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Là où vit le soleil [Chapitre 1]
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Là où vit le soleil [Chapitre 1]
Oh, Father tell me, do we get what we deserve?
Kaleo, Way Down We Go
L’écran noir fissuré était posé devant elle sur la petite table basse encombrée. Elle mordillait une peau récalcitrante sur le bout de son index sans prêter attention au goût métallique du sang sur ses lèvres. Son esprit, englué dans une torpeur visqueuse, restait obstinément suspendu aux secondes qui s’égrainaient avec une lenteur désespérante sur la petite pendule de l’entrée.
Enfin, l’écran s’alluma dans un vrombissement sourd. Saisie d’un léger tremblement, elle appuya sur le cercle vert et approcha lentement de téléphone de son oreille.
— Allo ?
— Margot ? C’est Elisabeth Kraft. Je ne te dérange pas ?
— Non pas du tout, j’attendais ton appel.
— Je sors à l’instant du bureau du doyen, annonça-t-elle. Les nouvelles ne sont pas très bonnes.
Une boule dans la gorge, Margot retint sa respiration. Pendant quelques secondes, elle ne perçut que des claquements de talons sur les pavés et le tumulte métallique de la circulation. Un claquement de portière, puis le silence se fit.
— Je vais être claire. Il ne rouvrira pas le dossier. Pour lui l’histoire est classée. Sans preuve ou témoignage supplémentaires, il ne compte pas consacrer une minute de plus à ta plainte.
Elle avait déclaré cela d’une traite, comme un pansement arraché d’un geste vif. Mais il n’y avait pas de bonne façon de faire cette annonce. Une brûlure lui vrilla l’estomac et l’ancienne blessure se rouvrit, déversant à nouveau le pus de la culpabilité et de la colère. À l’autre bout du fil, l’accent slave, la rondeur des consonnes et la voix rauque de son interlocutrice formaient un bourdonnement dont elle ne percevait pas le sens.
— Margot, tu es là ?
— Oui, répondit-elle dans un souffle.
— Je suis vraiment désolée. Le point positif, c'est que tes heures de cours sont maintenues jusqu’à la fin de l’année. Ensuite… je te conseille de trouver un nouveau poste le temps que toute cette situation se tasse. Dans une fac de province qui n’aurait pas eu vent de cette histoire par exemple.
— Merci Elisabeth. Je vais y réfléchir.
Un silence lourd de déception et d’amertume tomba entre les deux femmes.
— Si seulement d’autres acceptaient de parler, nous pourrions, je ne sais pas, peut-être médiatiser l’affaire ?
— Non. Je crois qu’il est temps de mettre tout ça derrière moi. Je te remercie pour tout ce que tu as fait. Vraiment.
— Ne me remercie pas. Moi aussi, j'aurais aimé trouver au moins une personne qui me croit à l’époque. Tu n’es pas seule Margot. Prends soin de toi et surtout, n’hésite pas si je peux faire quoi que ce soit…
Margot raccrocha et fourra le téléphone entre les coussins du canapé. Elle aurait voulu ne plus jamais l’entendre sonner. Elle voulait à tout prix être seule. L’oreille en feu, elle ferma les yeux et plongea le visage entre les mains. Avec une précision déconcertante, elle se visualisa debout, seule, à quelques centimètres du rebord d’une falaise couverte d’une lande rocailleuse. Le sol sous ses pieds, le vent dans ses cheveux lui semblèrent tout à coup infiniment plus réels que l’appartement étouffant dans lequel elle se tenait. Le soleil couchant embrasait les nuages et dessinait une ombre immense derrière elle. Devant, dans le vide immense, l’océan grondait à un rythme régulier. Pendant une fraction de seconde, une idée la frappa comme une évidence brutale trop longtemps refoulée : elle n’avait qu’un pas à faire pour tout oublier.
