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Chapitre 1 – Mansfield House

Chapitre 1 – Mansfield House

Publicado el 23, jun, 2025 Actualizado 23, jun, 2025 Esoterism
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Chapitre 1 – Mansfield House

Chapitre 1 – Mansfield House


Mansfield House était une vente immobilière importante, et Janet Liddell sentait son cœur prêt à exploser à chaque mètre qui la rapprochait de la vieille bâtisse. Une signature... Une signature de rien du tout, et Mansfield House serait de l’histoire ancienne. Vendue. Prête à la rénovation. Peut-être qu’avec un propriétaire et une nouvelle allure, les villageois l’oublieraient un peu.

Janet ne connaissait pas la nervosité, même quand elle s’apprêtait à conclure une vente immobilière telle que Mansfield House. Mais revenir ici, comme ce soir, et s’engager sur la longue allée menant à la maison... Le passé affluait comme une mauvaise crue, et cette crue emportait avec elle même les souvenirs agréables. Elle tâchait néanmoins de se souvenir la raison de sa venue : Joshua Cree s’apprêtait à signer les derniers papiers de la vente. Enfin, après de longues années sans parvenir à se débarrasser de cette maudite baraque, quelqu’un s’était décidé à l’acquérir, elle, Mansfield House... et les secrets qu’elle renfermait.

Tant pis pour lui.

Les mains crispées sur le volant, Janet roula vers la haute demeure. Mansfield House se cachait derrière les hêtres pleureurs et les rameaux aplatis des cyprès. Janet frissonna. Elle ne partageait pas les goûts superstitieux de son père – elle avait seulement hérité de lui son sang-froid –, mais l’ancien propriétaire, un écrivain célèbre, prétendait tout de même entendre des voix qui lui dictaient ses histoires. Là, entre ces solides murs de pierres, il avait écrit pas moins de quarante romans bercés de folklores divers et variés, d’errances fantomatiques et d’amours maudites. Des romans impeccables au goût de Janet, mais bel et bien écrits de la main d’un homme. Ce qu’il appelait « ses voix », après tout, n’était peut-être que les murmures d’une imagination fertile.

Janet ralentit quand elle approcha de la maison. Lierre et glycine se disputaient la façade. La fontaine, devant, ne déversait plus ses agréables jets d’eau comme autrefois. Un nouveau frisson parcourut Janet quand elle se gara à côté et qu’elle ne remarqua aucun autre véhicule ; elle était malheureusement seule ici.

Encore, soupira-t-elle en descendant.

Mansfield House dégageait un charme certain, précieux, quoique démodé. En sa qualité d’agente immobilière, Janet ne le démentirait pas, mais une aura trouble enveloppait les lieux. Ces murs avaient abrité trop de malheurs, en plus de quatre-vingt-dix ans, pour laisser la jeune femme insensible. À ces heures sombres s’ajoutait la pluie, qui se remit à tomber en abondance.

Janet récupéra sa pochette sur le siège passager et les clefs dans la boîte à gants. Elle releva la capuche de son manteau, puis quitta sa voiture pour courir jusqu’au perron.

Les averses répétitives rendaient les marches glissantes, et Janet se rattrapa de justesse à la rampe vermoulue. Le souffle coupé, elle glissa la clef dans la serrure, joua un peu avec la vieille poignée, puis la lourde porte s’ouvrit dans un gémissement sinistre.

Janet connaissait par cœur les silhouettes blanches du mobilier, drapé de longs tissus chargés de poussière, mais, chaque fois, c’était le même nœud au ventre. Mansfield House était si belle malgré tous ses drames, et Janet ne pouvait s’empêcher de repenser à son père, à combien il aimait cet endroit et les longues après-midis passées ici. Les murs de la maison suintaient une mélancolie douloureuse. Ils étaient la tristesse, l’apathie, l’éclat terne d’une décadence révolue.

Le bras devant le nez, Janet éternua. La maison manquait de chaleur, et, même avec un bon feu de cheminée et des occupants, rien ni personne ne parviendrait à lui en conférer. Les ombres de Mansfield House erreraient encore longtemps dans l’esprit collectif, mais, si elle changeait de visage... avec quelques peintures fraîches par-ci... de nouvelles fenêtres par-là... Janet, pour sa part, y avait organisé plusieurs visites, et la maison en charmait plus d’un, mais les histoires réfrénaient leur enthousiasme. Fut une époque, pas si lointaine, où Janet supposait que Mansfield House disparaîtrait pierre par pierre, et qu’elle emporterait avec elle les tragédies qu’elle avait vues.

