Chapitre 11
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Chapitre 11
Garée et toujours assise dans ma voiture, je guette les passants qui entrent dans le parc Montsouris. 16h53. Je souffle en faisant bouger nerveusement mes doigts sur le volant.
— Ca va aller, je me murmure. Tout va bien se passer.
Un message arrive quand je vois un homme avec un portable à la main devant les grilles du parc.
J’arrive.
C’est parti, je pense en ouvrant ma portière. L’homme en question commence à avancer et je lui fais signe en courant vers lui.
— Rick, c’est bien ça ?
Il me voit et retire un écouteur en me disant que je dois faire erreur.
— Lou ? fait une voix dans mon dos.
Je me retourne et tombe sur un jeune homme qui sourit en ajoutant.
— C’est moi.
J’imagine le rouge qui doit me monter aux joues et ça doit me faire rougir encore plus. L’homme que j’avais intercepté s’éloigne et je me tourne vers mon interlocuteur.
— J’ai cru… En fait, ce monsieur était là avec son téléphone… alors j’ai pensé… Peu importe. Ca va ? Tu as trouvé facilement ?
S’il a trouvé facilement ? Franchement je les collectionne. C’est lui qui m’a dit de le retrouver à cet endroit. Evidemment qu’il doit le connaître et n’avoir eu aucun mal à le trouver.
— Ca va et toi ? Ca n’a pas été trop difficile de te garer ?
— Non, je suis juste à côté.
Je serre l’anse de mon sac à main de toute mes forces. Je crois que la petite attache en métal est en train de s’incruster dans ma paume.
— Super. FishLand est par-là. On y va ?
— Oui. Allons-y.
En marchant à côté de lui, je n’ose pas lui parler ni le regarder. Naturellement bavarde et à l’aise socialement, là j’ai perdu ma langue.
— Comment va ton p’tit chat ?
— Très bien. Il passe son temps à nager. C’est impressionnant. Il ne s’épuise pas à force ? Les poissons dorment en nageant ?
— Non, rigole Rick. En général ils se posent sur les graviers et ne bougent pas. Certains poissons nagent tout doucement, même lorsqu’ils dorment, mais pas les poissons rouges.
— Les tiens aussi ils nagent en dormant ?
— Pas vraiment. Ils ont leurs habitudes. Chacun se met à un endroit précis le temps de faire sa sieste. Et tout le monde se réveille dès que j’allume la lumière.
— C’est marrant.
— Je trouve aussi.
Je le laisse me guider et nous arrivons en à peine quelques minutes dans l’avenue Reille.
— C’est un tout petit peu plus loin, sur la gauche.
— Comment tu as connu cette boutique ?
— En faisant des recherches sur internet. Ils sont installés ici depuis longtemps je crois.
— Ton père aussi se procure ses poissons ici ? je l’interroge pour cacher mon anxiété.
— Ah ça non, je suis seul sur la région parisienne.
— Ah d’accord. Tu n’as pas de famille ici ?
— Aucune famille, ils sont tous en Franche-Comté.
— Vraiment ? J’allais à Besançon avec mes parents lorsque j’étais petite, nous avons une cousine qui y habitait.
— Sympa comme ville. Mes parents sont plutôt dans le Jura. Mais je connais bien Besançon. Et toi ta famille est à Paris ?
— Oui, mes parents sont deux vrais parisiens. Tout comme moi. Mais je me suis légèrement exportée en banlieue parisienne.
— Tu habites où ?
— A Saint Mandé. Tu connais ?
— Vaguement. Je ne travaille pas très loin. A picpus, près de la porte de charenton.
— Ah oui je vois très bien. Et tu habites dans le même quartier ?
— Pas du tout, rit Rick. J’habite à Montrouge. A la limite de Paris 14ème.
Toutes ces informations me mettent en confiance, parler avec Rick est facile. Je me sens déjà nettement plus à l’aise.
— C’est ici, m’avertit-il en s’arrêtant devant une porte vitrée.
Par la vitrine je vois des aquariums, mais je n’étudie pas plus et le suis à l’intérieur.
Un vendeur nous salue. Rick m’emmène directement près des différents bacs en me désignant certains poissons.
— Les poissons rouges communs, me montre-t-il du doigt. Et là ce sont les poissons à queue d’éventail. Et là tu as les têtes de lion.
— Et il y en a comme Bubulle et Coco ?
Rick regarde rapidement les bacs et me fait signe de m’approcher.
— Les poissons rouges comètes sont là. Tiens, il y a aussi des poissons télescopes. Ceux-là sont plus fragiles. Et ils ne peuvent pas être avec tous les autres poissons rouges.
Ensuite il m’emmène plus loin, où les bacs sont remplis de poissons d’eau douce.
— Les scalaires. Comme Mao, Yori et Emi.
— Ils sont magnifiques. Il existe tellement de couleurs différentes.
— Et ceux-là sont des xyphophorus. Aussi appelés les portes-épée à cause de la forme de leurs queues. Et là, tu as les tétras. Les plus connus sont les néons.
