leur temps à leur activité.

Et puis tu sais, en entendant des trucs du genre :

Et mais c'est normal. Un indépendant ça n'a pas d'horaire et ça bosse dur mais au moins, on le fait pour nous, pas pour quelqu'un d'autre

Tout cela faisait sens pour moi.

Donner un sens à sa vie par le prisme de son activité professionnelle.

Après tout, pourquoi pas...

Sauf que...

Aujourd'hui, tout cela ne fait plus sens pour moi et perdre sa vie pour se construire une vie d'entrepreneur n'a plus d'intérêt.

A quoi sert-il de travailler comme un acharné "pour soi, pas pour quelqu'un d'autre" si c'est de toute manière pour ne pas profiter de chaque instant.

Aujourd'hui, je préfère réussir autrement.

Je préfère laisser venir les opportunités à moi plutôt que de les forcer à n'importe quel prix.
Je préfère mesurer ma réussite par mon temps libre que par la multiplication de mon CA.
Je préfère me construire une vie autour de ce qui me passionne plutôt qu'autour de mon entreprise.

Cela demande énormément de lâché prise et je ne suis pas encore un Maître Jedi en la matière. J'ai encore beaucoup à apprendre à ce niveau.

Aujourd'hui, je vis encore ce mélange de sérénité et de culpabilité quand il m'arrive de ne pas "travailler toute la journée", de "ne rien faire" pendant les "heures de travail", de "perdre mon temps" au lieu de l'occuper au boulot, ...

Perdre mon temps...
Perdre son temps...

N'est-ce pas le cadeau le plus luxueux que l'on puisse s'offrir d'ailleurs ? Se donner la permission de ne rien faire, de laisser filer les heures, d'offrir à son esprit l'occasion de vagabonder, à son corps l'occasion de se reposer, à son cerveau l'occasion de se mettre sur off.

Perdre son temps, se la glander, ne rien foutre de ses dix doigts, se la couler douce, ...
Perdre son temps pour mieux l'apprécier, mieux le savourer.

Aujourd'hui, même si la culpabilité n'est jamais très loin, j'apprivoise de plus en plus cette notion de "perdre son temps". D'accepter l'idée de ne plus faire des journées de travail "pleines" et d'avoir des grosses périodes dans la journée où "je ne fais rien".

Remarque qu'il y a énormément de guillemets dans cette publication car au fond... je fais toujours quelque chose mais ce "quelque chose" est plus dicté par mes envies que par des contraintes, des "il faut que", des obligations, ...

Je m'autorise plus de liberté, je m'inflige moins de réunions / de rendez-vous, je me laisse plus de temps pour faire ce que j'ai vraiment envie de faire, au moment où je désire le faire. Cela libère ma créativité et cela me permet d'être bien plus efficace.

La créativité - Car en vivant sans contrainte (ou presque), la partie créative de mon être à plus d'espace pour se libérer et elle s'autorise à prendre plus souvent la parole... ce qui m'aide fortement à rédiger, écrire, pondre des textes.

L'efficacité - Car lorsque je décide de m'atteler à mon travail, je fais juste l'indispensable, l'essence de ce qui est important, les 20% de 20% qui sont vraiment utiles... pour déléguer ou mettre de côté le reste... J'obtiens donc souvent des résultats similaires au moi d'avant qui charbonnait toute la journée... mais sans devoir y passer des heures et des heures.

Et c'est d'ailleurs là que la culpabilité refait souvent surface, sous forme de "syndrome de l'imposteur" car nous ne sommes pas habitués à ce rythme de vie où le mot "liberté" prend plus d'espace que le mot "contrainte".

Réussir autrement...

Pour moi, réussir autrement revient simplement à se poser les bonnes questions et accepter de recevoir des réponses inhabituelles qui nous feront sortir de nos habitudes.

A bientôt