

Liens d'Éternité T1 Le Sceau des Lyrnes
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Liens d'Éternité T1 Le Sceau des Lyrnes
Liens d'Éternité est une trilogie de Science-Fantasy prenant place dans la saga des Contes du Temps. C'est la première d'une longue liste d'histoires que je compte publier dans cet univers.
Le tome 1 est sortie en avril 2025, le tome 2 est prévu pour octobre et le tome 3 pour le printemps 2026.
Je vous laisse dès à présent découvrir le prologue et le premier chapitre du Sceau des Lyrnes !
Prologue : Vincent-Sähr
Le soleil tombait peu à peu derrière l’horizon du désert. Bientôt, il ne resterait que la lueur des réverbères pour déchirer la douce obscurité de Mâqrat.
La capitale solaire était si reposante.
Vincent avait vendu son âme à un Ordre qu’il détestait et n’en avait pas tiré les bénéfices escomptés, mais il avait au moins hérité d’un poste dans la plus belle cité du monde. Il aurait pu passer des heures sur le balcon de sa chambre, à contempler le joyau du désert et son marché nocturne. Dire que, dans une autre vie, il avait arpenté ces rues comme un simple touriste, en quête d’un peu de dépaysement entre deux thèses.
« Une autre vie », c’était le terme.
Combien de jours, de mois, ou même d’années s’étaient écoulés depuis son retour ? Il était à peu près certain que cela ne se comptait pas encore en siècle.
Les coups contre la porte de sa chambre l’arrachèrent de sa contemplation des oriflammes agitées par un vent tranquille. Vincent tourna son regard d’ocre blanc vers le Gardien, tout engoncé dans son manteau violet, qui esquissa une courbette protocolaire avant d’annoncer :
— Le Grand Myste veut vous voir, Nedjety-Netcher.
Vincent porta un œil vers la nuit qui se levait à peine. Seiph avait depuis longtemps perdu la notion que les mortels avaient du Temps, mais il ne devait pas ignorer qu’il était l’heure de dormir, pas de s’adonner aux débats stériles.
— Il dit que c’est urgent.
Évidemment.
Pour un homme qui avait l’éternité devant lui, le Grand Myste était bien pressé.
Vincent fit signe au Gardien de passer devant alors qu’il attrapait à contrecœur ce fichu manteau rouge et or. Il arrangea l’inutile bande de tissu supposée tenir sur son épaule gauche, attacha ses cheveux cendrés et ondulés, puis rejoignit les couloirs pour suivre le guide jusqu’à la salle de réunion.
Seiph voulait le voir. Il en grinçait des dents d’avance. Le Grand Myste et lui avaient depuis longtemps un accord tacite pour rester les plus éloignés l’un de l’autre. Qu’il vînt le chercher ce jour ne pouvait signifier qu’une chose.
Il avait encore une sale besogne à lui mettre sur le dos.
Vincent entra dans la salle et, sans attendre un quelconque aval du Grand Myste, prit place en silence devant lui. Comme toujours, Seiph conservait sa lourde capuche sur son visage, ne laissant apparaître que ses yeux vermeils et les cicatrices sous ses paupières.
— Tu crains qu’il pleuve dans un désert ? commenta Vincent. À moins que ce ne soit une avalanche de sable qui t’inquiète ? Rassure-toi, le toit est bien entretenu.
— Shimdris a volé l’artefact d’Huksos et l’a transmis à l’archón, annonça le Grand Myste.
Vincent se laissa tomber contre l’arrière de sa chaise, croisa les bras, puis considéra les paroles de son ennemi juré. Voilà que le Myste de Mâqrat n’était plus le seul à accaparer les artefacts pour son « bénéfice personnel ». Shimdris risquait d’être aussi déçu que lui.
— Et ? Ce n’est pas comme s’il pouvait en faire quoi que ce soit.
— Je te donne la charge de le récupérer.
Vincent émit un rire de gorge.
— Depuis quand me fais-tu confiance pour ce genre de besogne ?
Un sourire mauvais apparut sur le visage blafard de Seiph alors qu’il s’avançait sur la table pour le regarder dans les yeux.
— Oh, mais je sais que tu es digne de confiance quand on a de quoi te motiver, Flaren.
Vincent grimaça de l’emploi de son nom d’âme avant d’accepter du bout des lèvres.
— Qu’est-ce que tu me proposes ?
1re Partie
« Ô vous, êtres insensibles, vous qui avez oublié ce que murmure l’univers, gardez-vous des mauvaises pensées. Préservez le monde de vos mauvaises actions, car votre vision étriquée ne vous permet plus de voir venir l’orage.
