Claudia Moscovici
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Claudia Moscovici
Claudia Moscovici est une écrivaine roumaine-américaine. Détentrice d’un doctorat en Littérature Comparée à l’Université de Brown, elle s’intéresse avec passion à l’art, la littérature, la psychologie et l’histoire. Elle est écrivaine, critique littéraire et critique d’art.
Claudia nous présente sa vision :
Panodyssey : Un salon littéraire, culturel et international au XXIème siècle.
" Quand je me suis inscrite sur Twitter il y a plusieurs années, il n’a pas été compliqué de trouver la phrase qui me décrivait le mieux : « Née au mauvais siècle, je suis une potentielle salonnière » .
Dès l’université, quand pour la première fois, j’ai découvert la Marquise de Rambouillet - cette hôtesse raffinée, chef de troupe des artistes et des écrivains les plus talentueux de sa génération, les menant dans de brillantes discussions intellectuelles dans l’élégante alcôve de son salon - j’ai su que j’avais raté ma véritable vocation. Bien sûr aujourd’hui, les femmes en principe peuvent être et faire ce qu’elles veulent. La société est moins sexiste et plus démocratique. Mais dans un contexte où le divertissement prime sur l’actualité socio-politique en termes de popularité et de visibilité, quelle chance reste-t-il à l’art, la littérature et la philosophie de revenir au centre de l’attention générale ?
Ma grande question en tant que salonnière contemporaine fut celle-ci : où sont les salons littéraires ? La plupart des discours académiques me semble trop technique et spécialisé pour toucher un large public. Heureusement, lors de mon premier cycle à l’Université de Princeton, j’ai eu l’énorme privilège d’étudier avec des chercheurs incarnant la tradition des salons littéraires. Le Professeur Robert Fagles, traducteur de certains poèmes épiques d’Homère, et le Professeur Victor Brombert, un écrivain régulier pour “The New-York Review of Books”, ont encouragé mon amour pour le monde de la littérature et de la culture au point d’avoir choisi Littérature Comparée pour mon premier cycle d’études et mon cycle supérieur.
Penser avec lucidité et écrire dans un cadre universitaire ne ressemble toutefois pas à l’éveil interdisciplinaire et culturel qui eut lieu lors du siècle des Lumières. En tant qu’historienne, Dena Goodman explique dans “The Republic of Letters : a cultural History of the French Enlightenment” (Cornell University Press, 1996), que les philosophes, écrivains et scientifiques tels que Condorcet, Voltaire, Diderot, Rousseau et leurs comparses féminines, les salonnières, ont réalisé rien de moins qu’un bouleversement culturel. Paris devint l’épicentre d’un réseau d’idées ancrées dans la science empirique, contestant les doctrines religieuses dominantes et établissant une autorité politique. Le nouvel ordre civil a cessé d’être basé sur le droit divin du roi, pour se baser sur les droits naturels, ce qui a donné des droits et des responsabilités à tous les citoyens. Pour endiguer le pouvoir absolu des monarques, le philosophe satirique et politique Montesquieu a proposé des divisions politiques des différentes sphères et branches du gouvernement. Benjamin Franklin, Thomas Jefferson et d’autres figures importantes des Lumières Américaines ont fait de ce concept le pilier du gouvernement démocratique aux Etats-Unis.
Alors que les États-Unis ont ouvert la voie à l’application des principes des Lumières à la politique, de la façon la plus progressiste, certains monarques à travers l’Europe, influencés par les philosophes français, ont promulgué plusieurs réformes afin de tendre vers leurs propres versions de monarchies. On peut citer, Frederick le Grand de Prusse, Catherine la Grande de Russie, Léopold II de Toscane ou encore Joseph II d’Autriche. L’Encyclopédie écrite par Diderot et d’Alembert (1751-1772) a quant à elle permis de propager le savoir des Lumières au sein de la classe moyenne. Son objectif intrinsèquement interdisciplinaire et révolutionnaire n’était rien de moins que de changer « la façon dont les gens pensent ». L’invention de l’imprimante a facilité la dissémination de livres, de journaux et de pamphlets. Elle a rendu possible cet échange fertile de savoir.
De nos jours, Internet a également changé notre façon de communiquer et de diffuser les idées. Les réseaux sociaux tels que Facebook ont permis à beaucoup d’entre nous de garder contact avec nos familles et nos amis loin de nous. Des sites de réseaux professionnels comme LinkedIn, ont rendu possible des opportunités professionnelles et des collaborations à travers le pays et à l’étranger. Les forums de réunions tels que Zoom, nous ont donné la chance de pouvoir travailler avec des collègues éloignés, sur des projets communs. Pendant la pandémie du Covid-19, lorsque de nombreux pays ont établi un confinement afin de freiner la propagation du virus, les réseaux sociaux ont prouvé qu’ils n’étaient pas seulement utiles mais aussi absolument nécessaires.
Panodyssey.com, cette plateforme culturelle créée et gérée par l’entrepreneur français Alexandre Leforestier, anticipe une nouvelle révolution culturelle potentielle. Panodyssey offre un moyen aux artistes, écrivains, photographes, réalisateurs, éditeurs, architectes, professionnels et innovateurs technologiques, de collaborer sur des projets communs. Comme l’a indiqué Claudia Ferrazzi, la Présidente de Viaarte et ancienne conseillère du Président français Emmanuel Macron, dans un article pour Challenge.fr, les chefs d’entreprises d’aujourd’hui contribueront également à ouvrir la voie.
Pour revenir au thème des salons littéraires, tout comme les monarques éclairés et les chefs religieux étaient les mécènes des Arts pendant la Renaissance et les Lumières, les agences gouvernementales et les chefs de file de l’industrie en sont les mécènes actuels. Ferrazzi a raison de considérer les chefs d’entreprises prospères comme les visionnaires d’aujourd’hui. Ils anticipent les besoins et les technologies du futur. Ils trouvent des innovations et supportent des projets culturels, qui sans leur support, ne pourraient sans doute jamais voir le jour.
Je crois que plusieurs projets culturels sont aussi nécessaires aujourd’hui que ceux fondés sur l’esprit des Lumières mêlant collaboration interdisciplinaire et internationale. Les artistes et les écrivains trouvent de l’inspiration dans d’autres domaines. Ils ont besoin les uns des autres. Ils dépendent également de professionnels avertis en informatique, pour apporter leurs visions au public via les technologies modernes. Par exemple, grâce aux nouvelles technologies, comme the Google Art Project, on peut admirer des œuvres provenant des plus grands musées du monde, depuis le confort de notre maison. Cela est particulièrement nécessaire de nos jours, étant donné les restrictions touchant notre mobilité dû au Covid-19. De la même façon, Panodyssey utilise une plateforme innovante et intrinsèquement interdisciplinaire pour rendre possible notre propre révolution culturelle et technologique. La plateforme offre un forum idéal de collaboration et de création artistiques internationales. Et comme tout forum artistique, il dépend du soutien et du patronage de nos gouvernements et du monde des affaires international : des dirigeants qui voient que, dans chaque société et chaque nation, la culture est notre meilleur héritage pour l’avenir. "
Article original publié sur le profil Panodyssey de l’auteur :
https://panodyssey.com/fr/article/culture/panodyssey-a-21st-century-culture-salon-gpm77bkrfsf5
Crédits : Site Unsplash, photo par Mr.TT