— Mr Cree ? appela-t-elle en s’avançant entre les meubles couverts.

D’un geste nerveux, elle enclencha un interrupteur. Rien ne se produisit.

Évidemment, se reprocha-t-elle.

— Mr Cree ?

Elle jeta un coup d’œil à sa montre connectée : dix-huit heures et dix minutes. Joshua Cree aurait dû la rejoindre, déjà. Elle s’agaça de ce manque de ponctualité, puis entreprit de vérifier l’intégralité du rez-de-chaussée, au cas où. Pour s’occuper parmi ces fantômes de bois et de tissus. Si elle ne pensait qu’à sa vente, elle finirait par avoir la surprise de tomber sur Mr Cree, et tout rentrerait dans l’ordre – à commencer par les battements de son cœur.

Dieu qu’elle détestait être ici ! Pas seulement à cause des élucubrations du vieil Horace Pingsley – par ailleurs, elle adorait ses romans noirs, péché mignon d’une adolescence passée entre les pages des livres, plutôt que dans les soirées. Elle aurait même aimé le connaître aussi bien que son père, parler avec lui de ses intrigues et de la facilité avec laquelle il paraissait décrire le genre humain. Mais, quand elle venait ici, petite, elle préférait se perdre dans les couloirs en s’inventant ses propres histoires. Mansfield House avait appartenu à son enfance. Elle en avait été un pilier, un point de repère, et puis... Aujourd’hui, elle rêvait à s’en débarrasser, alors, si Mr Cree lui faisait faux bond…

Ne me dites pas que vous ne la prenez plus, espéra-t-elle, plus exaspérée que fâchée.

Le bruit d’un moteur lui parvint comme une infirmation bienvenue. Janet revint sur ses pas et s’octroya un soupir de soulagement en apercevant le véhicule de Mr Cree garé sur les gravillons.

— Mr Cree ! salua-t-elle son acheteur en le rejoignant sur le perron.

Derrière lui, une masse de nuages prenait de l’épaisseur, chargée d’électricité.

— Désolé pour l’attente, un accident de la route m’a retardé.

Fausse excuse ou vérité, Janet ne le saurait jamais. En tout cas, le ton et les yeux bleus de l’intéressé semblaient sincères.

— Pas de problème.

Un mensonge éhonté pour ne pas paraître grossière. En d’autres circonstances, Janet se serait moquée d’attendre, ça faisait partie du job, mais pas à Mansfield House, pas en connaissant son histoire, depuis sa construction dans les années 30 jusqu’à Horace Pingsley.

N’y pensons plus.

Dans moins de dix minutes, Mr Cree signerait ses fichus documents, et Mansfield House serait tout à lui.

Des gouttes de plus en plus grosses s’écrasaient sur les marches quand Janet lui offrit d’entrer pour conclure la vente.

— Il fait un froid de canard, constata-t-il en traversant le hall.

Comme toutes les fois précédentes, songea Janet.

Cette maison n’était pas saine à vivre, elle le sentait au plus profond d’elle-même. Pourtant, Joshua Cree ne semblait pas réceptif à l’atmosphère glaciale qui se répandait dans les couloirs et s’insinuait dans chaque pièce. Hormis aujourd’hui. Maintenant. Oui, il faisait un froid de canard à Mansfield House. Malgré la chaleur en été ou la tiédeur du printemps, la température peinait à monter. Bien sûr, Janet savait que l’histoire de la propriété n’influençait pas son état ; il ne s’agissait que d’un ressenti, et il avait gagné en puissance à chaque nouveau drame. Il s’était imprimé dans la mémoire collective comme autant de lettres sur les pages d’un roman, et certaines histoires ne meurent jamais – Horace Pingsley en était la preuve.

— J’espère que vous n’avez pas poireauté trop longtemps, quand même, s’excusa encore Mr Cree, alors qu’elle préparait le dernier document sur la table de la salle à manger. J’ai été retenu à la rédaction, et puis il y a cet accident.