Prise d’une secousse, elle bondit sur ses pieds avant de se précipiter à la fenêtre. Elle avait besoin d’air. Le froid humide de la ville claqua sur ses joues brûlantes. En contrebas de l’appartement, les klaxons et les cris des passants se mêlèrent à l’écho de l’océan qui vrombissait encore à ses oreilles. Sur Paris aussi le soleil se couchait. Mais ici, c’est un voile gris sale qui recouvrait le paysage et lui brouillait la vue. Non. Elle ne leur donnerait pas cette satisfaction.
La fenêtre grinça en se refermant et le silence l’enveloppa de nouveau. D’abord, il lui fallait trouver la force de passer cette soirée. Puis, elle pourrait surmonter la journée du lendemain. La semaine. Un mois. Puis un an. Le temps guérit tout, se dit-elle et elle s’accrocha à cette idée de toutes ses forces.
Aussi loin qu’elle s’en souvienne, l’insomnie avait toujours fait partie de sa vie. Petite, elle passait une bonne partie de la nuit, cachée sous les couvertures, à lire et relire les mêmes bandes dessinées, imaginant faire partie de ces aventures et vivre aux côtés de ses héros. En grandissant, les études puis le travail avaient peu à peu remplacé les livres de son enfance, mais le rituel était toujours resté le même. Elle s’usait les yeux jusqu’à ce que le sommeil la saisisse, puis tombait d’épuisement là où elle se trouvait alors que les premières lueurs de l’aube pointaient à travers les rideaux. Elle grappillait alors quelques heures d’un sommeil de plomb durant lequel le même rêve se rejouait en boucle. Toujours le même, les mêmes détails, encore et encore.
Depuis l’appel d’Elisabeth, cette routine s’était répétée chaque nuit, comme un refuge rassurant hérité de l’enfance.
Ce matin-là, alors qu’elle était tirée vers la surface du sommeil par une force invisible, elle sentit le rêve perdre peu à peu en intensité. Les couleurs s’affadissaient, les contours devenaient flous, et rapidement le paysage ne fut qu’un amas de taches lumineuses. Inexorablement, son esprit regagnait les rivages de la conscience. Elle aurait voulu prolonger l’instant, rester blottie dans la douce lumière de fin d’après-midi, admirer les landes verdoyantes, suivre la troupe qui s’éloignait. Qu’arrivait-il au garçon ensuite ? Elle ne l’avait jamais su. Elle ne le saurait sans doute jamais.
Elle pressa ses paupières l’une contre l’autre pour forcer le sommeil à revenir s’emparer d’elle, mais la lutte était perdue d’avance. Après une ou deux minutes, elle se résigna à ouvrir lentement les yeux, et les dernières réminiscences du rêve laissèrent la place aux ombres grises des stores qui striaient le plafond de l’appartement. Par la fenêtre, la lueur jaunâtre de l’éclairage public déposait sa lumière poisseuse tout autour d’elle. Doucement, elle reprit contact avec la réalité et s’assit au bord du lit froid, les yeux encore lourds.
Un coup d’œil rapide sur l’écran de son téléphone lui indiqua l’heure, bien trop matinale. 5h52. Paris s’éveillait déjà sous ses fenêtres. Elle se leva et se glissa sous la douche, espérant trouver sous l’eau brûlante un remède à la morosité.
Margot essuya la buée sur le miroir de la petite salle de bains d’un geste las. Ses cheveux mouillés, plaqués sur son front, gouttaient le long de ses tempes et jusque dans ses sourcils broussailleux. Armée d’une serviette sèche elle se contenta de les ébouriffer pour en évacuer l’humidité. Son regard était marqué de cernes profonds, hérités de nuits trop courtes et de longues soirées qu’elle passait penchée sur le petit écran de son ordinateur.
