¡Felicidades! Tu apoyo al autor se ha enviado correctamente
Hommage au Professeur Emile SERGENT sans qui je ne serai même pas né 

Hommage au Professeur Emile SERGENT sans qui je ne serai même pas né 

Publicado el 2, oct, 2022 Actualizado 2, oct, 2022 Cultura
time 12 min
2
Me encanta
0
Solidaridad
0
Wow
thumb comentario
lecture leer
3
reacción

En Panodyssey, puedes leer hasta 10 publicaciones al mes sin iniciar sesión. Disfruta de 9 articles más para descubrir este mes.

Para obtener acceso ilimitado, inicia sesión o crea una cuenta haciendo clic a continuación, ¡es gratis! Inicar sesión

Hommage au Professeur Emile SERGENT sans qui je ne serai même pas né 

Quand Panodyssey permettra de mettre des pdf en pièces jointes dans les messages, je pourrai diminuer celui-ci à l’essentiel et mettre tous les courriers dans un fichier annexe.

Car j’ai retrouvé cet été dans de vieux papiers de mon père une importante correspondance avec ce docteur-professeur Emile Sergent.


Avant ces lettres, j’avais lu celles échangées avec le professeur Lonjumeau et je n’avais en fait qu’un petit extrait de l’histoire.

PhotoBrouillon1lettreaSergent

brouillon de lettre sur entête 3D, 4 feuilles pliées ensembles

Toulouse le 3 avril 1936

Monsieur le professeur,

C’est un revenant qui vous écrit. Un revenant qui n’est pas immatériel et qui se porte à merveille. Vous vous souvenez sans doute encore de cet étudiant des Beaux-Arts, toulousain, qui fut votre malade en 1927 à l’hôpital de la Charité et qui occupait le lit N°1 ? Vous l’appeliez « le ressuscité », avec ce beau sourire plein d’optimisme volontaire voulu qui redonnait confiance aux moribonds. Eh bien, ce ressuscité, c’est moi. Moi qui vous dois la vie car si je m’en souviens bien, vous fûtes le seul à déceler en m’auscultant quel était le côté atteint et ce diagnostic qui permit un judicieux pneumothorax me sauva. Je vous écrivis une fois de Portet, après ma convalescence qui fut longue. Et je m’excusais de ne pas l’avoir fait plus souvent en vous disant que ma santé était si bien revenue que j’en oubliais ma maladie passée. Cela est si vrai maintenant que lorsque des gens qui m’ont vu à l’hôpital me rappellent ce temps-là, je suis brusquement surpris et je dois faire un effort pour me remémorer les souffrances morales et physiques que j’ai supportées alors. Mais cet oubli d’un mal oublié, dont tout le mérite vous revient puisque c’est ma guérison complète qui le cause. J’arrête sur le plan sympathique où j’aime à évoquer souvent votre visage dont le sourire confiant allait au malade et le regard soucieux aux assistants. Votre regard, je le revois terriblement, plein d’une si vive intelligence et d’une si puissante compréhension du mal que j’éprouvais comme un bienfait et un soulagement à chacune de vos visites. J’y retrouve encore, faisant comme un petit nuage gris sur le fond blanc des blouses et des murs et sur la clarté d’un optimisme feint, la pointe imperceptible, l’inquiétude qu’y faisait naître une subite oscillation du graphique des fièvres du malade. Je me plais à me le rappeler aussi, lorsque paraissant vaguement lointain pour fixer l’objet d’une explication délicate faite aux étudiants, il redevenait brusquement vif et ironique sur une boutade malicieuse.

