¡Felicidades! Tu apoyo al autor se ha enviado correctamente
avatar
transe amoureuse

transe amoureuse

Publicado el 30, sept, 2025 Actualizado 30, sept, 2025 Drama
time 3 min
0
Me encanta
0
Solidaridad
0
Wow
thumb comentario
lecture leer
1
reacción

Chaque année, quand l’hiver entrouvre sa gueule, c’est à toi que je pense.

Je m’emmitoufle dans ce grand manteau noir où nous rentrions à deux, je ressors nos sweats.

J’ai envie de fumer des menthols face au Léman, de remonter à pied la vieille ville,

de t’apporter un café et de discuter une heure avec toi dans ton cabinet de Champel,

avant de rentrer dans notre appartement de la rue des Contamines.

Le soir, on irait dîner au restaurant. On picolerait trop, on s’engueulerait sur le chemin du retour,

puis on arriverait quand même à faire l’amour. Et l’après, je ne veux pas m’en rappeler,

de ces nuits poudreuses où nos crânes se fendaient en deux.

J’ai envie de kétamine ce matin. C’est ce froid-là.

Le désir d’être à nouveau deux oies sauvages entamant leur migration. On écouterait nos playlists de salon de massage, en décrivant la moindre sensation de ces oiseaux migrateurs qui percent la première couche de nuages pour suivre le soleil.

Ouvrir nos ailes et nos respirations, sentir le vent qui caresse nos ventres duveteux.

Je suis l’immense Aka de Kebnekaise, et je te porte, mon Niels Holgersson.

Ne cesse pas de voler.

Si tu as faim, ouvre ton bec et avale cet air froid et salin des fjords.

Et bientôt, la nuit se déchirerait en membrane.

Les étoiles deviendraient des tatouages sur nos peaux sœurs de l’angoisse, rouges, s’effritant en squames.

Les montagnes se coucheraient telles des bêtes battues, laissant nos ombres planer sur leurs flancs.

Nous croiserions d’autres escadrilles : des nuées de corbeaux hurlants, des cigognes égarées,

des rapaces qui n’ont plus faim mais qui nous poursuivent quand même, par instinct.

Au-dessus de la Baltique, la mer serait une nappe de mercure.

Nous volerions si bas que nos reflets se briseraient sur les vagues en carcasses de larges squales.

Tu rirais, minuscule cavalier agrippé à mon dos, et ce rire malin fendrait ma poitrine d’un coup de hache.

Il s’en échapperait en pluie un lait épais et doux.

Je me promène encore parfois, mon amour,

dans nos forêts de transe amoureuse,

le corps en friche,

la bouche pleine de ces papillons bleus.

Mes doigts s’immiscent

dans la cicatrice de ton appendicite.

Je t’arrache foie et reins,

je m’y abreuve,

louve assoiffée.

Je me repais

de tes organes.




lecture 46 lecturas
thumb comentario
1
reacción

Comentario (0)

Tienes que iniciar sesión para comentar Iniciar sesión

Puedes hacer una donación a tus escritores independientes favoritos para apoyarlos

Seguir descubriendo el universo Drama
Contrariété
Contrariété

Un mot d'un dictionnaire, ma définition, votre sourire, ma joie...

Bernard Ducosson
1 min
Compassion
Compassion

Un mot d'un dictionnaire, ma définition, votre sourire, ma joieOffrande aux malheurs d'autrui,...

Bernard Ducosson
1 min
Impuissance
Impuissance

Un mot d'un dictionnaire, ma définition, votre sourire, ma joieDans tous les cas pour un gars p...

Bernard Ducosson
1 min
La tâche
La tâche

Des mois qu’elle passe devant cette boutique qui l’intrigue, qui l’interroge qui parfois l’obsède. Comment peut-e...

Emilie Yelow
15 min
Lette à Élise
Lette à Élise

LETTRE A ELISENous sommes quelque part, dans un pays francophone, en une époque non p...

James Cotantin
9 min
Anatomie d'une leçon
Anatomie d'une leçon

Ils me portent par ce froid matin d’hiver de l’an 32. Ils franchissent un couloir étroit, puis tournent sur leur gauche. Ils...

James Cotantin
5 min

donate Puedes apoyar a tus escritores favoritos

promo

Download the Panodyssey mobile app