— Ils sont tous petits. Mais ils sont beaux aussi. Ce mélange de bleu et de rouge.
— Ici tu as les guppies. Ce sont des poissons dits pour débutants. Assez facile à entretenir. Ils n’ont pas de grands besoins spécifiques. Mais ils ont tendance à beaucoup se reproduire. Vraiment beaucoup, précise Rick en souriant. D’ailleurs il faut trois femelles pour un mâle.
— Messieurs les guppies ont besoin d’un harem, je dis en riant.
— Et mes favoris. Les discus.
Les poissons ronds et assez plat nagent tout doucement dans leur bac. Leurs couleurs dessinent un sourire sur mes lèvres. J’en prends plein les yeux.
Lorsque nous arrivons devant les poissons d’eau de mer, je ne peux pas m’empêcher d’en pointer un du doigt.
— C’est Dory !
Rick rigole de ma réaction.
— Oui, c’est un poisson chirurgien. Et là, tu as Némo.
Effectivement, les poissons clowns sont juste à côté.
— Je reste impressionnée par toutes ces nuances de couleur. La nature est si bien faite.
— Qu’il s’agisse des poissons ou des coraux, nos mers et océans regorgent de vrais trésors. Toute une palette de couleur.
— C’est vrai, je confirme sans quitter les poissons des yeux.
Nous revenons devant les poissons rouges et Rick me demande si j’ai un coup de cœur.
— Hmm. J’aime bien ceux-là.
— Black moor. Une variété des poissons télescopes. Ils sont fragiles et je ne suis pas certain qu’il convienne à Surimi.
— Mince… et un comme Bubulle ?
— Le Shubunkin. Ca conviendrait déjà mieux.
Je les observe et décide que je me poserais la question de l’espèce plus tard. D’abord je dois me préoccuper du deuxième aquarium.
— Tu n’es pas obligée d’en prendre un très grand. Ca reste un aquarium de quarantaine. A moins que tu décides après d’en faire un deuxième aquarium avec d’autres poissons.
— Ce n’est pas dans mes projets…
— Mais il y a une dizaine de jours, tu projetais d’avoir un aquarium de plus de cent litres chez toi avec un Surimi ?
— Vu comme ça, je réponds en souriant.
Il me sourit en retour et nous avançons vers les aquariums exposés.
— Pour un aquarium de quarantaine, tu n’es pas forcée d’investir autant que pour un aquarium basique. Surtout dans la perspective d’y mettre un poisson d’eau froide. Là ce qu’il faut surtout c’est un minimum d’espace, un filtre pas trop puissant et une lumière assez faible. Un bulleur, un filtre avec une éponge. Rien au fond, pour éviter le risque de parasites. Et ce sera parfait.
Avoir Rick est très utile, il m’évite d’avoir à me renseigner auprès des vendeurs et de tourner en rond dans le magasin sans savoir vers quel article m’orienter.
— Si c’était pour tes poissons, tu prendrais lequel ?
Il regarde rapidement les différents modèles et m’en montre un du doigt. Il s’approche pour lire la description.
— Quatre-vingts litres, avec filtre intégré et tous les matériaux, lumière et thermomètre. Celui-ci me paraît pas mal du tout. En plus, le prix est relativement abordable.
Cent cinquante euros. Quand même. Craignant qu’il ne remarque ma radinerie, je dis qu’effectivement c’est une offre intéressante.
— Mais rien ne presse, tu peux prendre le temps de réfléchir.
J’approuve et pense en même temps que j’irais faire un tour sur le site où j’ai acheté l’océan de Surimi. Il y a des exclus web avec des prix qui défient toute concurrence.
— Je dois aussi regarder pour de la nourriture. Tu m’avais parlé de granulés qui coulent.
— Exact. J’avais déjà oublié. Moi je nourris les miens avec ceux-là.
Dans le présentoir il saisit deux flacons de granulés, dont un avec de la spiruline.
— Ils en raffolent. Et de temps en temps je leur donne de la nourriture lyophilisée. Ils aiment aussi.
Sous ses conseils, je prends des sachets d’artemias. Rien que l’idée d’acheter des larves me dégoûtent, mais qu’est-ce que je ne ferais pas pour mon p’tit chat ?
— On avait parlé des plantes ?
— Heu, non. Il en faudrait à Surimi ?
— Les poissons rouges ont tendance à les détruire, mais une touche de verdure c’est pas mal je trouve. Tu peux en prendre juste une et voir comment il réagit ? C’est une espèce herbivore, donc… s’il la saccage en quelques jours, tu sauras que ce n’est pas la peine d’insister, se moque Rick.
— Ok. Alors je vais lui prendre une petite plante. Tu me conseilles laquelle ? Pour information je suis nulle dans ce domaine et je n’ai pas la main verte. Je suis capable de faire faner des fleurs en plastique.
Il rit et me montre une plante dans les bacs.