Il est journaliste, se souvint Janet.

L’homme responsable de la mort de son père exerçait, lui aussi, cette profession. La perspective que des gens fouinent dans la vie privée d’autres gens donnait à Janet la nausée.

Elle se concentra sur les papiers de la vente, plutôt que les souvenirs emprisonnés parmi les meubles drapés, l’énorme buffet, au fond de la pièce, la grande table, les lourdes chaises disposées autour.

Le tonnerre roula longuement au loin, la ramenant dans l’instant présent.

— Si mon père avait encore été de ce monde, commença Mr Cree, un sourire nostalgique sur le visage, il m’aurait tiré les oreilles : « On ne laisse pas attendre une dame ! »

— Ce sont des mœurs d’un autre temps, si je puis me permettre, l’excusa Janet.

Le sourire de son acheteur s’évanouit et ses lèvres se pincèrent. Dans ses yeux, l’éclat céda la place à une ombre.

— Un peu comme cette maison. Vous vous demandez pourquoi je l’ai achetée, non ?

— Le mystère demeure, effectivement, admit Janet.

Elle n’eut pas l’énergie de lui répondre qu’elle s’en fichait, tant que Mansfield House disparaissait de sa vie.

Signez vite avant qu’on n’y voie plus rien, s’impatientait-elle.

L’obscurité gagnait du terrain à cause des nuages, et elle préférait autant repartir au sec.

— Je vous montre ? lui proposa Mr Cree.

Janet entrouvrit la bouche, prête à refuser poliment, mais le sourire de son acheteur parlait pour lui. Elle jeta un coup d’œil par-dessus son épaule, la pluie tombait si fort qu’elle brouillait les vitres. Trop tard pour repartir au sec, alors, Janet céda. Plus tard, sa curiosité la remercierait peut-être.

Elle emboîta le pas à Mr Cree dans le dédale de couloirs. Les tapisseries défraîchies, florales, brunes et orangées se succédèrent. Des appliques de verre, de laiton et de marbre semblèrent les entraîner des décennies en arrière. Ils longèrent des portes fermées jusqu’à atteindre celle au bout de ce corridor, close, elle aussi. Quand Mr Cree posa la main sur la poignée, Janet se tendit. Elle ignorait pour quelle raison elle redoutait l’ouverture de cette porte. Responsable de la vente, elle était entrée des dizaines de fois dans le bureau de Horace Pingsley. Elle avait marché sur ses épais tapis, tiré les lourds doubles rideaux pour laisser entrer la lumière... La pièce bénéficiait d’un excellent éclairage naturel par temps clair. Aujourd’hui, elle ne proposerait que des recoins sombres d’étagères interminables, les Ténèbres engloutissant les livres les plus enfoncés.

Janet retint son souffle quand le battant tourna sur ses gonds. Il cogna contre l’étagère, juste derrière, sur laquelle se succédaient trois cadres débarrassés de leurs photographies. Un bibelot tremblota, avant de se stabiliser.

— C’est donc le bureau de Horace Pingsley qui vous a poussé à vous installer ici ?

— J’espère y retrouver un manuscrit perdu... mais ne le dites à personne !

Prise au dépourvu, Janet ne put que hocher la tête. Un manuscrit perdu ? Était-ce pour un article ? Bien sûr que non. Ridicule. Il fallait avoir perdu la raison pour acquérir une telle propriété dans le seul but de rédiger un article.

— De quoi parlerait ce manuscrit ? se renseigna-t-elle, tandis que Mr Cree effectuait un tour rapide des lieux.

— Ça, je ne peux pas vous le dire !

— Vous craignez que je déballe tout, je comprends.

— Non, non. C’est que j’ignore moi-même de quoi il parle. Je sais juste qu’il existerait et je me dis que le meilleur endroit où chercher est le bureau de Pingsley.

Janet trouva à son acheteur un enthousiasme sincère, presque enfantin, à la veille de Noël, mais elle ne parvenait pas à le partager. On ne donnait pas tout un pan de sa vie à une maison comme Mansfield House pour satisfaire une curiosité. C’en était presque indélicat de déranger ses fantômes pour cette chasse au trésor littéraire.


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