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La légende du chat de Noël islandais, par Jean-Christophe Mojard

Le Jólakötturinn

Dans la froideur d’Islande, aux nuits les plus glaciales,

Rôde un félin géant, dont les yeux de cristal

Percent à jour les mortels qui règnent sans partage,

Oubliant les valeurs de don et d’héritage.

Le Jólakötturinn, de griffes et de crocs,

Dépècera ses proies ne laissant que les os,

De ceux qui n’auront pas reçu neufs et transmis

De nouveaux vêtements, sans en faire profit.

Recousus, ou n’ayant pas de premier lavage,

Le gage du présent pour affronter l’hiver

Saura tenir au loin ce chasseur si sévère.

Car de tous les cadeaux, au-delà des clivages,

Il en est un unique et le félin l’honore,

C’est le don qui protège : le plus beau des trésors.

La légende du chat de Noël islandais, par Juliette Norel

 Lorsque les premières neiges de décembre drapent de blancheur les montagnes majestueuses et scintillent sous la lueur argentée de la lune, une atmosphère de calme et de mystère se répand en ondulant sur les villages islandais. Les toits des maisons en bois sont alourdis de neige étincelante, et les fenêtres brillent de mille feux, réchauffant les cœurs en ces froides nuits d’hiver.

Dans les foyers, autour des cheminées crépitantes, les anciens racontent des histoires qui captivent et terrifient les jeunes esprits. "Prenez garde au Chat de Noël," murmurent-ils d'une voix grave, "ce félin immense, au pelage sombre comme l'ébène, rôde pour trouver ceux qui n'ont pas reçu de vêtements neufs pour Noël."

Le Chat de Noël, connu sous le nom de Jólakötturinn, est une figure imposante, un animal d'une taille démesurée, dont la robe aussi sombre qu'une nuit sans lune absorbe la lumière, ne laissant qu'un souvenir fugace de sa présence. Ses yeux d'ambre, perçants et luminescents, scrutent l'obscurité avec une intensité presque surnaturelle, traquant ceux qui n'ont pas mérité de nouveaux vêtements par leur diligence et leur travail. Ses griffes, longues et acérées, laissent des empreintes profondes dans la neige, témoignant de sa présence silencieusement menaçante.

Dans les villages, les enfants s'activent avec ferveur, leurs petites mains s'affairant à des tâches ménagères et à des travaux manuels. Non seulement par désir de plaire à leurs parents, mais aussi par crainte de se voir attrapés par le terrible Chat de Noël. Les parents, conscients de la peur que suscite la légende, l'utilisent pour encourager leurs enfants à accomplir leurs devoirs. "Travaillez bien," disent-ils, "et vous recevrez de nouveaux habits pour éloigner les griffes du Chat de Noël."

À mesure que les jours raccourcissent et que la date impatiemment redoutée, approche, l'excitation monte parmi les enfants. Les plus jeunes se hâtent de terminer leurs corvées, tandis que les plus âgés cousent et réparent avec minutie, anxieux de découvrir s'ils ont mérité leurs nouveaux habits ou s'ils risquent de se faire attraper par la sinistre créature passe-muraille. Les parents, quant à eux, préparent soigneusement les festivités, décorant les maisons de lumières scintillantes et de guirlandes chatoyantes.

À la veille de Noël, lorsque les étoiles scintillent dans le ciel d'encre, chaque foyer illuminé vibre d'une douce ferveur, les rires des enfants, désormais vêtus de leurs nouveaux habits, résonnent joyeusement, tandis que le bois craque dans les cheminées, diffusant une chaleur apaisante. Les parents, comme pour conjurer le sort, s'assurent que tous portent bien leurs vêtements neufs.

Le Chat, depuis les hauteurs enneigées, guette le village de ses yeux perçants, à la recherche d'un chenapan à se mettre sous la dent. Il voit les foyers illuminés, les enfants vêtus de leurs habits neufs, et, dans un soupir presque imperceptible, se retire au creux des ombres de la forêt, les babines bredouilles de la moindre proie cette année. Sa silhouette disparaît dans les ténèbres, laissant les villageois s'emmitoufler d'une quiétude sereine, un sourire de soulagement sur le visage de certains...

(Image réalisée avec Selaab et retravaillée avec Canva)