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Chapitre 6 : La vie est une rencontre perpétuelle avec l’inconnue. 

Chapitre 6 : La vie est une rencontre perpétuelle avec l’inconnue. 

Publicado el 8, nov., 2021 Actualizado 8, nov., 2021 Curiosidades
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Chapitre 6 : La vie est une rencontre perpétuelle avec l’inconnue. 

 

Image de tumisu

 

Chapitre 6 : La vie est une rencontre perpétuelle avec l’inconnue.

Rêver, chanter, danser, faire la fête, s’engager dans des projets avec de réelles chances de réussir, tout ça, j’en avais oublié le sens. Je ne vivais plus ma vie. C’est elle qui me portait où elle le souhaitait. Et, quand j’y pense un tant soit peu, depuis la fin précipitée de mes parents, je n’avais jamais vraiment géré quoi que ce soit. Cela me fit ressentir un drôle de sentiment quand je le réalisai enfin. Il avait fallu que je sois au fond du gouffre de la désolation, perdu dans les méandres de mes pensées, sombres et chaotiques, pour finalement faire le point sur ma vie. Comme certains le dénomment si bien, remettre de l’ordre dans ces affaires. Véritablement, jusqu’à ce jour, qu’avais-je accompli ? De brillantes études ? Certes. Mais, je ne le faisais pas pour moi. J’essayais d’honorer la mémoire de mes parents. Cette université était la leur. Leur diplôme, leur trophée, les plus tendres moments de leur adolescence s’étaient passés là-bas. Depuis leur disparition, je n’avais connu que cette sensation de vide, de souffrance, j’avais un grand manque de confiance en ce que j’étais. Constamment, je me réfugiais derrière mes bouquins de math, de sciences, de technologies. Mon bouclier, mon armure étaient composés de papier et de mots que l’on qualifiait de bizarreries. Oui, j’étais bizarre … pour les autres. Mon monde n’était pas le leur. Les gens n’apprécient pas que l'on soit différent. Il n'accepte pas ce qu'il ne souhaite pas connaître.

J’étais là, devant ces maisons qui me rappelaient ces périodes de vacances, où ma grand-mère m’amenait, pour rendre visite à la famille. Mon père, ma mère, avait vécu toutes leurs enfances en Normandie. Ils y avaient fondé leur foyer. Ils construisirent brique après brique la vie qu’ils souhaitaient. Mais les déboires de nos existences laissent toujours un goût amer sur notre route, contrecarrent toujours nos plans sur la comète. Hélas, quand ma mère perdit tragiquement ma sœur encore à l’état de fœtus, suite à un accident de voiture, elle mit fin à ces jours. Elle ne put supporter cette perte, l’enfant qu’elle porta durant des mois. Le chagrin ne tarda pas à emporter mon père dans sa détresse, me laissant seul. Ce double abandon, jamais je ne pus me résoudre à l’accepter. On dit qu’il ne faut pas vivre dans son passé, qu’il faut effacer ce qui ne va pas, ce qui nous laisse cette part d’obscurité qui subsiste dans nos vies. Mais, sincèrement, comment y parvient-on ? Je n’ai jamais trouvé de formules magiques pour que cela devienne possible. J’aurais pu me servir de ces souffrances comme une force, mais je n’ai pas pu m’y résoudre. Les psys, la famille, ma grand-mère, tous ont essayé de m’aider à exorciser mes démons. Mais pour cela, fallait-il encore savoir quel type de monstre habitait au plus profond de mon cœur. Personne ne peut prétendre connaître les douleurs d’autrui. Mais, la race humaine étant dotée de ce pouvoir sans limites qu’est le jugement, et, elle se sent parfaitement capable de s’en servir à tour de bras. Ce don de croire que l’on peut ressentir absolument toutes les souffrances d’une tierce personne n’est que pure fiction. Même si tout le monde sait que l’on ne peut lire dans les pensées, certains s’accordent le droit d’y arriver.

