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L'excellent parcours vers l 'Olympia de la musique urbaine ivoirienne sortie du guétho universitaire  

L'excellent parcours vers l 'Olympia de la musique urbaine ivoirienne sortie du guétho universitaire  

Publicado el 4, jun., 2020 Actualizado 4, jun., 2020 Cultura
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L'excellent parcours vers l 'Olympia de la musique urbaine ivoirienne sortie du guétho universitaire  

 

 La musique urbain ivoirienne est à son déclin. Un colloque sur le Zouglou sur le thème : «Le zouglou, enracinement, influences et trans-création » dernierement à Abidjan avait été sanctionné par la mise en place d’un observatoire multidisciplinaire du Zouglou( musique ivoirienne) . L’objectif est de recenser et de coordonner toutes les études et travaux menés jusque-là sur ce rythme urbain. Incursion dans les racines et ébauche de perspectives d’un phénomène né dans les milieux estudiantins en Côte d’Ivoire.

 

Né en fin années 80 dans les résidences universitaires d’Abidjan, le zouglou sera reconnu comme une philosophie estudiantine de révolte contre les tares de la société ivoirienne. Il a été l’expression musicale de la crise universitaire, sociale et politique de 1990 en Côte d’Ivoire. Bilé Didier, son précurseur parlait d’une danse philosophique pour implorer Dieu afin qu’il vienne au secours des étudiants confrontés à de multiples problèmes. Des revendications face auxquelles les autorités faisaient la sourde oreille. « Ah ! La vie estudiantine ! Elle est belle mais il y a encore beaucoup de problèmes. Lorsqu’on voit un étudiant, on l’envie ; toujours bien sapé, joli garçon sans produit ghanéen. Mais en fait, il faut entrer dans son milieu pour connaître la misère et la galère d’un étudiant. Ohô ! Bon Dieu, qu’avons-nous fait pour subir un tel sort ? Et c’est cette manière d’implorer le Seigneur qui a engendré le zouglou, danse philosophique qui permet à l’étudiant de se réjouir et d’oublier un peu ses problèmes. Dansons donc le zouglou ! », telles sont les premières paroles de ’Gboglo Koffi’’ qui signifie en langue baoulé (l’Hyène), le premier titre chanté par Didier Bilé et les « Parents du Campus » en 1990.

 

L’expression d’un dansé et théâtralisé

 

Le zoublou, dans sa philosophie scénique, est l’image d’une personne debout qui, les deux mains jointes et ouvertes à son regard tourné vers le ciel. La distorsion du corps évoquant et invoquant un ‘’dieu’’ imaginaire, ouvre une fenêtre sur le mystique et la mythique. Chanté en nouchi’, français populaire ivoirien, le zouglou , selon le Pr Boa Thiémélé : « est l’expression d’un social dansé et théâtralisé, car le zouglou à de fortes implications idéologiques. Tant sa gestuelle est art d’extériorisation de ce que l’homme intériorise ». Plusieurs facteurs contribueront à élargir l’audience du zouglou en donnant progressivement à la Côte d’Ivoire, la première musique scientifique de son histoire. Ce, avec une élaboration progressive d’un répertoire basé sur des chansons drôles et humoristiques. Zouglou Feeling est la première compilation de musique zouglou produite par Axel Illary en France en 1998. La progression du zouglou se fera en 2 étapes. La philosophie estudiantine sortait du cadre des universités pour s’étendre dans les quartiers d’Abidjan et même dans les villages. Certains artistes Zouglou comme ‘’Pouagon’’ avec le titre ‘’ Zomamanzo’’, ont choisi ainsi de faire la promotion de la diversité du terroir ivoirien avec ses 62 ethnies. Des chanteurs comme les Salopards étaient devenus la voix du peuple et les éveilleurs de consciences. Tout en prônant le dialogue comme le refrain « Asseyons-nous et discutons » que les Salopards avaient emprunté à Laurent Gbagbo, alors leader de l’opposition au régime d’Houphouët, les chanteurs zouglou ont été aussi des faiseurs de néologismes ayant enrichi le vocabulaire des Ivoiriens. L’enfant Yodé a donné les « Côcos » pour désigner les profiteurs, les parasites avec lesquels il fallait faire dans une Côte d’Ivoire où se nourrir devenait de plus en plus difficile mais où il ne fallait pas perdre les repères en matière de solidarité. Si la plupart des chanteurs étaient et sont encore des jeunes garçons, la gent féminine n’est pas restée en marge du mouvement Zouglou. C’est le cas des ‘’Zouglounettes’’ et ‘’des Copines’’ qui critiquaient l’injustice faite à la femme. Des chanteurs comme Petit Denis, Yodé et Siro, ‘’les Surchoc’’, Espoir 2000 ou encore les Mercenaires, ont définitivement sorti le rythme des cités universitaires. Ainsi, on assiste à une déportation de philosophie des universités au quotidien des Ivoiriens dans les quartiers. Cette réappropriation a donné ses lettres de noblesse au Zouglou avec le groupe du zouglou Magic System.

