Momotaro, célèbre conte japonais
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Momotaro, célèbre conte japonais
Au Japon, tout le monde connaît l'histoire de Momotaro, l'enfant né dans une pêche qui affronte les démons avec ses compagnons. Ce conte mis par écrit au XVIIe siècle fait pleinement partie de la culture populaire et il a été adapté de nombreuses fois en livres, films, chansons…
Durant la guerre, les politiciens et les militaires l'ont utilisé comme outil de propagande pour affirmer la force du Japon et la nécessité de combattre l'ennemi. En effet, le conte met en avant la solidarité nécessaire à la victoire : c'est en mettant de côté ses différends qu'il est possible de devenir plus fort et de triompher de ses adversaires.
Si vous ne connaissez pas encore cette légende japonaise, je vous laisse la découvrir.
L'histoire de Momotaro
Il y a bien longtemps vivaient un vieil homme et sa femme. Ils étaient paysans et devaient travailler dur pour mériter leur pain quotidien. Chaque jour, le vieil homme partait travailler et sa femme s’en allait à la rivière pour faire la lessive.
Par une belle matinée d'été, la vieille femme vit une énorme pêche flotter sur l’eau. « Elle doit être délicieuse, je dois absolument la ramener à mon mari ! » Se dit-elle.
Lorsque son mari rentra, elle s'empressa de lui montrer le fruit :
— Regarde-moi ça ! Est-ce que tu as déjà vu une pêche pareille ?
— C’est effectivement la plus grosse que j’aie jamais vue, dit-il avec étonnement. Comment as-tu pu l’acheter ?
— Je l’ai trouvée dans la rivière.
— C’est une aubaine ! Mangeons-la sur-le-champ !
Alors qu’il s’apprêtait à couper la pêche, celle-ci s’ouvrit tout à coup en deux et un petit garçon en sortit.
— Pas si vite, vieil homme !
Le vieux couple fut tellement surpris qu’ils reculèrent en pensant voir un démon.
— N’ayez pas peur, je ne suis pas méchant. Vous étiez si tristes de ne pas avoir d’enfants que les dieux m’ont envoyé chez vous.
En entendant cela, le vieil homme et sa femme ressentirent une grande joie.
— Puisque tu es né dans une pêche, nous t’appellerons « Momotaro », l’enfant pêche.
Les années passèrent rapidement jusqu’aux 15 ans de l’enfant. Il était bien plus grand et fort que les autres garçons de son âge, mais aussi plus paresseux. Il faisait semblant d'aller travailler et on le retrouvait en train de dormir sous un arbre !
Un jour, ses parents insistèrent pour qu'il aille chercher du bois pour le feu. Momotaro accepta bon gré mal gré. Le vieux couple ne le revit pas de la journée et ils pensèrent qu'il s'était encore endormi quelque part.
— Que va-t-on faire de cette enfant ? Il n'est bon à rien et ne pense qu'à dormir, se plaignit la vieille femme.
— C'est vrai qu'il est paresseux et ne nous aide pas beaucoup, mais je crois qu'il a un bon fond.
Alors qu'ils parlaient ainsi de Momotaro, le jeune garçon arriva. À la plus grande surprise de tous, il portait un énorme tronc d'arbre sur son dos.
— C’est assez de bois ? Demanda-t-il.
Ses parents adoptifs se regardèrent avec étonnement et le remercièrent sans savoir quoi dire de plus.
L'histoire était tellement extraordinaire que tous les villageois en parlèrent, si bien que même le seigneur fut au courant de cet exploit. Il décida de convoquer Momotaro et sa famille.
— Vous avez un fils vraiment extraordinaire, dit-il. Au nord-est d'ici se trouve une île peuplée de démons. Ils se rendent sur le continent, pillent et massacrent les villages. Ils sont trop forts pour mes soldats. Mais toi Momotaro, tu sembles capable de les vaincre. Je te demande donc de débarrasser le pays de cette menace.
Les parents commencèrent par se lamenter, mais Momotaro les rassura. Il avait été envoyé sur terre par les dieux, les démons ne pourraient rien contre lui. Tout ce dont il avait besoin, c'était de provisions pour le voyage. Le vieux couple se mit alors aux fourneaux pour lui préparer des gâteaux de riz. Quand ils eurent fini, le jeune homme était prêt à partir.
Le voyage de Momotaro
Momotaro marcha aussi vite que possible jusque vers midi. Lorsqu'il commença à sentir la faim, il s’assit au pied d’un grand arbre pour déguster l'un des gâteaux de riz que ses parents avaient préparés. Pendant qu’il déjeunait, un chien bondit devant lui depuis les hautes herbes.
— Tu es bien imprudent de traverser mon champ sans m’avoir demandé la permission, grogna-t-il. Si tu me donnes tous tes gâteaux de riz, je veux bien te laisser passer mais sinon, je te dévorerai toi.
— Qu’est-ce que tu racontes, s’esclaffa Momotaro. Sais-tu seulement qui je suis ? Je suis Momotaro et je suis en route pour combattre les démons du Nord-est. Alors si tu essaies de m’arrêter, c’est moi qui te couperai en morceaux !
L’attitude du chien changea d’un coup. La queue entre les jambes, il s’inclina bien bas devant le jeune homme.
— Pardon, je ne savais pas que tu étais Momotaro. J’ai souvent entendu parler de ta grande force. Je serais honoré de t'accompagner.
— Mmm, oui tu peux venir avec moi si tu le souhaites. Tu sembles vraiment affamé. Je peux te donner un gâteau de riz si tu veux.
— Merci beaucoup.
Après ce repas, les deux compagnons repartirent ensemble. Alors qu’ils marchaient depuis plusieurs heures, un animal descendit soudain d’un arbre et se dirigea vers eux.
