Page 2 - Devant l'école
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Page 2 - Devant l'école
Ce matin j'ai déposé les gosses à l'école.
C'est un sacré bordel l'école le matin.
Y a tous ces enfants qui courent, qui crient...
Y a ceux qui passent le portail sans encombre et ceux qui s'y accrochent comme on se retient à ce qu'on peut pour ne pas tomber dans le vide. Et puis il y a les parents...
Ceux qui bossent, qui traînent pas, qui disent ''comme d'hab'' quand la maîtresse demande si l'enfant mange à la cantine, et puis qui bisent leurs mômes, une fois sur deux, avant de s'enfuir, et ceux qu'ont rien d'autre à faire que de tailler le bout de gras devant le portail pour empêcher les premiers de passer.
Y a cette mère qu'à la gueule d'une ancienne miss Picardie et qui défile dans la cour comme sur un podium avec son blondinet habillé en choriste. Rien ne dépasse, aucun faux pli, ni épi. Les couleurs sont accordées, des socquettes au rimmel. Cette femme est irréelle, c'est une poupée Barbie qu'on range le soir et qu'on ressort de sa boîte le matin. Elle ne dort pas dans un lit, elle ne ronfle pas, ne bave pas, ne pète pas...
Elle n'est jamais décoiffée, débraillée... Les moustiques et les microbes n'osent l'approcher tant elle leur paraît inaccessible. Elle est en plastique, moulée dans les plumes et la soie. Elle me dégoûte.
Y a ce père, clope au bec, qui affirme ne pas avoir Internet chez lui parce qu'il tient à protéger son gamin du danger des ''voleurs de données'' : ''j'ai pas confiance ! '' dit-il entre deux volutes de fumée. Ce père est un héros ! Grâce à lui, l'identité de son fils est préservée, la Silicon Valley ne connaîtra jamais ses centres d'intérêt, ses goûts en matière de musique, de cinéma... ses passions. Ils ne sauront rien de lui, ni son nom, ni son âge, ni son adresse et encore moins l'état de santé de ses jeunes poumons...
Y a celle qui peste contre ses 5 petits diables intenables et qui ne comprend pas pourquoi ils se comportent ainsi, alors qu'une heure plus tôt, ils étaient sages comme des anges, avant de partir, avant d'éteindre la télévision.
Y a ce père qui se trompe de classe parce que : ''d'habitude c'est sa mère qui l'emmène... ''
Faut le comprendre, sa fille n'est ici que depuis une dizaine de mois...
Y a les parents qui se connaissent et ceux qui s'évitent, ceux qui se voient le week-end pour des grillades et ceux qui se voient en semaine pour des ''glissades''.
Y a les parents, les grands-parents, les oncles, les tantes, les nourrices...
Et y a moi.
Moi qui me cache derrière mes deux petits printemps et mes lunettes de soleil.
Moi qui espère ne pas être vu.
Moi qui veux juste faire le job et rentrer dans ma tour.
Moi qui voudrais être ailleurs, dans un lieu calme et silencieux, à l'abri des regards inquisiteurs, des jugements, des critiques.
À l'abri des gens comme moi...
Moi qui ne me supporte pas, et qui ne trouve de force qu'en présence de mes enfants, dans leur façon de me regarder, en leur tenant la main, en déposant un baiser sur le front et en leur disant que je les aime.
À ce soir...
Oren Le Conteur hace 9 meses
Tellement 🌹
Odette Charlier hace 9 meses
L'entrée d'une école est un révélateur. C'est un microcosme où vous laissez votre enfant. Tu décris très bien cela.
Oren Le Conteur hace 9 meses
merci beaucoup Odette 🌹
Amelie Rollet hace 9 meses
Je fuie la sortie des écoles, comme les discours de Macron 😅 je crois que c'est le pire endroit pour perdre confiance en soi.