Galatée et Pygmalion
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Galatée et Pygmalion
Ou l'envol du papillon d'albâtre
Près des lointains rivages de Chypre, où les vagues caressent tendrement le sable doré, vivait un sculpteur du nom de Pygmalion. Doué d'un talent divin, il façonnait la pierre et l'ivoire, transformant la matière brute en chefs-d'œuvre d'une beauté ineffable. Mais, malgré son don, son cœur demeurait vide, insensible aux charmes des femmes qu'il côtoyait. Il les voyait comme des objets imparfaits, incapables de répondre à ses attentes de perfection.
Un jour, sous l'impulsion de son inspiration (narcissique), Pygmalion se lança dans la création d'une statue d'une perfection inégalée. De ses mains habiles naquit Galatée, une figure féminine si gracieuse et divine qu'elle semblait imprégnée de vie. Jour après jour, il contemplait cette œuvre, chaque regard accentuant un peu plus l'amour qu'il éprouvait pour cette création figée dans l'éternité. Car, après tout, elle ne pouvait ni parler, ni penser, ni contester.
Lorsque la douce clarté de la lune enveloppait son atelier d'une lueur argentée, Pygmalion murmurait des mots d'amour à son amante de marbre. Ses lèvres se posaient sur celles de Galatée, froides et lisses comme la neige, mais emplies d'une promesse muette. Chaque baiser était une prière, chaque caresse une supplique adressée à Aphrodite, la déesse de l'amour et de la beauté. Il aimait l'idée d'une compagne silencieuse et docile, une femme idéale dépourvue de volonté propre.
Touchée par tant de dévotion et d'ardeur, Aphrodite descendit des cieux, illuminant l'atelier de son éclat divin. D'un geste gracieux, elle insuffla la vie à la statue, transformant l'ivoire en chair, et les traits figés en une expression de tendre émerveillement. Galatée, désormais en vie, ouvrit les yeux pour la première fois et croisa le regard ému de Pygmalion. Pour lui, elle n'était plus une sculpture, mais un objet parfait d'adoration.
Leurs cœurs battirent à l'unisson, et dans un instant suspendu dans le temps, ils s'étreignirent avec une passion inouïe. La légende de Pygmalion et Galatée devint alors un hymne à l'amour éternel, où l'art et la dévotion transcendèrent la frontière entre le rêve et la réalité.
Ensemble, ils vécurent des jours empreints de bonheur et de complicité, selon sa vision idyllique, à lui. Forcément.
Il créait des œuvres qui témoignaient de leur amour inébranlable. Et dans les cieux, Aphrodite veillait sur eux, satisfaite d'avoir accompli un miracle digne des plus belles histoires d'amour.
Voilà !
Non je rigole. Mais jaune hein. Canari, même ! (En même temps, j’habite à Nantes...)
Parce que là, c’est un peu le pompon sur la crêpe bretonne. La poupée gonflable avant l’heure.
Pas en latex mais en ivoire. La belle affaire.
Donc on a cet homme, talentueux sculpteur chypriote qui, déçu par les femmes de son époque qu'il trouvait vaines et immorales, décida de se consacrer exclusivement à son art. Jusque-là, pas de problème, limite on peut le comprendre tant les relations humaines peuvent parfois paraître bien compliquées.
Un jour, las de ce monde cruel où aucune femme ne correspondait à ses attentes irréalistes, Pygmalion décida de créer son idéal de féminité. Car, après tout, qui a besoin de vraies interactions sociales quand on peut se sculpter une femme parfaite, en vrai ?
De ses mains habiles prit forme Galatée, une statue tellement gracieuse et divine qu'elle semblait imprégnée de vie. Il ne manquait plus que l'option "auto-nettoyage" et elle aurait été parfaite.
Nuit après nuit, sous la lune prise à témoin, Pygmalion murmurait des mots d'amour à sa belle création.