J’ai gardé comme vous le voyez un souvenir très vif des impressions que votre ténacité faisait naître et je sais qu’en faisant un tout petit effort, je ferais très bien de mémoire votre portrait. Mais c’est une chose qu’un artiste consciencieux doit bien se garder de faire et je préfère attendre d’être revenu à Paris pour vous demander quelques séances de poses s’il peut vous être agréable que je fasse votre buste. En attendant cette occasion qui pourrait se trouver pendant l’exposition 1937 où je travaillerai peut-être, je vous prie d’accepter, comme gage de ma reconnaissance, une petite sculpture que je fis l’an passé à Madrid et que je viens de faire patiner. C’est un torse d’espagnole aux seins bien ronds, aux seins cambrés, à la tête fière. Il y a bien longtemps que je désirais faire une œuvre suffisamment agréable pour vous l’envoyer mais ma vie difficile, ma situation précaire ne me le permettait pas. J’ai eu l’an dernier la chance d’obtenir une bourse pour passer 6 mois à la Casa Velazquez à Madrid, et là enfin j’ai pu réaliser la promesse que je m’étais faite. J’ai aussi pensé à Monsieur le Docteur Lonjumeau à qui je dois un peu du sang qui coule dans mes veines. C’est lui, vous vous en souvenez sans doute, qui, en un moment urgent et critique voyant la nécessité, pour me sauver, de me faire une transfusion de sang, et n’ayant aucun préteur sous la main, n’hésita pas à prendre du sien pour me le donner. Aussi, je vous demande de me faire savoir son adresse pour lui écrire, le remercier et lui offrir ce que j’ai modelé pour lui là-bas.

Avant de vous envoyer votre statuette, j’ai tenu à la présenter au salon des artistes français pour l’exposer. C’est la première fois que je présente quelque chose et vous comprendrez quelle importance on y attache en province. Je serai très heureux de les savoir acceptées par le jury et sitôt après le salon elle sera en votre possession. Je demanderai la même faveur au docteur Lonjumeau. Et maintenant si vous le permettez je vais vous parler un peu de ma vie d’ancien malade bien guéri. J’ai repris totalement mon activité d’artiste. Ceux qui n’ont pas connu ma maladie ne se doutent pas du tout que j’ai été aussi touché. Je vous envoie quelques photos pour vous montrer que l’on peut très bien s’y tromper. Je pèse 84 à 85 kg, ce qui est un poids normal pour ma taille 1.82m. J’étais même arrivé à 89, 90 voila trois ans mais un régime de quelques mois consécutif à un coup de pied de Vénus me fit un peu maigrir. Depuis je maintiens ce chiffre de 85. Pendant ma convalescence qui dura 1an1/2, je commençais à m’occuper du petit commerce qu’exploite ma mère et je l’aidais beaucoup pendant 2 ans. Avec une camionnette, c’est moi qui allait faire les provisions bi-hebdomadaires. Je repris ainsi mes forces tout doucement, avec des hauts et des bas. Mais je gagnais chaque année quelque chose. En 1931 j’appris à nager dans la Garonne et depuis, tous les étés je nage. En 1932 j’avais repris contact avec mes anciens camarades artistes de Toulouse et je louais un atelier pour préparer les cartons d’une fresque de 30 mètres carrés que je peignis en 3 mois, en hiver. Depuis, j’ai fait d’autres travaux surtout en sculpture. Décoration de groupes scolaires pour la ville de Toulouse, portraits, bustes ou quelquefois au pastel.