Ma famille ? Fallait-il que je la retrouve ? Dans ce dédale de rues, de plaines, de champs à perte de vue, fallait-il que je m’y risque ? Est-ce que je pourrais me repérer parmi ces étendues immenses ? Saurais-je reconnaître où ils habitent ? Mais plus inquiétant, quand ils me demanderont la raison de ma présence parmi eux, sans que ma grand-mère soit présente, que vais-je leur dire ? « Hum, non, ne vous inquiétez pas, ce n’est rien d’autre qu’une petite … déconvenue. Je l’ai tuée, il y a quelques jours. C’est comme ça, avec les vieux, quand ils te font trop chier… tu t’en débarrasses… et hop, tranquille». Pathétique. J’étais vraiment déplorable. Oser plaisanter sur un sujet si dramatique. Je devenais fou, c’était la seule excuse qui me vint à cet instant. Il fallait que j’évacue. Moi, jeune homme aussi sage que de raison, n’ayant jamais fait un seul travers, j’avais cumulé ces derniers temps pas mal de bourdes. Entre le massacre sur l’autre brute, et la violence inouïe sur la seule personne qui m’était chère, c’en était trop. C’était moi maintenant qui étais dangereux. Je ne valais pas mieux que ceux qui m’avaient martyrisé jusqu’ici.

Alors, pourquoi ? Pourquoi m’avait-on emmené ici ? Ce lieu qui devait m’apporter le repos de mon esprit n’était devenu aujourd’hui que souffrance à son tour. Envers qui pouvais-je me retourner ? Qui pourrait bien me croire si leur disait que tout ceci n’était qu’une succession d’accidents malencontreux ?

« Tu n’as pas à justifier tes actes. Désormais, tu n’appartiens plus à leur monde. »

J’eus un sursaut violent en entendant cette voix. D’où venait-elle ? J’avais l’impression qu’elle résonnait seulement dans ma tête. Comment cela pouvait-il être possible ? J’avais subi tant d’événements inexplicables ces derniers jours, que j’étais partiellement surpris. Je commençais certainement à m’habituer à toutes ces étrangetés. Mais ceci ne répondait pas sur l’origine de cette voix. Le timbre assez doux, féminin, se voulant rassurant, je ne parvenais pas à la reconnaître. Inquiet, je regardais tout autour de moi, affolé. Qu’allait-il encore m’arriver ? Mon ventre souffrait encore de la dernière expérience. Et dire qu’avant cela, j’adorais dire « Attraper-les tous », maintenant je sais que cela fait de recevoir une pokeball dans le bide. Je plaignais limite les petits monstres de la série.

Et voilà, je divaguais … encore. C’était tout moi. Dès que la pression montait, il fallait que je m’évade. L’imagination, cet espace de fiction réconfortante, propre à chacun, nous permettant de voir le monde réel moins cruel. J’étais si souvent aller dans ces univers parallèles où moi seul pouvais interagir, ou moi seul pouvait changer la donne, ou moi seul était LE héros. Nombre de filles qui tombèrent sous mon charme dans ces douces rêveries. Mignonnes, de surcroît. Sandy y apparaissait souvent, voir ... à chaque fois, depuis que je la connais. Elle y était douce, gentille et portait une attention sincère envers moi. Je ne dirais pas ne pas l’avoir imaginée dans le plus simple appareil, mais, sans vouloir me justifier, je suis un garçon. En plus d’être très belle, aussi ravissante qu’un véritable bouton de fleur, elle possédait un charme envoûtant. Mon corps, mon âme lui était dédié, quand elle m’adressait ne serait-ce qu’un regard. Et si elle venait à me sourire, je me liquéfiais sur place intégralement. Un pur puceau, oui. Si Dieux n’existait pas, à mes yeux, elle, oui. C’était tout ce qui importait.