 

Lettres de noblesse du zouglou du zouglou

 

A’salfo, Tino, Goudé et Manadja, ont décroché leur 16e Disque d’or à l’Olympia de Paris. Porté par ses tubes depuis 1er Gaou ou encore‘’ Chérie Coco’’ ‘’ la danse des Magiciens’’ ou encore ‘’Ambiances à l’africaine’’, le groupe ne cesse d’impressionner. « Toute Kalé », le titre de l’album précédent, a même été certifié platine en France avec plus de 100.000 disques vendus et une dizaine de concerts dans le monde. Le zouglou a donné naissance à d’autres danses comme le pkaklo, le gnagpagpa, le zinglin, le logôbi etc. Des danses d’identités ivoiriennes qui auraient pu solidement rivaliser avec le kawacha, le kwassa kwassa, le kayebo, le zaïko langa langa du Congo. Selon le Pr Yacouba Konaté, le problème en Côte-d’Ivoire, n’était pas de ne pas savoir dériver une musique d’une autre, mais de jouer chacun pour notre propre compte, de construire partout et tous les jours des chapelles éphémères. « ziglibity, ziguéhi, zouglou, zoblazo, zogada…, chez nous, tout se danse en z », chantera N’st Coffies. Mais à ce jeu multiplicateur des styles en x ou en z, difficile de construire un courant musical qui dégage un air de famille. Corriger cette lacune était l’un des objectifs d’un colloque consacré au Zouglou les 17, 18 et 19 septembre derniers à Abidjan. Il a été décidé de la mise en place d’un observatoire. Selon le président du comité scientifique de ce colloque, le Pr Boa Thiémélé, il vise à « favoriser une exploration convergente de cette pratique musicale ivoirienne qui est l’histoire d’Ivoiriens enracinés dans leur culture et résolument tournés vers le monde », a-t-il fait savoir. Aussi, les experts ont recommandé la création d’une médiathèque (sorte de musée national du zouglou) afin d’œuvrer à la collecte et la sauvegarde des productions en dehors du moment de leur fortune. De même qu’une radio à thème, comme canal de diffusion et de promotion de la culture zouglou. Aussi, il a été recommandé d’impliquer le ministère du Tourisme à cette promotion en vue d’une identité culturelle et artistique propre à la Côte d’Ivoire. Après ces recommandations, le comité scientifique a décidé de publier les communications de ces assises sous la forme d’articles rassemblés dans deux ouvrages collectifs. Ces ouvrages auront pour titres : « Langage, langue et discours du zouglou », et « Espaces, postures et théories du Zouglou ». Cette initiative est du Pr Adom Marie-Clémence. Au terme de ces assises, le bilan des 25 ans du zouglou a été jugé positif. Le saviez-vous ? A Abidjan on ne dit pas, « je danse le zouglou », on dit « je libère en zouglou ».

 

La crise qui favorise la naissance du Zouglou

 

Le Pr Yacouba Konaté dans un bel exposé sur le zouglou a dit : « Le phénomène du zouglou est né dans cette période de contestation et de répression musclée. À cet égard, il est frère jumeau de cette révolte estudiantine et scolaire, de cette manifestation de la jeunesse prenant conscience de sa force de mobilisation et déterminée à sortir de la nuit de l’unanimisme. Évoquant cette époque de la fin formelle du parti unique et de l’ouverture de la querelle de succession qui, encore en 2002, maintient la Côte-d’Ivoire et son université dans des turbulences sociopolitiques effroyables, Alpha Blondy (1992) épingle dans la chanson intitulée ‘’multipartisme’’, une expression du langage des jeunes d’Abidjan : y a drap ! « Abidjan y a drap / à Cotonou y a drap / Bamako drabata […] Les militaires sont fâchés / Parce qu’ils sont mal payés. Les policiers sont fâchés / Parce qu’ils sont mal payés. Les professeurs sont fâchés / Leurs droits syndicaux bafoués. Les étudiants sont fâchés / Ils veulent plus de liberté. Papier longueur leur est mourouti 3 / Parce qu’ils ont été trop cognés. Les ouvriers sont fâchés / Parce qu’ils ont été compressés Le gouvernement est fâché / Les caisses de l’État vidées, vidé , vidé… », Conclut –il.

 

 

Christian Guéhi

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