Après avoir enfilé un jean et un pull en laine, elle fourra dans son sac à dos en cuir fatigué son ordinateur et les copies corrigées qu’elle devait rendre à ses élèves, et enfin, elle sortit du studio en verrouillant la porte discrètement. Elle descendit les cinq étages qui la séparaient de la rue sur la pointe des pieds, et une fois dans la rue, inspira profondément l’air ambiant chargé d’humidité sale et de gaz d’échappement. Ce matin, elle n’avait pas la force de s’agglutiner aux centaines d’étrangers qui courraient déjà de métro en métro et décida de profiter de son heure d’avance pour se rendre à pied à l’université. Un peu de solitude était la bienvenue avant de passer la journée entourée de collègues renfrognés et d’étudiants trop bavards.
Son vieux casque sur les oreilles, elle lança une playlist adaptée à la météo cafardeuse qui avait pris possession de la capitale depuis plusieurs semaines, et commença à marcher, la tête enfoncée dans les épaules et les poings serrés au fond des poches.
Pour Margot, la ville était une agression permanente. Un mélange écœurant de bruits, d’odeurs et de promiscuité qui la rendait nerveuse dès qu’elle franchissait le seuil de son appartement. Ce matin, les bus lui semblaient passer trop près, et leur brouhaha mécanique lui faisait baisser la tête un peu plus à chacun de ses pas. Elle n’avait tout simplement jamais aimé Paris.
Arrivée sous l’impressionnant porche en pierre, elle jeta un regard à sa montre et accéléra en s’engouffrant dans le bâtiment. Ses pas rapides résonnaient dans les couloirs encore vides de l’université. Cet écho qui martelait le silence avait quelque chose de rassurant. La promesse d’un moment de répit avant la cohue. Ce café amer pris à la machine hors d’âge qui trônait dans le département des Sciences de la Terre, était un rituel qu’elle ne manquait jamais. Elle en avait fait le signal de départ de ses journées, et alors qu’elle pestait contre l’automate qui une fois de plus, avait gardé sa monnaie, elle entendit une voix familière s’élever derrière elle :
— Bonjour Margot ! Tombée du lit ce matin ?
Elle se retourna en affichant un sourire sincère et salua l’homme chargé de l’entretien qui terminait de vider les poubelles du couloir. Minuscule dans son uniforme trop grand, il la regardait de ses yeux pétillants, et affichait un grand sourire surmonté d’une magnifique moustache poivre et sel.
— Bonjour Martin ! Je voulais profiter du calme. Vous allez bien ?
— Tout va bien ! Mon grand garçon rentre d’Australie ce week-end. La famille, c'est tout ce qui compte, n’est-ce pas ?
— Sûrement… répondit-elle une boule dans la gorge.
La machine bipa pour indiquer que le café était prêt et Margot se retourna pour attraper le gobelet fumant en plastique beige.
— Bonne journée ! lança l’homme en s’éloignant.
— Bonne journée Martin.
Assise dans la salle 402 encore vide, elle resta quelques secondes figée, le sang lui battant les tempes. La famille. Voilà bien longtemps qu’elle avait perdu le sens de ce mot, pensa-t-elle en remontant le fil des messages sur son téléphone. Margot soupira, enclencha le mode silencieux et verrouilla l’appareil avant de le fourrer au fond de son sac.
Une demi-heure plus tard, les premiers étudiants commencèrent à arriver. Ils étaient tous en deuxième année de géoscience, et Margot les connaissait pour la plupart depuis l’année précédente. Elle aimait leur énergie et leur bonne humeur, et retrouvait en eux la passion qui l’avait animée lors de ses premières années à l’université. Durant quelques heures chaque semaine, ils la nourrissaient sans le savoir de leur joie de vivre et leur naïveté. Certains d’entre eux s’avéraient particulièrement brillants et elle leur prédisait déjà une belle carrière. À condition de tomber sur les bons mentors. Peu importe, d'ici à quelque mois, ce ne serait plus son problème, se dit-elle avec amertume.