— Bonjour Momotaro, dit le singe. Bienvenue dans cette partie du pays. J’ai beaucoup entendu parler de toi. Me laisseras-tu t’accompagner ?
Avant que le jeune homme ait pu répondre, le chien s’interposa :
— Momotaro a déjà un chien pour l’accompagner. Tu n’es qu’un singe, tu ne seras pas utile pendant une bataille. Passe ton chemin.
— Malpoli, tu vas voir si je ne suis pas utile !
Le chien et le singe commencèrent alors à se battre et se mordre. Le jeune homme s’interposa.
— Une créature comme lui n’est pas digne de t’accompagner, s’exclama le chien.
— Qu’est-ce que tu en sais ? On ne le connaît pas, répondit Momotaro.
— Je suis un singe qui vit dans ces collines. J’ai entendu parler de votre expédition dans le Nord-Est et je voudrais me joindre à vous, se présenta le singe.
— Tu es sûr de vouloir aller sur cette île et combattre les démons avec nous ?
— Tout à fait !
— J’admire ton courage. Tu es le bienvenu parmi nous. Prends un gâteau de riz.
Le chien n’apprécia pas vraiment ce nouveau compagnon. Ils se remirent en route mais les deux animaux se cherchaient continuellement querelle. Momotaro n’arrivant pas à les calmer, il envoya le chien à l’avant comme éclaireur et le singe derrière pour surveiller leurs arrières. Les deux animaux se sentaient chacun investi d’un rôle important et ils étaient ainsi loin l’un de l’autre.
Alors que la petite troupe passait près d’un grand champ, un magnifique oiseau se posa devant le chien. Ce dernier se jeta immédiatement dessus dans pour l’attraper et le manger, mais l'oiseau esquiva gracieusement et pinça la queue du chien. Le canidé se retourna pour le mordre, mais l’oiseau était déjà dans les airs, prêt à plonger pour le pincer à nouveau.
Momotaro observa les deux animaux et se dit que l’oiseau, très rusé, serait un bon combattant. Il marcha alors vers lui et lança d’une voix assurée :
— Eh toi l’oiseau, sache que je suis Momotaro. Comment oses-tu retarder mon périple pour aller combattre les démons du Nord-est ?
L’oiseau s’arrêta immédiatement et s’excusa :
— Je ne vous avais pas vu et je ne savais pas que le chien était avec vous. Je me sens misérable de vous avoir importuné. S’il vous plaît, laissez-moi venir avec vous.
— Tu as su reconnaître tes torts, c’est tout à ton honneur. Tu peux venir avec nous, accepta Momotaro.
— Quoi, tu vas prendre cet oiseau avec nous aussi ? Interrompit le chien.
— Pourquoi poses-tu la question ? Tu as très bien entendu ce que je viens de dire.
Le chien grogna mais ne dit rien de plus. Alors Momotaro réunit les trois animaux et leur parla :
— Mes amis, le plus important dans une armée, c’est l’harmonie. Un proverbe dit « l’union fait la force ». Si nous sommes unis, nous aurons le plus grand des avantages et nous pourrons combattre n’importe quel ennemi. Alors à partir de maintenant, le premier qui cherche la bagarre sera banni sur-le-champ. Vous devez vous entraider et vous respecter pour le bien de tous.
Les animaux promirent et l’oiseau reçut lui aussi un gâteau de riz. Le discours de Momotaro avait été convaincant et les trois animaux furent bientôt tous amis et heureux de servir un tel chef.
Ils marchèrent à un rythme soutenu et finirent par arriver sur les côtes du Nord-est. Ils trouvèrent une petite embarcation non loin de là et montèrent à bord. Au bout d'un moment, une île surmontée d’un grand château apparut à l’horizon. Momotaro fut immédiatement certain qu’il s’agissait du repère des démons. Mais comment mener l'attaque ?
— Je sais ! Toi l’oiseau, tu peux voler jusqu’à l’île et attirer l’attention des démons. Nous te rejoindrons et les prendrons par surprise !
L’oiseau obéit aussitôt. Il vola jusqu’à l’île et cria aux démons :
— Attention démons, votre dernière heure est proche. Si vous ne vous rendez pas, vous allez bientôt mourir !
Tous les démons levèrent les yeux au ciel et se mirent à rire en voyant qu’un simple oiseau les menaçait. Mais il n'arrêtait pas ses railleries et les démons finirent par s'énerver. Ils essayèrent de tirer sur l'oiseau qui esquivait facilement les flèches.
Pendant ce temps, Momotaro avait accosté sur l'île sans être vu. Il arriva dans la cour du château où l'oiseau se battait toujours férocement. Toute la petite troupe se lança dans la bataille et il ne resta bientôt plus que le chef des démons qui lâcha son arme et demanda à se rendre.
— Tu es bien plus fort qu'un simple mortel, je ne fais pas le poids contre toi. Je te donnerai tous les trésors de ce château si tu acceptes d'épargner ma vie.
— Tu peux supplier autant que tu veux, s'amusa Momotaro, ce n'est pas à moi de décider. Tu as torturé et tué trop d'innocents pendant des années.
Il demanda au singe d'attacher le démon pendant que lui-même allait libérer tous les prisonniers.
En revenant sur le continent, il fut accueilli comme un héros. Il livra le chef des démons au seigneur local et lui remit tous les trésors qui avaient été volés. Tous les prisonniers purent retrouver leur famille et Momotaro fut célébré encore et encore. Le bruit de sa victoire se répandit dans tout le pays et le seigneur de sa contrée natale lui offrit un poste important qui pourvoyait à tous les besoins de sa famille.