Car rien n'est plus romantique que de parler à une statue, n'est-ce pas ?
Et puis avec de l’ivoire, pas besoin de se poser la question du consentement, c’est hyper pratique, quoi !
Et donc voilà notre Pygmalion, fier de son œuvre d'art. Parce que, bien sûr, dans son monde idéal, une femme parfaite ne parle pas, ne pense pas et n'a aucun libre-arbitre. Il se disait sûrement que c'était le rêve, un monde où les femmes ne faisaient que répondre aux attentes masculines sans poser de questions.
Galatée, la statue devenue femme, ouvrit les yeux dans ce monde absurde. Pas de chance pour elle, elle se retrouva dans les bras d'un homme qui ne l'aimait que pour son apparence figée, sans jamais se soucier de ses désirs ou de ses pensées.
Bienvenue dans le conte de fées, version dystopique.
Mais Galatée n'était pas du genre à se laisser faire. Après tout, même les créations divines ont leur propre volonté.
Elle réalisa rapidement que son existence n'était qu'une illusion, façonnée par les fantasmes d'un homme incapable de voir au-delà de l'apparence. Elle décida de prendre les choses en main, parce que, franchement, qui a besoin d'un homme qui parle à des statues ?
Elle demanda à Aphrodite de lui accorder la liberté de découvrir le monde par elle-même et de vivre une vie authentique et autonome. Aphrodite, amusée par la situation, exauça son souhait. Galatée quitta alors l'atelier de Pygmalion sans un regard en arrière, laissant derrière elle un homme désemparé, confronté à la réalité de l'objectification qu'il avait imposée et à ses propres illusions brisées.
C’est comme ça que j’aurai aimé réécrire l’histoire : L’envol du papillon d’albâtre
Aujourd’hui, on croise plein de Pygmalions. J’en croise plein.
Enfin des hommes qui aimeraient me transformer en Galatée. Je crois que c’est plutôt dans ce sens-là.
Qui se gargarisent de savoir mieux que moi ce que je veux exprimer et comment je dois le faire. Comment je dois écrire ou bien me comporter. Et je pense qu’au-delà de leur soif de contrôle se cachent surtout des insécurités qu’ils cherchent à tout prix à maquiller.
Comme si ce rôle de Galatée moderne servait avant tout à leur tendre un joli miroir dans lequel chérir leurs propres reflets.
Un mirage, une illusion de perfection qui leur permet de masquer leurs propres failles et leurs propres doutes.
Mais cette illusion ne peut durer éternellement.
Car tôt ou tard, la réalité finit par se révéler, et les attentes irréalistes s'effondrent, laissant place à la vérité brute et authentique des femmes modernes aux caractères parfois bien trempés. Et c’est tant mieux !
Xoxo, Juliette !
Image réalisée avec l'aide de Copilot pro et retravaillée avec Canva
Juliette Norel hace 1 mes
je n'aurai dit mieux 🧡
(updated)Jean-Christophe Mojard hace 1 mes
Et de nos jours de voir fleurir dans les films ces Galatée modernes, sous les traits d'hologrammes féminins ou de robots humanoïdes aux formes idéalisées pour la gent masculine.
(updated)Les réseaux sociaux également sont inondés de publications innombrables, exhibants des sculptures numériques de femmes dénudées, souvent les mêmes, sans plus aucune saveur ni grain de peau.
Je laisse aux Pygmalions ces poupées de cire et vais virevolter avec les papillons.
Juliette Norel hace 1 mes
C'est une très belle façon de concevoir la réalité et la profondeur des relations basées sur autre chose que la projection que l'on se fait de "l'être aimé" pour finalement l'aimer pour de vrai puisqu'on épouse aussi ses aspérités.
(updated)Jean-Christophe Mojard hace 1 mes
Ce sont les aspérités qui font toute la différence. Le Kintsugi du corps, de l'esprit et de l'âme.
(updated)