Planté là depuis une bonne heure, mes pensées en balade sur mes souvenirs, mon petit monde, je n’avais toujours pas compris ce qu’il venait de se produire. En même temps, je ne comprenais rien, tout court, de tout ce qui s’était passé ces derniers jours. Qui s’était adressée à moi ? Pourquoi ? Comment ? Mais où et donc or ni car ? Argh, je recommençais. Folie, sort de ce corps. Avez-vous trouvé Charlie ? Et voilà, je ne pouvais garder mon sérieux plus longtemps. Il était pourtant essentiel que j’en sache plus. Était-ce un rêve ? Il me semblait avoir vérifié que non. Alors ? Il me prit la bêtise de hurler les mots suivants, comme si on allait me répondre.

« Qui êtes-vous ? Est-ce que je suis mort ? Est-ce ici mon enfer ? Répondez bordel ! »

Un vieil homme, septuagénaire au moins, se retourna vers moi, étonné. Il me fit :

- Ça ne va pas mon garçon ? As-tu besoin d’aide ?

- Heu, je suis navré, monsieur. En aucun cas, je ne voulais vous déranger. Mais … c’est juste que… enfin… Je… Je … Je vais vous laisser, monsieur. Encore désolé.

- Mon garçon, voyons, il ne faut pas rester comme ça. Vient donc boire un verre chez moi, nous sommes justement devant ma porte.

- C’est très gentil de votre part, mais …

- On ne parle pas aux étrangers ? C’est bien cela ?

J’acquiesçai rapidement de la tête, bien que ce contact humain, sans jugement, sans pression de sa part, me tranquillisait.

- Tu sais, mon jeune garçon, je ne souhaite pas te faire du mal. Mais, ça aussi, je sais que l’on t’a mis en garde face à ce genre de parole. N’est-ce pas ?

Je ne sus quoi répondre, à part hocher de la tête. Malgré son âge, il paraissait très lucide.

 - Je comprends. Dans ce cas, rejoins-moi sur la terrasse. Elle est en extérieur, visible de chaque passant. Tu seras libre de partir à tout moment. Et surtout, rien ne pourra nuire à ta sécurité.

 - Je… je sais que je me répète, monsieur, c’est vraiment très gentil de votre part, mais, pourquoi … ?

 - Pourquoi est-ce que je ferais cela pour un garçon, que je ne connais pas ? Tu as raison de te poser cette question. Et c’est normal de se la poser. Bizarrement, j’ai deux raisons. Une, parce que tu ressembles beaucoup à l’un de mes petits fils. Oui, je sais, un classique. Et puis, à mon âge, tous les jeunes hommes de ton âge pourraient y ressembler. Et la deuxième raison est plus mystérieuse et incompréhensible. On pourrait croire tout simplement que ta route devait croiser la mienne. Comme si l’on t’avait guidé jusqu’à moi. Comprends-tu ce que je veux te dire ? Un coup de destin, ou autre. Tu sais, avant de venir jusqu’ici, j’ai entendu comme une petite voix. Elle m’a demandé de vivre mes derniers instants pour sauver une vie, une âme perdue. J’ai d’abord pris ce moment pour un instant de pure folie. Je suis du genre à ne pas me prendre au sérieux trop longtemps, tu sais, fit-il en riant. Je comprendrais que tu souhaites passer ton chemin, mais, après tout, ce n’est qu’un verre à boire avec un vieillard.

 Sans savoir ni pourquoi ni comment, je crus sur parole que cet homme ne voulait que du bien. Et d’un simple verre avec un inconnu, je m’étais surpris de passer un jour, une semaine, un mois chez lui. Il fut mon confident, l’être avec qui j’avais pu racontait tout ce qui s’était produit. Il ne porta pas de jugement ni me condamna. En effet, on l’avait mis sur ma route. Le temps d’une pause, le temps d’un break, le temps surtout qui lui restait à vivre.

 

 

 

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