Contre votre malice, les lyrnes rôdent. Et ils ont faim de votre Malveillance. »
Maxime valnoroise
Chapitre 1 : Ehsou
La foudre déchira le ciel, éclairant un instant les corps des monstres et des villageois avant que tout ne replonge dans l’obscurité de l’orage.
Bouclier dans la main droite, lance dans la main gauche, j’avançais prudemment dans l’allée principale, accompagnée de Nero et Suwah. La pluie drue n’offrait aucune visibilité, mais, si j’en croyais ma toile mentale, aucune créature hostile ne demeurait dans les environs.
Je m’autorisai un soupir en chassant l’eau de mon front.
C’était la troisième fois ce mois-ci que les lyrnes dévastaient un village. Difficile de dire ce qui les rendait si agressifs. Les attaques contre les voyageurs isolés n’étaient pas exceptionnelles, mais ils venaient rarement en meute massacrer des villageois.
J’eus du mal à détourner le regard du cadavre à mes pieds. Avec leurs gueules démesurées et leurs yeux rougeoyants, les lyrnes avaient de quoi terrifier même les plus âgés. J’avais beau être entraînée à combattre ce genre de créatures, mon cœur continuait de paniquer à leur simple vue.
Après tout, la moindre morsure était fatale.
— De toute évidence, la menace est écartée, pour le moment… commenta Suwah.
Je me tournai vers elle. Sous l’orage, ses cheveux habituellement bouclés et volumineux étaient devenus si lourds qu’ils se plaquaient sur son visage.
— Allons faire notre rapport, ajouta Nero d’une voix blanche.
Suwah et moi acquiesçâmes, puis nous remontâmes jusqu’au bâtiment communautaire, sous la protection des dragons qui poursuivaient leur surveillance depuis le ciel. Tous les survivants et les blessés avaient été réunis dans l’habitation centrale par notre brigade.
Plusieurs éclairs et coups de tonnerre déchirèrent les ténèbres, révélant à chaque fois la tragédie des morts sur notre chemin. La pluie aurait vite fait de nettoyer le sang qui maculait les pavés.
Suwah ouvrit la porte du bâtiment alors qu’avec Nero, nous portions un dernier regard sur le village ravagé. Ses yeux bleu glace ne m’avaient jamais paru si brûlants de colère.
— Ces bêtes sont une calamité, grogna-t-il.
— Si seulement on savait ce qui les attire…
— Une soif de sang démesurée, asséna Nero en entrant.
Je hochai la tête sans grande conviction. Il devait y avoir autre chose, sinon les attaques de villages de la dernière décennie ne se seraient pas comptées sur les doigts d’une main.
À l’intérieur de la bâtisse, les habitants étaient prostrés, terrifiés. Des enfants sanglotaient dans les bras de leurs parents, des aïeuls psalmodiaient à voix basse des prières aux esprits protecteurs et mes compagnons d’armes s’affairaient à aider ceux qui pouvaient l’être.
Alors que Nero rejoignait Suwah et les soigneurs, je m’avançai vers mon frère, Koumô, qui présidait ce triste spectacle. De trois ans mon aîné, il venait d’être nommé capitaine, en témoignaient les trois bandes dorées de son épaulette. Malgré son rang, ses yeux émeraude peinaient à dissimuler son inquiétude.
— Plus de lyrnes dans les parages ? questionna-t-il, son regard balayant la salle.
Je sentais une nervosité contenue dans sa diction plus sèche qu’à l’accoutumée.
— Aucun que l’on puisse percevoir en tout cas.
— Une fois, mais pas deux, commenta-t-il pour lui-même en portant son attention vers Val.
J’en fis de même, trouvant la jeune recrue à la cuisse déchiquetée dans les bras de Suwah. Il était la preuve même de la fourberie des lyrnes. Les première année ne nous rejoignaient qu’une fois le danger écarté, pour porter assistance aux soigneurs, mais dans ce cas précis, les dragonniers avaient mal quadrillé le secteur et un lyrne était resté en embuscade. Val allait payer cette erreur de sa vie.
Le cœur serré, j’abandonnai ma lance et mon bouclier contre le pilier central avant de rouler des épaules. Nos armures étaient plutôt légères, mais elles pesaient malgré tout sur la durée, et j’étais épuisée. Je me positionnai aux côtés de mon frère et lui demandai s’il avait pu en savoir plus sur les raisons de cette attaque.
Il me fit signe que non avec lassitude, passant une main nerveuse dans ses cheveux violets.
— Ils ont surgi sans prévenir, comme à chaque fois.
Je baissai les yeux pour fixer mes bras croisés.
— Les lyrnes ne viennent jamais rôder si près… rappelai-je.
— Ça arrive, rétorqua-t-il. C’est déjà arrivé, il y a sept ans, dans une autre région. Et ça ne fait que se multiplier ces derniers temps.
