1 – Aujourd’hui, Colas-koala est très triste. Sa maman est partie à l’hôpital parce qu’elle a un bobo dans la tête. Du haut de ses presque cinq ans, Lola-chocolat a fait la courageuse au moment de dire au revoir à maman, mais Colas a bien vu que sa grande sœur était comme lui. Elle avait peur pour maman. En tout cas, lui n’a pas pu s’empêcher de pleurer dans ses bras quand ils ont fait leur gros câlin-koala et qu’elle lui a dit : « Je reviens très vite, mon koala, c’est promis ». Colas ne sait pas c’est quand « très vite »…

2 – En attendant, c’est papa qui emmène les grands à l’école et Noa chez Nounou. Ça, c’est plutôt rigolo. Il ne peut jamais les emmener d’habitude, à cause de son travail.

Mais quand Colas le voit parler tout sérieux avec la maîtresse, il est encore un peu plus triste. Il pense : « Ils parlent sûrement de maman. » Et les grandes personnes se mettent à les regarder avec des sourires tristes. Alors, maintenant, Colas-le-grand-chevalier-qui-n’a-peur-de-rien a peur que maman ne revienne jamais.

3 – Ça fait déjà plusieurs dodos que maman est partie à l’hôpital, et Colas ne trouve plus rigolo du tout que papa les emmène à l’école. Il se dit : « Et s’il ne venait pas nous rechercher un jour, parce qu’il a trop de travail ? En plus, il dit que maman va bien maintenant, mais, moi, je voudrais la voir pour être sûr ! »

4 – Un jour, enfin, papa leur dit : « On ira voir maman après l’école, aujourd’hui ». Mais quand ils arrivent dans la chambre d’hôpital, Colas ne voit qu’une dame avec la tête tout enroulée dans un pansement géant. La dame sourit avec la bouche de travers, et pas avec les yeux. « Ce n’est pas maman…, pense Colas, non ! Pas bisou ! » Lola, elle, a l’air d’y croire, que c’est maman ; elle lui fait des caresses sur la main et lui décrit tous les dessins qu’elle a faits pour elle.

5 – Il paraît que maman revient dans deux dodos. Mais Colas croit que ce n’est pas vrai, qu’elle ne reviendra plus, sa maman.

Il est malheureux. En secret, dans sa tête, il a réfléchi : « Papi est arrivé de sa maison de loin pour s’occuper de nous avec papa. C’est la preuve que maman ne va pas revenir. Et puis d’abord, je m’en fiche. Puisqu’elle nous a laissés, eh bien moi, je ne veux plus qu’elle soit ma maman. »

6 – Elle est revenue. C’est bien maman, Colas-koala la reconnaît. Elle a un pansement sur la tête, mais il est bien plus petit que celui de la dame de l’hôpital. Papa dit qu’elle est fragile, qu’il ne faut pas la serrer fort. Mais ça tombe bien, parce que Colas n’a pas du tout envie de faire câlin-koala avec elle. Il est trop fâché.

7 – Un jour, maman dit : « Allons, mon Colas-koala, tu es fâché parce que mon très vite était trop long pour toi ? » Colas n’en revient pas : « Comment elle a deviné ? Elle est forte, ma maman, elle sait toujours quand je suis triste ou quand je suis fâché, et elle me dit toujours des choses qui font du bien, comme un médicament. » Alors Colas n’est plus fâché.

8 – Maintenant, c’est papi qui emmène Colas-koala et Lola-chocolat à l’école et Noa chez Nounou, parce que maman a trop mal à la tête encore, elle ne peut pas bouger beaucoup. Mais, tous les matins, elle s’assoit par terre dans l’entrée, bien calée contre le placard, et ses petits koalas viennent se blottir contre elle tout doucement, pour faire un câlin avant de partir à l’école.

(Image par Mohamed Hassan de Pixabay)