Chapitre 8 : Perdu dans l’inconnue.
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Chapitre 8 : Perdu dans l’inconnue.
Image de jeffjacobs1990 sur pixabay
J’étais là, seul, avec ce pot de cendre devant moi. J’aurais aimé, une fois de plus, que mes pouvoirs me confèrent le don de résurrection. J’aurais surtout préféré profiter un peu plus de lui. Ce lien, que nous commencions à bâtir, s’était rompu trop vite. J’imaginais, un court instant, qu’il soit tel le phœnix, et qu’il revienne parmi nous. Mais bien sûr, rien de tout ceci ne se produit. Il fallait que je prenne le courage de faire face à l’adversité, les débâcles de la vie. J’avais décidé de donner ces cendres aux membres de sa famille, mais, à part moi, et un prêtre quelque peu curieux, il n’y avait personne d’autre de présent à ces funérailles.
C’est à ce moment-là qu’il me prit la folie d’en découvrir plus sur lui. Il fallait, je pense, que je me donne un but à suivre.
« Ton instinct… Suis ton instinct. »
Ces mots me revenaient fréquemment. J’avais l’impression que, en cherchant à savoir qui il était, j’en saurais plus aussi sur ma vie. Mais, par où commencer.
J’avais dû accepter les termes du testament, le temps d’y voir plus clair et de trouver qui le mériterait bien plus que moi. J’avais commencé à farfouiller dans ces affaires, mais à part quelques babioles, rien ne me permettait de trouver un indice. Sans m’en rendre compte, j’avais endossé le casque de détective. Au début, ce fut amusant, mais, à la longue, ce fut barbant. Rien. Rien de chez rien. Comment un homme de cet âge pouvait-il ne pas avoir gardé des traces de sa vie, de son passé, de son existence ? C’est comme si, s’il n’y avait pas encore cette espèce d’odeur, qui le caractérisait dans cette maison, il n’avait pas habité ici. Je fis le tour du voisinage. Pareil. Genre « inconnu au bataillon'. Comment, et surtout pourquoi se rendre invisible aux yeux de tous, alors que, c’était lui qui était venu vers moi, cherchant une présence à côté de lui.
Ma tête bouillonnait. C’était reparti pour ce flot de questions sans réponse. Mon ADN devait être construit ainsi. Je me voyais bien, vieux, être à la place du père Fouras et poser sans cesse des questions à tous ceux que je croiserais. Comment serais-je sans cheveux sur le caillou ? Et pour ceux qui auraient survécu au capilocide, à quoi pourrais-je bien ressembler avec le reste du crâne blanc ? Un mélange de Bartez et de Gandalf ? Spécial.
Déboussolé et désemparé de n’avoir aucune piste, je passais mes jours à essayer de penser et de vivre comme lui. Il y aurait bien un détail qui me viendrait.
« Suis tes instincts… »
Telle la voix d’un VolDeVie, ces paroles me revenaient. Mais, s’il savait que je n’ai aucun instinct. Que ma voie était comme tout tracée. Jamais de décision prise à la va-vite. De lendemain sans imprévu. Même les moments où je rencontrais les poings de Zack et Harvey, je le prévoyais. Le seul point où j’étais constamment surpris, c’était les interventions de Sandy. Rien qu’en pensant à elle, une larme coula sur ma joue. Pourquoi ? Elle n’était rien pour moi ? À part une douce sirène, où sa partie écailleuse ne serait point un problème pour moi. Je n’ai jamais compris ce qui m’attirait en elle. Mais, elle était tout bonnement un rayon de soleil à mon cœur meurtri. Quand j’y réfléchissais, en fait, c’était bien ça le souci, elle représentait au contraire trop de choses pour moi. Je rêvais d’elle comme ma future, comme un Eden, comme un espoir perdu. Je voyais ma vie être douce à la passer auprès d’elle. De me lever discrètement la nuit pour la voir dormir, si paisiblement.
À cette dernière image, j’eus la peur de passer pour un psychopathe. Franchement, qui serait capable de caresser des yeux sa magnifique compagne durant son sommeil, à part un malade ? Un disjoncté du ciboulot. Un gars avec deux neurones qui se touchent seulement. Au moins eux ne sont pas seuls.
Je n’avais rien sur lui, mais j’avais un doute qui me tenaillait toujours. J’entrepris alors d’en connaître plus sur mes parents. J’avais deux choix qui se proposer à moi : Voir ma famille ici présente, et aller chez ma grand-mère. Ces deux possibilités ne me ravirent guère. J’aurais pu commencer ici même, en Normandie, ma famille y habitant. Mais réfléchissant bien, cette région est très grande. Et sincèrement, je n’avais aucune envie de me confronter à eux.
