Lire Proust. Arghhhhhhhhh...
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Lire Proust. Arghhhhhhhhh...
-Vous avez lu Proust…
Sourire gêné, je laisse une énième fois l’enfant répondre à ma place. Quand je veux puiser dans mon puits d’innocence, c’est un réflexe. Je laisse l’enfant répondre. C’est pas bien. Ca fait quelques années maintenant que j’en ai conscience, je dirais au moins 15. Mais. C’est encore un peu plus fort que moi. C’est marrant, ça veut dire que moi est plus fort que moi… ?
Faut-il que je me batte encore ? Je ne crois pas que ce soit la solution, ça fait quand même au moins 15 ans que j’essaye, avec quelques petites victoires, certes, mais dans le schéma global beaucoup de « dommages collatéraux ».
-Mais en fait, vous savez, dans le petit village où je suis, justement, il y a un petit restaurant qui s’appelle « La Madeleine de Proust »…et bien je travaille dans un autre, tenue par ma compagne, parce que justement…
Et au moment où je prononce ces mots, je m’en souviens très bien, je pense que la personne en face peut tout-à-fait comprendre ce que je dis. C’est évident. C’est là, juste là ! Comment est-ce-que je fais pour penser que quelqu’un d’autre peut comprendre ce que je vois moi de ma petite perspective ?
Et pourtant. Quand vous avez la chance de tomber sur quelqu’un qui essaye de comprendre ce que vous dites… :
-mais vous ne l’avez pas lu…
-maismmmmmmmfffff….oui mais…..mmmmmmmffffmmmmm…
-vous allez donc le lire… ?
-mmmmmmm…..oui.
Tête baissée, vaincue. Ben oui, il suffit de le lire pour étayer mon propos et que des gens me comprennent…je le sais bien.
Ou…pire encore. Que je me comprenne moi-même.
Que j’avance un peu au lieu de tourner en rond dans une cage à la porte ouverte. J’ai mis peut être 15 ans à ouvrir cette porte. Il serait temps que j’essaye du coup d’aller voir dehors ce qu’il se passe. Je me souviens d’une scène de film. Un homme avait été kidnappé par un groupe « terroriste », enfermé dans des conditions difficiles, il avait perdu beaucoup de poids, ne se ressemblait plus beaucoup. Puis tout-à-coup, un prêtre va le voir dans sa cellule et lui montre qu’il faut qu’il prenne soin de son corps comme il peut dans sa cellule. Il fait des pompes à côté de lui. S’en suit un temps de réappropriation de son corps à l’intérieur de la cellule. Il redevient un peu lui-même, en tout cas il récupère un corps capable de le porter. Puis, le groupe « terroriste » le relâche. On comprend que « le prêtre » avait été envoyé par le groupe pour remettre le prisonnier en forme avant de le relâcher pour qu’il ne puisse pas dire qu’il avait vécu dans de mauvaises conditions pendant sa détention. Je ne me souviens pas du titre du film, comme très souvent.
C’était il y a trois semaines. J’ai dit que je le lirai donc je vais le lire. Mais. Je n’ai pas dit comment. Et là, croyez-moi, je suis capable de mettre en place des stratégies d’évitement dignes des scénarios de meilleures séries Z.
Ça a l’air bien idiot d’avoir peur de lire un livre. Parce que c’est de ça qu’il s’agit. J’ai peur. Je tourne dans ma cage, je fais des abdos, des pompes, des tractions, tout ce que je peux…pour ne pas sortir. Pas encore. Je ne suis pas prête, pas tout-à-fait…il me manque…un "je-ne-sais-quoi" et un "presque-rien"...
Tiens c'est marrant, je crois que du coup, j'ai presque tout, du coup...Allez, hop, une petite traduction de JODW en avance, parce que...rien n'est parfait. Et c'est comme ça. Faire avec ce qu'on a, on verra ce qu'on attrapera.