À ces cieux impérieux ...
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À ces cieux impérieux ...
À ces cieux impérieux
Qui gouvernent nos vies :
Je vous congédie.
Que tombe sur mes yeux la chape cotonneuse des brumes de l'oubli.
Que s'évaporent les toits,
Que brulent les autos,
Que tombent les passants,
Je ne veux plus les voir ;
Et ni même mon corps.
Pour que naisse à nouveau,
En mes profondeurs troubles.
Que ma pensée quitte ma peau,
Qu'elle s'enfonce dans mon être,
Et ressuscite par écho,
Ces chaudes images grainées
Au goût si rare et distingué.
Je vois un grand cèdre à l'écorce bourrue, la mer, au loin, scintille en ses épines ; je vois des plages infinies aux sables orangés peuplés d'êtres éblouissants ; je vois de longues marches en les sapins géants.
Tout s'écroule soudain dans un grand bruit de freins.
La boue des grands chemins sur mon menton, glacée,
Un peu de terre encor, sous mes ongles cassés,
Le sang dégoulinant de mes chairs lacérées,
Les ongles que j'enfonce en ma face creusée,
Ne me font pas sentir que le monde est plus vrai.
La fange des humains et la sueur des miens,
L'âcre odeur de la terre, que j'ai sentie de près,
La surface des mers, la douce odeur du grain,
N'ont plus d'effet sur moi, ou sur qui que ce soit.
Sous mes yeux ou mes doigts, le monde fuit toujours ;
Aujourd'hui est parti plus véloce je crois
Qu'hier et même encor, que tout mon passé sourd.
Que reste-t-il du monde ?
Que reste-t-il de moi ?
Dans un pays maudit, l'amanite empourprée de l'ombre d'un sous-bois.