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LA PART DES ANGES

LA PART DES ANGES

Publicado el 18, feb, 2025 Actualizado 18, feb, 2025 Crime stories
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LA PART DES ANGES

Juliette est là, dans un coin, prostrée, assise sur une chaise.

Leur week-end en amoureux avait pourtant bien commencé.

Quand la voiture passa le portail monumental de la propriété de Manciet,, samedi à onze heures quinze, elle était aux anges.

Serge, son mari depuis deux ans, lui lança un regard doux et langoureux.

Serge, c'est son homme comme elle le dit souvent, tendre, attentionné, protecteur.

Elle se sent heureuse, épanouie et en sécurité à ses côtés.

L'allée majestueuse de chênes menant à la bâtisse les subjugua par la beauté des arbres centenaires aux imposantes statures.

La voiture se gara dans la cour de cailloux blancs.

Le bâtiment face à eux, une ancienne maison de maître gasconne en pierre, les ravit dès leur descente de voiture.

Au centre de la façade, un escalier, trois marches, en pierre elles aussi, menant à la porte d'entrée en chêne massif.

Serge actionna la cloche sous laquelle trônait une plaque :

« Bienvenue au Domaine Malestruc, sonnez et attendez »

La maîtresse des lieux ouvrit la porte moins de deux minutes après.

  1. Bienvenue au domaine Malestruc. Suivez-moi je vous prie.

La femme était chaleureuse.

Elle leur fit visiter le rez-de-chaussée, leur présenta la salle à manger où se prenaient le petit-déjeuner et le dîner.

Elle les amena ensuite dans la bibliothèque qui regorgeait de livres sur la Gascogne et le Gers.

Serge repéra de suite un recueil sur l'armagnac qu'il se promit de feuilleter dans la soirée.

Juliette trouva le lieu magnifique avec ses effluves de vieux papiers et de cire mélangés et ses murs recouverts d'ouvrages jusqu'au plafond, classés par ordre alphabétique sur des étagères massives.

Tout à fait dans le ton de la demeure.

  1. Nous vous avons réservé la chambre numéro deux, leur précisa la maîtresse de maison en s'engageant dans l'escalier en pierre.

La chambre était tout au bout du couloir.

La vue sur les vignes et le vieux chai en pierre digne d'une carte postale.

Juliette était radieuse en pensant à la nuit qui les attendait.

Après s'être tranquillement installés, les deux tourtereaux quittèrent les lieux pour se diriger vers Nogaro.

Serge avait réservé une table dans un restaurant réputé de la région, face au circuit automobile.

Le déjeuner fut d'une excellente facture.

Ils prirent tous deux la même chose, comme souvent.

En entrée une salade végétarienne, suivie d'un demi magret de canard sauce foie gras, une tuerie d’après Serge, et pour finir un carpaccio d'ananas.

Les cafés avalés, Serge régla la note et le couple se dirigea vers le circuit.

Ils arrivèrent bras dessus bras dessous devant l'accueil des stages de pilotage.

Serge présenta sa réservation, cadeau de Juliette pour son dernier anniversaire.

Les moniteurs de l'école de pilotage le briefèrent sur le circuit et la voiture.

Il vint donner un long baiser à sa moitié avant d'enfiler le casque avant de s'installer au volant de la Mégane RS.

Le doux ronron du moteur deux litres se fit entendre et la voiture s'engagea sur le circuit Paul Armagnac, pour sa première série de trois tours, sur les quatre prévues au programme.

Juliette, tranquillement installée dans la tribune, regarda le bolide tourner, prenant au passage un nombre astronomique de photos.

A chaque arrêt entre les séries, Serge descendait de la voiture, heureux comme un gamin devant son premier jouet, Juliette le rejoignant pour partager sa joie.

Le stage terminé, les deux amoureux reprirent la destination du Domaine Malestruc.

Arrivé sur place, ils croisèrent Edmond Larrère, le propriétaire des lieux, qu'ils n'avaient pas eu l'occasion de voir dans la matinée, trop occupé par la distillation du nouveau millésime.

Ils acceptèrent son invitation à visiter le reste de la propriété.

Il les conduisit tout d'abord à l'arrière du chai, afin de voir une très ancienne vigne de Baco.