À Paris. Je retourne chez moi. Enfin, où j’y ai vécu le plus de temps. Car, finalement, avais-je un chez-moi ? Je ne sais pas ce qu’il m’a pris à ce moment-là, et même si grâce à Charles, je n’étais pas dans le besoin, je voulus essayer mes soi-disant pouvoirs. Si j’avais pu rejoindre New York, ou même cet endroit en un clin d’œil, je pourrais le faire aussi pour Paname. Maintenant fallait-il comprendre comment. Qu’est-ce qui avait bien pu déclencher ce pouvoir ? Les deux fois, je me rappelais être en fuite. Essayer de partir le plus loin possible. Rejoindre un lieu de sérénité. De calme. De paix pour l’esprit. C’était certainement cela. Il fallait que je pense à l’endroit que je souhaitais me rendre. Pour New York, j’avais pensé aux vacances que mes parents avaient voulu faire avant qu’ils ne meurent. Je pouvais voir d’ici le fascicule sur la table d’entrée. Central Parc était la photo sur la première page de la couverture. Pour la Normandie, c’était facile, j’y avais vécu très jeune. Même si cette maison, cette ville, ce quartier ne me disait vraiment rien dans mes souvenirs. Mais, il est bien connu que la mémoire d’un enfant est très sélective. Que dis-je, la mémoire de tous en fait.
Pour ne pas être pris pour un fou, pas plus que d’habitude, en tout cas, je m’étais installé dans le canapé du salon et tenta de me concentrer. Au premier abord, on aurait cru que j’étais constipé et que cela ne voulait pas sortir. Je pris une couleur rouge pivoine à forcer pour que survienne cette espèce de déplacement instantané. Mais, rien. Même pas un poil. Peut-être en demandai-je trop pour une première. Mais, tout de même, j’avais réussi à aller de l’autre côté du globe, ce n’était pas rien. Sans le vouloir, certes, mais, je l’avais fait. J’essayais de recréer le stress ressenti, de m’envahir d’émotion forte. Grand-mère. Je fermais les yeux en pensant à elle. Ma pauvre et tant aimée grand-mère. Dans quel état t’avais-je laissée ? Est-ce que tu as été enterrée entre temps ? La culpabilité me rongeait. Non seulement je l’avais tuée, mais en plus je l’avais abandonnée. Je n’avais même pas été là pour sa mise en terre. Est-ce qu’au moins on s’était occupé d’elle ? En fermant les yeux, les larmes coulant toutes seules, je paniquai à m’imaginer ne jamais retrouver sa tombe. Cherchant sans relâche où elle reposait enfin en paix.
Quand je finis par rouvrir les yeux, le spectacle qui se dressait devant moi était vraiment… particulier, voire très spécial. Un cimetière. J’avais quitté soudainement la maison de Charles pour atterrir au beau milieu de ce champ de tombe. On était plus dans le registre du cadre rassurant.
Comment avais-je bien pu arriver ici ? Était-ce à Paris ? En jetant un coup d’œil rapide autour de moi, il semblait que ce soit bien le cas. Je reconnaissais le quartier. Toutes ces sculptures de gens célèbres, dont je n’avais aucune idée de leur nom. Tous ces caveaux, plus splendides les uns que les autres, mélangés aux stèles se faisant plus discrètes, accompagnés de leur épitaphe, rendaient cet endroit moins lugubre qu’il ne pourrait l’être. Les corbeaux croissants à tous va, des fleurs fanées, autant dépéris que ceux qui logeaient ici mettaient plus l’ambiance macabre requise. J’entendais des éloges funéraires au loin. Mais, pourquoi étais-je là ? Juste à côté de cette statue symbolisant un homme, à moitié nu, levant un bras en l’air comme si la mort venait de le cueillir.
J’avais beau regarder tout autour de moi, pour trouver un lien avec ma famille, ou celle de Charles, mais, rien. Jusqu’à ce que, dépités d’avoir encore échoué, mes yeux firent attirer par un prie-Dieu. Il était tout juste de la taille des genoux, et semblait très usé par le temps. Une sépulture, aux aspects très rudimentaire, composé seulement d’une petite parcelle de terre dénués de plaque de marbre, était juste en face. On aurait pu croire que tout ceci était fait exprès d’être aussi discret. J’hésitais à m’agenouiller sur ce meuble de fortune pour y faire une prière, moi, qui n’étais en aucun croyant. Comment aurais-je pu l’être, avec la vie misérable que l’on m’avait mis dans les pâtes ? Malgré cela, je le fis tout de même, et, au lieu que mes pensées se tournent envers un Dieu inexistant, elles étaient envers ma grand-mère et Charles. Elles dérivèrent rapidement vers mes parents. Qu’avais-je donc fait pour être abandonné de la sorte ? Tous mes proches avaient quitté ce monde, sans même prendre le temps de m’inculquer les joies de celui-ci. De m’apprendre à y vivre, et non survivre. De me montrer ce que l’amitié, le partage, le respect pouvait représenter. Et, dans son ensemble, m’instruire toutes les valeurs de cette bonne vieille terre. Rien ni personne ne m’avait préparé à cet enfer.
Mes idées dans la brume de mes cauchemars plus que dans celle de ce cimetière, je ne m’aperçus de rien. Rien de ce qui était sur le point de se produire. Rien de ce qui allait m’arriver. Et, là, il était certain que je n’aurais jamais pu être prêt à ce qu’il se passerait. Moi qui croyais être au bout de mes surprises, j’étais loin du compte. Vraiment très loin.