Au bout de deux heures, elle fit un rapide passage par le secrétariat pour y déposer la feuille d’émargement. Elle avait pris l’habitude de longer les murs pour se fondre dans le décor, mais elle croisa malgré tout quelques collègues, simples chargés de TD ou professeurs émérites, qui lui lancèrent des regards lourds de reproches. Les chuchotements ne s’arrêteront jamais, réalisa-t-elle. Sans doute Elisabeth avait raison. Il lui faudrait tenter sa chance ailleurs, dans une petite université ou un lycée à la campagne. Mais comme à chaque fois que cette idée devenait trop tentante, elle s’en voulut d’abandonner aussi facilement. Elle avait tant travaillé pour mériter sa place parmi eux.
En fin d’après-midi, elle donna son dernier cours de la journée à des élèves de première année mi-blasés, mi-perdus, qui pour une bonne partie d’entre eux se demandaient encore ce qu’ils faisaient là. À la fin de l’heure, alors que les étudiants lui adressaient des bonsoirs timides en quittant la salle et qu’elle rangeait ses papiers dans son sac à dos, quelques coups discrets sur la porte vitrée et un raclement de gorge poli lui firent lever la tête.
Un homme grand et mince se tenait sur le seuil de la porte, s’écartant pour laisser passer les deux dernières étudiantes. Cheveux gominés plaqués en arrière, par-dessus bleu marine, attaché-case luxueux et costume trois-pièces à carreaux, il semblait tout droit sorti de Wall Street et dénotait furieusement au milieu de ce décor universitaire des années quatre-vingt à la peinture écaillée. D’un haussement de sourcil, Margot l’invita à expliquer ce qu’il voulait.
— Miss Margot Gilliatt ?
— Oui, c'est moi. Je peux vous aider ?
En deux enjambées souples, l’homme s’avança vers Margot la main tendue, un large sourire révélant des dents blanches parfaitement alignées.
— Neil Hamilton, je suis ravi de vous rencontrer.
Margot tiqua en entendant l’homme s’adresser à elle dans un français parfait malgré un accent britannique prononcé, teinté d’intonations plus gutturales et moins maîtrisées. L’air circonspect, elle serra la main manucurée qu’il lui tendait et attendit qu’il continue.
— Je suis avocat à Edimbourg, en Écosse. Mon cabinet travaille pour une fondation privée, et nous sommes à la recherche de spécialistes pour une mission de recherche. Votre profil a attiré notre attention. Auriez-vous quelques minutes à m’accorder ?
Elle crut d’abord à un canular, mais devant le regard assuré de l’avocat, sa curiosité fut piquée.
— Je dois attraper mon bus, pouvez-vous m’expliquer tout ça en marchant ?
D’un geste galant, le sourire aux lèvres, l’homme lui désigna la porte et ils commencèrent à marcher côte à côte dans les couloirs presque déserts.
— La fondation Harbard qui m’emploie détient une autorisation exceptionnelle d’effectuer des fouilles sur un terrain militaire au nord de l’Écosse. Connaissez-vous la région Miss ?
— En théorie oui. J’ai travaillé sur le gneiss lewisien pour mon mémoire de recherche en cinquième année… Mais vous le savez sans doute déjà, non ?
De plus en plus méfiante, Margot marchait vite obligeant l’homme à allonger sa foulée, et ils traversaient maintenant la cour de l’université sous un crachin glacé. La nuit était tombée depuis plus d’une heure sur Paris et les passants, pressés d’attraper leur métro, formaient un balai désorganisé de silhouettes anonymes sur les trottoirs humides.
— Vous êtes perspicace Miss ! Tout à fait, comme je vous le disais, votre profil s’est rapidement distingué. Nous avons besoin d’un chercheur qui connaisse le sous-sol des Highlands. Notre recrue devra également être disponible pour une mission de plusieurs mois, disons. Votre CV et votre situation personnelle nous ont semblé correspondre à nos besoins.
