Le jour après, il frappe à sa porte pour lui emmener son repas. Il reconnaît à peine la pièce.

Elle avait tendu sur les murs les toiles qu’elle lui avait demandé de lui acheter en centre ville. Elle les avait peintes avec différentes tons de bleu et sur les bords elles étaient remplies de caractères dans un alphabet étrange que lui semble tant mystérieux que magnifique. Il se demande comment elle a pu faire cela en si peu de temps, encore une fois, sans faire aucun bruit, sans qu’on l’entends bouger. Il avait remarqué que dans la pièce se trouvaient une trentaine de pots en verre remplis de pigments de différentes couleurs. C’étaient des vieux pots qu’il gardait vides, par centaines, dans l’atelier derrière l’auberge, les pigments devaient se trouver dans son paquetage. Il savait qu’on en vendait quelque part, même en centre ville. Les toiles sur le mur étaient si belles, qu'il avait l’impression que le ciel était partout. Dans chaque recoin de la chambre. Les murs en avaient été transformés. De la même manière dans laquelle il s’était étonné de comment elle avait pu pousser une aussi grande table dans le silence absolu, la nuit même de son arrivée, il se demandait comment elle avait pu peindre tout cela, sans qu’il n’y ait aucune trace des objets qu’on utilise d’habitude pour la peinture. Quand il lui demande avec quel matériel elle avait peint les toiles, elle lui montre un bout de chiffon. Il l'observe et il lui dit:

"Juste avec avec ça?","Ah non, pas du tout, je l’ai utilisé pour étaler la base, la plus grande partie du travail est faite avec les doigts...", "avec les doigts? tout simplement…","Oui…","Je me demande alors pourquoi les gens utilisent les pinceaux…","Manque d'audace et liberté ...","D'audace et liberté?","Oui".

C’était la réponse qu’il n’imaginait pas.

L'aubergiste, 2019, inédit p. 28.