— Qu’est-ce qui pourrait les pousser à quitter leurs territoires pour attaquer de simples villageois ?
— Si seulement je le savais, Ehsou… Ce qui est certain, c’est que, quand les lyrnes attaquent, l’avenir est sombre.
Ma mâchoire se serra. Il avait raison, et pourtant j’aurais voulu lui reprocher son pessimisme. Malheureusement, si on ajoutait aux attaques de lyrnes l’agressivité accrue des vouivres contre les dragons d’Ajdaho et l’agitation anormale des griffons de Valmoria, il était évident que les créatures capables de magie sentaient que quelque chose se tramait.
— J’imagine que papa n’a toujours pas contacté l’Ordre ? commentai-je.
— Tu sais ce que la Confédération pense des Gardiens.
— Dans une situation comme celle-ci, tu m’excuseras de trouver ça stupide.
Le soupir qui me répondit assurait qu’il partageait mon avis.
— Va aider les soigneurs, m’ordonna-t-il d’un ton las. Dès que nous serons certains que la menace est écartée, il nous faudra retourner à Ajdaho.
J’acquiesçai en silence et m’armai mentalement pour faire face aux blessés. Ma maîtrise du hedj me permettait de résorber à peu près n’importe quelle plaie, mais je ne pouvais rien faire face aux délires fiévreux des soldats mordus. On avait beau soigner la chair, le poison des lyrnes était incurable. Je ne pouvais que tenir des mains fébriles comme ultime accompagnement alors qu’ils s’en retournaient au Noun.
Je passai devant Suwah, toujours au chevet de Val qui bredouillait des paroles confuses au sujet d’une amie d’enfance qu’il aurait voulu revoir. Mon amie leva un regard peiné vers moi, ses doigts caressant les cheveux du soldat.
J’enviais le calme qu’elle pouvait renvoyer malgré la tristesse. Je n’en étais pas capable. Je contenais du mieux que je le pouvais les tremblements de mes mains : je haïssais les lyrnes. Pourquoi devaient-ils massacrer sans raison tout ce qui se trouvait à porter de leurs crocs ?
— Princesse, m’interpella Tellou.
Je laissai échapper un souffle calme pour reconstituer un masque de façade et me tournai vers notre chef guérisseur.
— Vous voulez bien m’aider ? Je commence à fatiguer.
Depuis la paume de ses mains jaillissait la lumière chaleureuse du hedj, occupé à reconstituer chaque fibre sectionnée de l’épaule d’un villageois comateux.
— Un coup de griffe qui n’a pas touché d’artère, fort heureusement, exposa-t-il.
— Je vous remplace, assurai-je en m’asseyant près du blessé.
Je tendis les mains vers la plaie et invoquai ma magie de soin. Quand j’eus pris le relais, Tellou stoppa son propre hedj et s’assura que je m’y prenais bien. Soigner avec la magie ne se résumait pas à invoquer une lumière au-dessus d’une plaie, encore fallait-il « visualiser » la guérison. Ce qui nécessitait de connaître parfaitement l’anatomie que nous devions traiter, couche par couche.
— Je suis toujours impressionné par votre maîtrise, approuva-t-il. Vous avez bien hérité des compétences du roi votre père.
Je répondis d’un sourire crispé, mal à l’aise qu’il appuie si souvent sur ma filiation. Au sein de l’armée sanaise, j’étais une cadette comme les autres.
— Je connais la ritournelle : « les Aurion n’ont pas hérité du sobriquet de dynastie des thaumaturges pour rien ».
Tellou sourit à son tour.
— Pardonnez mes radotages.
— Il reste beaucoup de blessés ?
— Non. C’est le dernier que l’on puisse soigner. Les autres auront rencontré Nehit avant le lever du soleil.
Mon regard se tourna malgré moi vers Val, que Suwah berçait toujours.
— Il paraît qu’il n’existe pas plus cruelle mort que la morsure d’un lyrne, commenta le soigneur en suivant mon regard.
— Il n’existe pas plus cruel qu’un lyrne tout court, grognai-je.
— Je crains que si, Princesse. Au moins les lyrnes sont-ils guidés par leurs instincts. L’archón qui ourdit la guerre au sud, en revanche, a sciemment décidé d’envoyer des habitants désœuvrés contre la Confédération.
Je serrai la mâchoire en reportant mon attention sur la blessure que je soignais. Tellou avait raison. Notre pire ennemi se trouvait de l’autre côté de la mer. En envoyant ses habitants les plus désespérés, il faisait de nous des meurtriers sans scrupule.
Koumô disait vrai également : l’avenir s’annonçait sombre.
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