L’arrêt de bus en vue, Margot hésita quelques secondes sur la suite à donner à cette conversation. L’homme paraissait très — trop ? — Bien renseigné sur son compte. Elle s’arrêta pour lui faire face, les mains passées dans les bretelles de son sac à dos, elle observa son interlocuteur pendant un instant. L’homme resta impassible, un léger sourire sur les lèvres en attendant la suite. Même si elle n’avait jamais été très douée pour jauger les gens, elle ne distingua aucune trace de mensonge ou de doute dans son expression. Il avait simplement l’air d’un homme très professionnel effectuant sa mission avec beaucoup de confiance quant au résultat.
— Si c’est une proposition de poste que vous êtes en train de me faire, laissez-moi votre numéro, je vous rappellerai. Mon bus va bientôt arriver. Comment s’appelle votre fondation déjà ?
L'avocat glissa la main dans la poche intérieure de son par-dessus et en retira une carte de visite qui lui tendit d’un geste élégant, pincée entre le majeur et l’index.
— Appelez-moi demain matin pour discuter des détails de la proposition. Goonight Miss.
Elle saisit la carte de visite et regarda, dubitative, l’homme s’éloigner sous la pluie en resserrant les pans de son manteau hors de prix. Elle resta un moment à fixer le petit rectangle de papier entre ses doigts : sur un recto minimaliste, le nom de l’avocat et son numéro de téléphone étaient inscrits en noir sur fond blanc, et au verso, un simple sigle représentant trois triangles entremêlés dominait le nom du mystérieux organisme : Harbard Foundation.
Sortant de sa torpeur, Margot se mit à courir pour se glisser in extremis dans le bus, juste avant que les portes ne se referment. Elle passa le trajet, perdue dans ses pensées, le regard tourné vers Paris et ses millions d’habitants aux mines fermées, courant sous la pluie les bras chargés de paquets. Les mains dans les poches, elle serrait la petite carte entre ses doigts et se demandait si elle n’avait pas là un ticket pour quitter cette vie qu’elle ne supportait plus.
Arrivée chez elle, Margot jeta manteau, chaussures et clés au pied d’une petite commode surchargée près de la porte d’entrée, avant d’attraper son ordinateur dans son sac à dos.
Elle voulait en savoir plus sur la fondation. Repoussant une assiette sale et quelques piles de livres, elle posa son ordinateur sur la petite table de la cuisine avant d’ouvrir son navigateur, le cœur battant la chamade. À la requête « Harbard Foundation », Google lui afficha un étrange petit pêcheur à cornes surmonté du message « Aucun document ne correspond aux termes de recherche ».
Margot en resta bouche bée et se laissa tomber sur le dossier de sa chaise. Qui était cet homme ? En tapant son nom dans la barre de recherche, elle eut la confirmation qu’il était bien avocat. Diplômé de l’Edinburgh Law School, il s’était distingué en défendant avec succès des magnats de l’industrie et des financiers aux activités plutôt louches, ce qui lui avait valu quelques Unes dans les journaux économiques britanniques. Si la mystérieuse fondation avait su rester discrète sur le web, le curriculum vitae de l’avocat en revanche, donnait un peu plus de crédit à cette étrange discussion.
Une nuée de questions fit son apparition dans son esprit. Elle n’en apprit pas plus en fouillant dans la base de données commune des instituts de recherche en géologie. Aucune découverte majeure, aucun chantier de fouille n’avait été signalé récemment dans la région des Highlands. Les yeux dans le vague, elle se contentait de mastiquer les noodles instantanées sans goût devant un reportage auquel elle ne prêta pas la moindre attention. Peu avant minuit, elle rendit les armes et récupéra la carte de visite abandonnée sur la table basse. Son message tenait en quatre mots laconiques : « Je vous appelle demain. ». Nul n’aurait pu y déceler l’espoir qu’il renfermait et pourtant elle sentait déjà l’impatience gonfler au creux de son estomac.
Photo de couverture : Valentin via Unsplash