Comme je vous l’ai déjà dit, j’obtins en 1934 une bourse du Conseil Général de la Haute Garonne pour aller étudier l’art espagnol pendant 6 mois. J’y passais tout l’hiver dernier 34-35 et le climat très sec de Madrid me fit beaucoup de bien. Ce séjour de la Casa Velazquez fut un grand régal pour moi et d’un grand profit, autant pour ma santé que pour mes progrès artistiques. J’aurai bien voulu y retourner cette année mais on ne m’a pas renouvelé ma bourse pour avantager un plus grand nombre d’artistes. Je suis revenu à Toulouse en juin, j’ai loué un plus vaste atelier que le premier et j’ai exécuté une statuette pour la nouvelle bibliothèque de Toulouse dont je vous envoie une photo. J’ai voulu faire en pied une jeune femme pleine de santé et de vie. Ai-je réussi ? Actuellement, je cherche à composer un grand bas relief dont les personnages sont plus grands que nature et destiné à l’entrée d’un groupe de maisons d’habitations modernes, créé par la ville de Toulouse. Je fais le soleil (Phébus-Apollon) apportant à tous la santé et la joie de vivre. Quand mon projet sera au point je vous enverrai une photo. Je viens tous les jours travailler dans mon atelier de Toulouse et je rentre chaque soir dans ma famille (sauf lorsque je suis invité à partager la nuit d’une charmante amie) à Portet, c’est-à-dire à 10 km de la ville. Je fais la route sur un vélomoteur chaque fois que le temps et la saison le permettent. Et cela ne me fatigue pas du tout. Il m’arrive d’être enrhumé comme tout le monde, de « prendre froid », mais je me soigne aussitôt très énergiquement et ça n’a pas d’autres conséquences qu’un peu de toux et une expectoration et de nombreux mouchoirs employés. Mon poumon droit (qui avait subi le pneumothorax) est tout doucement revenu à sa fonction. Je ne ressens de douleur que sur la nuque et dans le dos entre les épaules lorsque je suis un peu surmené. Alors, je fais une cure d’hémontyl (une boite souvent suffit) et suis tout ragaillardi. Mon cœur lui se ressentirait davantage de ma maladie, et avec lui ma circulation sanguine. Il a quelquefois des palpitations et j’ai l’impression certaines nuits qu’il s’arrête brusquement pour repartir après, à grands coups rapides. Je ne m’inquiète pas trop car je ne bois pas d’alcool (un peu de vin aux repas), je fume sans excès et je n’use le plaisir amoureux que modérément. Ma jambe gauche où j’ai eu une phlébite est demeurée enflée avec des varices mais elle ne m’empêche pas de faire un assez gros effort de marche à l’occasion.

Bref vous le voyez, je suis tout à fait le ressuscité que vous aumoniez gaiement en 1928. Si je vais à Paris cette année, je serai heureux de vous revoir et de vous remercier. Et si vous trouvez un intérêt clinique à mon cas, je me mettrai à votre disposition pour toutes les observations que vous jugerez utile.

Si un heureux hasard, ou les nécessités de votre travail ou encore votre séjour de vacances vous conduisaient vers Toulouse, n’oubliez pas que vous serez le bienvenu chez moi et dans ma famille. J’aurai une très grande joie à vous recevoir, à vous montrer mes œuvres et à vous faire choisir une peinture qui vous plaise.

Excusez-moi d’avoir été si long, et de vous avoir pris un temps précieux que vous auriez peut-être passé à guérir un malade, mais j’avais à rattraper de longues années de silence qui n’étaient pourtant pas des années d’oubli, d’oubli de vous.

Quand j’ai du travail, je suis gai, content de vivre et d’œuvrer. C’est à vous que je dois cette allégresse et je vous en envoie le témoignage pour que vous ayez la satisfaction de l’œuvre accomplie, parfaite et durable.

Je ne sais vous dire merci autrement que comme je le fais, simplement, mais avec mes sentiments les plus nobles qui vous feront, je l’espère, voir ma profonde gratitude.

P.S. lorsque le salon des artistes français sera terminé, je prierai un ami de Paris de vous apporter la statuette. Et si elle n’était pas admise par le jury d’admission, ce qui peut bien arriver, vous l’auriez chez vous bientôt.

Réponse du professeur Emile Sergent


Réponse Professeur Émile Sergent Paris le 22 avril 1936

Mon cher Druille,

Votre lettre du 2 avril, adressée à la Charité, a été envoyé avec beaucoup de retard à Broussais, où mon service a été transféré il y a deux ans. Je l’ai trouvé sur ma table avant hier en reprenant mon service après quelques jours de repos passés à la campagne pendant les vacances de Pâques.

Laissez-moi vous dire combien cette lettre m’a ému et touché, d’abord par la fidélité de votre souvenir et, ensuite par le charme plein de sincérité avec lequel vous l’exprimez.

Nous sommes bien heureux, nous médecins, qui assistons si souvent impuissants à des drames douloureux, quand nous pouvons avoir la joie d’aider la bonne nature à conduire nos malades vers la guérison.

J’ai souvent cité votre cas aux jeunes étudiants que j’ai mission de former, pour leur faire comprendre que, même quand la situation d’un malade paraît désespérée, il faut toujours tenter tous les efforts possibles.

Ce m’est un grand bonheur d’assister à votre succès et de contempler, à coté des photographies de vos belles œuvres, celles qui reflètent votre bonne mine et votre joie de vivre.