Il leur expliqua que ce cépage était le seul hybride producteur direct présent dans une AOC, raison pour laquelle l'Europe voulait le faire arracher, chose à laquelle les producteurs d'armagnac s'opposaient vigoureusement, ce cépage étant emblématique de cette eau de vie.

Edmond ajoutant :

  1. L'armagnac sans Baco, c'est comme une piperade sans piment d'Espelette, ça manque de caractère

Serge et Juliette rirent de bon cœur, appréciant les explications de cet homme chaleureux et jovial.

La visite se poursuivit dans le chai à barriques, ou vingt ans de production attendaient patiemment.

Un doux parfum de bois et de vapeurs éthyliques flottait dans l'air parmi les murs et les poutres noircis par plus de cent ans de part des anges.

Puis vinrent les plus vieux millésimes, conservés dans des dames jeannes à l'osier défraîchi par le temps. Tous les deux n'avaient encore jamais vu un endroit renfermant autant de trésors.

Serge fut impressionné par une étiquette qui pendait d’un fil de fer entourant le goulot de l'un de ces flacons. 1924, l'année de naissance de son grand-père.

Ils entrèrent alors dans le second chai où trônait une dizaine de cuves en ciment.

C'est alors qu'elle le vit.

Dans un coin l'alambic était en pleine chauffe.

Le liquide transparent coulait tout doucement à l'intérieur d'un fût neuf venant tout droit d'une tonnellerie de Plaisance du Gers.

Juliette ne quittait plus des yeux l'homme devant l'alambic.

Edmond tout en leur expliquant rapidement les vinifications, s'avança vers le bouilleur de cru.

Plus Juliette se rapprochait, plus son sentiment devenait réalité.

Elle n'entendait plus Edmond leur expliquer le fonctionnement de l'alambic armagnacais, alambic en continu très spécifique de cette région.

  1. Le vin dans la cuve de droite arrive au bas du refroidisseur, les vapeurs d'alcool se refroidissent dans le serpentin, puis il monte...

Juliette, dans un semi-brouillard, n'écoutait plus les paroles d'Edmond.

Le regard rivé sur l'homme affairé, trop occupé à opérer un changement de fût pour la voir.

Elle reconnut de suite le tatouage sur l'avant-bras droit, un serpent en couleur.

Son trouble s'était intensifié.

Edmond s'approcha sans déranger la manœuvre délicate de la première barrique du breuvage de feu.

Puis il présenta l'homme, qui se retourna pour les saluer.

Le bouilleur de cru s'appelait Thierry Cazenave.

Elle n'avait jamais su son nom avant, mais elle n'avait aucun doute, c'était bien lui.

Ce regard bleu profond, cette carrure de déménageur, et le tatouage qui ne pouvait laisser de doute.

Il ne la reconnut même pas.

Thierry Cazenave se remit instantanément au travail, surveillant les manomètres et l'approvisionnement régulier en vin de la machine.

Juliette trempe de sueur sentit ses tempes prêtes à exploser, et puis le trou.

Elle se réveilla sur un des canapés de la bibliothèque.

Tout le monde la regardait.

Serge lui tenait la main, et elle remarqua de suite son regard inquiet.

Edmond et sa femme se tenaient à côté.

  1. Vous nous avez fait peur ma petite dit ce dernier, un sourire soulagé aux lèvres
  2. Il faut vous reposer, vous m'avez l'air bien pâlotte. Je vais préparer le dîner pour dix-neuf heures trente, que vous puissiez aller vous coucher de bonne heure, précisa la maîtresse de maison.

Juliette lui sourit, pendant que Serge la remercia pour sa sollicitude.

  1. Ginette va vous préparer un dîner Gascon qui va vous requinquer ma petite

Serge vit bien le trouble de Juliette, mais préféra ne pas insister.

Il attrapa ce livre sur l'histoire de l'Armagnac qu'il avait repéré et tendit un polar à Juliette dont l'intrigue se passait à Auch. Juliette appréciait les polars.

Pourtant elle le prit sans grande conviction.

Serge se plongea studieusement dans l'ouvrage choisi jusqu'au dîner.

Juliette resta les yeux rivés sur les poutres du plafond et n'ouvrit même pas le sien.

Le dîner fut agréable, Edmond et Ginette étant au petit soin pour leurs hôtes.

Ginette avait préparé un repas du terroir.

