L’érotisme, c’est de donner au corps les prestiges de l’esprit. 
Georges Perros 

Une vie d'amour - 07 - Tarbes

La pluie tombait à verse sur Tarbes, noyant l’horizon d’un manteau de grisaille. En contrepartie, l’air était frais et l’atmosphère apaisante. Un instant zen après la chaleur étouffante d’un mois de juin dont les normales saisonnières n’avaient pas résisté au réchauffement climatique. Elle se tenait en nuisette noire dans l’encadrement de la porte donnant sur le petit jardin secret qu’elle partageait avec Gabriel, un mug fumant d’une infusion matinale lové dans le creux de ses mains. Elle se mit à sourire et chantonner sur « Stolen Car » de Mylène Farmer accompagnée par Sting. Il était réveillé à son tour.
Elle n’eut pas à attendre bien longtemps avant de sentir deux bras tendres venir la ceinturer par la taille. Sa douceur et sa tendresse l’enveloppaient dans un cocon d’amour comme nul autre n’avait su le faire auparavant. Chaque fois qu’ils se croisaient, chaque fois qu’ils s’approchaient l’un de l’autre, c'était le même témoignage de cet amour qu’ils partageaient. Gabriel disait souvent que l’amour se trouvait dans les gestes quotidiens. Une maxime qu’ils appliquaient tous les deux à la lettre depuis maintenant six ans et qui leur convenait très bien. Ils restèrent un moment ainsi. Maria dans les bras de son homme, la tête renversée sur son épaule, serrant son mug dans les mains et enveloppée de l’amour qu’ils se portaient l’un à l’autre.
— Comment va ma douceur ce matin ?
— Elle allait déjà très bien, mais elle va encore mieux depuis quelques minutes.
Elle se retourna et ils s’embrassèrent avec toute l’attention que mérite ce moment si particulier. Il posa sa main chaude sur sa joue. Ainsi, il aimait la voir tressaillir comme toujours à ce moment-là et prenait le temps de regarder ses yeux se plisser de plaisir. Elle fit de même d’une chaude caresse, il ferma les siens pour apprécier ce geste si anodin et qui était pourtant une déclaration d’amour en bonne et due forme. Ils plongèrent leur regard à nouveau l’un dans l’autre et s’étreignirent plus intensément.
Lorsqu’ils rentrèrent, Mylène avait laissé place à Françoise Hardy qui parlait de son amie la rose. Gabriel alluma des bougies et se dirigea vers le lave-vaisselle afin de ranger ce qui avait servi à fêter l’anniversaire de Maria la veille au soir. Elle allait l’aider, mais il s’y opposa en attrapant sa main qui plongeait vers un panier. Il s’en servit pour la faire tournoyer jusqu’à ce qu’elle se retrouve de nouveau dans ses bras, son dos reposant une nouvelle fois contre son torse. Posant un baiser au creux de son oreille, il lui murmura :
— Aujourd’hui encore, c'est fête pour toi mon amour. Demain, tu retournes travailler, alors laisse-moi faire et vas profiter d’un bain chaud qui t’attend à l’étage.
Maria ne se fit pas prier longtemps.

La salle de bain baignait d’une lueur rouge orangé alimentée par des bougies parfumées que Gabriel avait disposé de manière éparse avant de la rejoindre. Elle sourit à cette petite attention qu’il avait préparée dès le réveil, avant même de descendre. Un diffuseur d’huiles essentielles vantait les mérites du pin des Landes en laissant planer l’odeur caractéristique de la résine odorante. Maria laissa glisser sa nuisette et entra dans l’eau chaude avec précaution, tout en laissant échapper un soupir de satisfaction proche de la jouissance. En bas, elle entendait le bruit de la porcelaine tandis que Gabriel s’occupait de ranger. Le temps commença alors à s’étirer tandis qu’elle pénétrait dans cet état d’entre-deux, entre conscience et inconscience, entre rêve et réalité. Les sons ambiants devenaient lentement plus feutrés, comme recouvert par la couverture de sa propre respiration.
C’est à ce moment-là qu’elle le vit. Engourdie dans ses songes, elle n’avait laissé s’ouvrir qu’une faible fente entre ses paupières. Mais, il était bien là. Vague forme spectrale nimbée par la chaude lumière des bougies, il ondulait dans les volutes de la vapeur d’eau qui se dégageait du bain. Il était inutile d’en voir davantage, elle le connaissait par cœur. Sa façon d’être, de bouger, de toucher. Le contact de sa main était à lui seul une signature tactile dont elle ne se lassait pas. Elle referma les yeux pour se concentrer sur le chemin qu’empruntaient les doigts de Gabriel. Ils avaient démarré au niveau des orteils droits et avaient passé sa délicate cheville avant de caresser son mollet. Le pouce d’un côté et les autres doigts de l’autre, ils avaient fra