— L’anubias. C’est ce qu’ont Bubulle et Coco.
Je fais mes achats, Rick profite de la visite à la boutique pour racheter de la nourriture pour ses scalaires et discus. Dès que nous ressortons, je serre mon petit sac dans mes mains en souriant. Surimi va être content avec tout ça.
— Merci pour l’astuce de la balle de ping pong. Quand il ne nage pas, il passe son temps à tourner autour.
— Génial. Et il suit ton doigt le long de la vitre ?
— Oui, à chaque fois. Nous sommes des grands amis pour la vie.
— Je suis heureux de l’apprendre. Ton Surimi revient de loin.
— Quand je pense que j’ai osé le mettre dans un bocal… J’ai honte de moi.
— C’était un manque d’information. Maintenant tu lui as donné un habitat digne de ce nom et dans lequel il se sent bien.
Nous remontons l’avenue Reille en marchant lentement.
— Je peux t’inviter à boire un café ?
— Avec plaisir, je réponds en le suivant à la terrasse juste à côté.
Sur la banquette, je pose mon sac avec mes achats et il nous commande deux cafés. En attendant que la serveuse nous les apporte, je sors les livres de mon sac à mains.
— Voilà les trois trésors.
— Cool, fait Rick en souriant largement. Merci de me les prêter.
— Je compte sur toi pour en prendre soin. Mes livres sont comme mes bébés.
— Je suis exactement pareil avec les miens. Je vais les bichonner pour te les rendre dans le même état.
— Aurélie dit toujours que les livres doivent vivre. Qu’il faut écrire dedans, souligner des phrases, corner des pages… Ca m’horripile !
— De mon point de vue, les seuls textes où il est autorisé d’écrire des commentaires, de surligner, barrer ou entourer des mots, ce sont les manuscrits qui passent en corrections.
— Tout à fait. Je n’aurais pas dit mieux.
Il pose les trois livres à côté de lui et la serveuse nous amènent nos deux tasses.
— J’en commence un dès que j’ai terminé ce que je lis.
— Et qu’est-ce que tu lis ? je l’interroge en prenant ma tasse.
— En ce-moment je suis avec Franck Thilliez.
— Oh ! je fais en ouvrant grands les yeux. J’ai essayé d’en lire un, une fois, il y a longtemps. Après j’ai fait tellement de cauchemars que je ne l’ai pas terminé et n’ai jamais réessayé.
— Vraiment ? s’amuse Rick. Tu lis quels auteurs en dehors d’Amélie Nothomb ?
— Bernard Werber. Jean Teulé. Hmm, qui d’autre… Virginie Grimaldi. Et j’aime énormément la plume de Maupassant. Je suis amoureuse de la littérature française. C’est mon rayon favori au travail.
— Ca doit être fascinant de travailler dans une bibliothèque.
— Complètement. C’est ma deuxième maison. C’est un pur bonheur de travailler entourée de livres.
— Et l’écriture ? Tu y consacres toujours du temps ?
Je baisse légèrement les yeux en pinçant les lèvres.
— En réalité, non. Je n’ai pas écrit depuis des années.
— Dommage. Tu n’aimerais pas reprendre ?
— Je n’y ai pas pensé, je lui avoue gênée. J’étais très prise par mes études, puis mon travail.
— Tu écrivais des histoires d’animaux. Tu n’as pas envie de mettre sur papier ta rencontre avec Surimi ?
Je souris jusqu’aux oreilles.
— Ca aurait le mérite d’être original. Mais je ne m’en sens pas capable.
— Réfléchis-y, m’encourage Rick. Ca pourrait réveiller ton âme d’écrivaine.
— Ecrivaine, je répète en riant. C’est un mot légèrement exagéré vu mon potentiel.
— Tous les auteurs ont dû commencer. Se lancer.
— Je suis plutôt la personne qui lit le livre, plutôt que celle qui l’écrit.
— Si tu le dis.
Nous nous regardons quelques secondes en souriant bêtement. Je suis la première à détourner les yeux pour me tourner vers mon sac et sortir mon porte-monnaie.
— C’est pour moi, je t’ai dit que je t’invitais, me rappelle Rick.
Nous nous levons en même temps et je récupère mes sacs.
— Et bien merci beaucoup, je commence en le regardant. C’était très gentil de ta part de m’accompagner au magasin et de me donner toutes ces informations.
— C’était avec plaisir. Et j’espère que Surimi appréciera ses cadeaux.
— Je n’en doute pas.
Comme une idiote, je lui tends une main puis la retire mal à l’aise.
— On se fait la bise ?
Rick rigole et nous nous embrassons furtivement sur la joue.
— Bonne fin d’après-midi. On se recontacte.
— On fait comme ça. Bon retour, je lui lance en commençant à reculer.
Nous nous faisons un petit signe de la main et je marche jusqu’à ma voiture. Assise derrière le volant, je tire la portière et affiche un sourire niais qui ne me quittera pas de tout le trajet.