Je suis très sensible à votre gentille pensée et j’aurai un grand plaisir à placer, auprès de moi dans mon cabinet de travail, la statuette que vous m’annoncez. J’espère qu’elle vous vaudra, de la part du jury, une récompense.

Vous pouvez écrire à Lonjumeau, 4 rue Joseph Bara, à Paris, c’est là qu’il est installé maintenant comme docteur.

J’espère avoir bientôt le grand plaisir de vous voir à Paris. Continuez à bien travailler et n’abusez pas trop de ….l’hospitalité de charmantes jeunes amies !

Croyez, mon cher Druille, à mon meilleur souvenir.

Il y a ensuite une dizaine de lettres, je retranscris juste la dernière reçue par mon père, écrite par l’épouse du professeur Sergent le 7 mai 1943, quelques jours avant son décès.

lettre Mde Emile Sergent Paris le 07 mai 1943

Monsieur,

Mon mari est bien malade et ne peut plus écrire lui-même. Quand votre lettre est arrivée, j’ai encore pu la lui lire et il m’a demandé de vous répondre.

Je le veille cette nuit et malgré les heures cruelles que je vis, je tiens à respecter la volonté qu’il a exprimée. Il s’est réjoui de savoir que vous pouvez travailler et que votre santé résiste aux difficultés de la vie actuelle. Quant à lui, il avait à 72 ans repris son service à l’hôpital Boucicaut du 31 août 1939 au 20 septembre 1940. le service fatiguant, le désespoir de voir notre pauvre chez pays désemparé, les rigueurs des hivers, la carence alimentaire sont venus à bout de ses forces qui ont décliné depuis 18 mois sans que cependant il ait arrêté toute l’activité de sa vie.

Puis brusquement depuis 2 mois son état s’est aggravé. Il n’a plus quitté son fauteuil dans son cabinet et maintenant il est alité.

Hier fut une journée émouvante, le ministre de la santé lui a apporté la plaque de grand officier de la légion d’honneur avec magnifique citation faisant allusion à sa rigidité de principes qui font l’estime et l’admiration. Et c’est lui-même qui a remercié en quelques phrases simples et émues.

C’est l’ultime hommage rendu à une vie toute de labeur de droiture et d’honneur, le feront des minutes poignantes dont nos petits-fils garderont le souvenir, puissent-ils suivre un tel exemple et rester dignes d’un tel grand-père.

Je sais que vous l’aimiez, c’est pourquoi je vous ai donné ces détails. J’ajoute qu’il finit en chrétien et en pleine conscience.

Croyez monsieur en mes meilleurs sentiments

Signature

Et je ne vous ai pas dit combien nous pensons fort à votre chagrin. C’est si cruel la perte d’un enfant.

 

J’espère dans le futur pouvoir mettre un dossier complet avec retranscription des lettres au format .pdf, moins vorace en taille. Mon message était prêt depuis juillet, je souhaitais cette possibilité. L’hommage que je veux rendre et promouvoir ne peut plus attendre.

Panodyssey, éditeur de découvertes et révélations exclusives, c’est la meilleure des publicités.

lecture 183 lecturas
thumb comentario
3
reacción

Comentario (2)

L’ouverture d’un espace de stockage dans les nuages pour entreposer des fichiers est un des projets… On se concentre sur les finitions de Panodyssey Pro et ensuite on travaille à l’offre Premium 2023 :-)

avatar

Bruno Druille hace 2 años

SUPER, merci Alexandre pour le commentaire. Dans les évolutions que j'espère il y en a aussi sur les statistiques (par rapport à ce que je connais sur mes anciennes plateformes de blog) comme par exemple la possibilité de sélectionner différentes bornes de dates (15 derniers jours, dernier mois, 6 derniers mois, dernière année, depuis le début, entre 2 dates). Je verrai bien aussi un forum d'échange en lien avec la FAQ quand elle sera structurée.
Bon travail, avec tous les projets déjà initiés (je vois bien l'implication européenne et les différents concours).
Cordialement.

¿Te gustan las publicaciones de Panodyssey?
¡Apoya a sus escritores independientes!

Seguir descubriendo el universo Cultura

donate Puedes apoyar a tus escritores favoritos

promo

Download the Panodyssey mobile app