En entrée une salade gasconne avec salade verte, asperges, magret séché, foie gras, pain grillé, assaisonnée par une vinaigrette au vinaigre de cidre, suivie par un parmentier de canard confit aux cèpes, une pure bénédiction selon Edmond, et pour finir une croustade gasconne aux pommes, le tout arrosé par des vins de Côtes de Gascogne, fruits de la propriété.

Juliette ne se montra pas très loquace, malgré son trouble, elle essaya de donner le change sans vraiment y parvenir.

Serge, quant à lui, tout à l'excitation de son après-midi, se montra volubile.

Il raconta en détail aux propriétaires des lieux son mini stage sur le circuit Paul Armagnac.

Les sensations dans la voiture, ses progrès au fil des tours, les conseils des instructeurs et le grand plaisir pris sur la dernière cession avec des pointes à plus de deux cents kilomètres à l'heure.

La soirée se prolongea par une petite dégustation des armagnacs du domaine.

Juliette se contenta d'une liqueur au citron maison, résultat de la macération de zestes de citron dans la blanche d'armagnac.

Elle trouva ça excellent et le breuvage la détendit quelque peu, retrouvant quelques couleurs et un peu de sa bonne humeur.

Ce qui fit dire à Edmond

  1. Ça fait plaisir de voir que vous vous requinquez ma petite. Je le dis souvent à Ginette, l'armagnac c'est un antidote à la morosité, ça devrait être prescrit sur ordonnance.

Tout le monde rit de bon cœur.

Après avoir goûté trois millésimes différents, Serge et Juliette décidèrent de prendre congé et de rejoindre leur chambre.

Une fois les deux seuls, Serge tenta de savoir ce qu'il lui arrivait, en vain.

Elle éluda les questions en prétextant un coup de fatigue dû au stress et au surmenage.

Serge ne put que souscrire à l'explication, lui ayant maintes fois dit de lever un peu le pied.

Il ne mit pas longtemps à ronfler, signe chez lui d'un léger excès d'alcool.

A six heures il fut réveillé par quelqu'un qui tapait à la porte.

Juliette n'était pas dans le lit.

Il distingua la voix d'Edmond qui l'appelait.

Son sang ne fit qu'un tour, il sauta dans son jean, enfila un sweat et ouvrit la porte.

Le visage d'Edmond blême et grave, le fit tressaillir.

  1. Il faut que vous veniez avec moi, Serge
  2. Il est arrivé quelque chose ?

Edmond ne répondit pas et Serge lui emboîta le pas, inquiet.

Ils descendirent l'escalier, traversèrent rapidement la cour et rentrèrent dans le chai.

Au même moment l'allée de chêne menant à la propriété fût éclairée par la lumière bleue d'un gyrophare.

Serge s'arrêta net à la porte, comme saisi par un uppercut au foie.

Juliette était là, muette, son tee-shirt maculé par des tâches de sang.

Au sol gisait Thierry Cazenave, un vieux sécateur à vendange planté dans le dos.

Serge reconnut de suite un des sécateurs pendus dans l'entrée de la maison parmi la collection d'outils anciens.

Elle éclata en sanglot en voyant son mari qui la regardait, pétrifié.

Edmond, qui s'était éclipsé dans la deuxième partie du chai, revint avec une chaise qu'il plaça dans le coin des cuves pour y faire asseoir Juliette.

Elle était là prostrée.

Serge à ses côtés répéta :

  1. Qu'est-ce qui s'est passé Juliette, qu'est-ce qui s'est passé...

Elle le regarda, les yeux emplis de larmes, et resta muette.

Les gendarmes s'approchèrent,

  1. On va vous demander de nous suivre madame, lui dit un jeune lieutenant.

Juliette se leva sans un mot.

À la demande des gendarmes elle présenta ses mains et se trouva menottée.

Serge ne réagit pas, trop éprouvé par la situation.

Juliette passa devant lui entre les deux gendarmes, qui la laissèrent embrasser son mari une dernière fois.

Serge, soutenu par Edmond, la regarda monter dans le véhicule de gendarmerie.

Derrière la vitre Juliette fixa une dernière fois le chai.

Elle sourit.

L'homme, qui l'avait violée alors qu'elle était adolescente, gisait sur le sol, un sécateur dans le dos.



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