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Cinq

Cinq

Publicado el 13, abr, 2025 Actualizado 13, abr, 2025 Crime stories
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Cinq

Agathe

29 décembre 2024, 11h00

Voilà déjà une heure que le cours a commencé. Je trouve que les enfants ont plutôt un bon niveau dans l’ensemble. Il y a tout de même un grand décalage entre ceux issus de famille qui viennent skier tous les ans et ceux qui viennent très rarement. Ceux-là ont plus de mal à se réadapter. Je dois pour certains les prendre à part pour leur réexpliquer comment effectuer de beaux virages en chasse neige. Comme je m’y attendais, il y a beaucoup de chutes. Le problème est que comme ils me suivent tous en file indienne, lorsque l’un d’entre eux tombe il fait tomber tous les autres derrière lui ce qui crée un effet domino. D’un œil extérieur ce doit être plutôt drôle à regarder mais lorsqu’on est moniteur, c’est ensuite difficile de remonter la pente, aller chercher les skis, les aider à rechausser, les consoler…

Je pense que je m’en sors plutôt bien pour le moment en tout cas. J’ai retenu les prénoms des enfants les plus sociables en premier, ce sont en général ceux qui ont le moins peur, s’élance le plus vite et sont juste derrière moi. Celui qui est toujours premier dans la file, c’est un petit garçon de sept ans nommé Matthieu. Il a un très bon niveau pour son âge et je trouve qu’il aurait même pu tenter la troisième étoile cette année tant il a de l’avance. Il doit sûrement habiter proche de la montagne et venir skier régulièrement avec ses parents.

Derrière lui, une pipelette, une petite nommée Camille qui ne fait que parler. Elle est très souriante, très sociable. Elle semble aussi beaucoup m’apprécier. J’ai eu le droit à beaucoup de compliments de sa part depuis que nous sommes partis. Des remarques du genre : « Tu es trop belle », « Je te préfère toi à la monitrice de l’année dernière », ou encore « Tu es beaucoup plus gentille que les autres moniteurs ».

Ce sont des compliments qui me font sourire et me font chaud au cœur. Les enfants peuvent être parfois très francs et leurs remarquent peuvent vexer facilement, mais lorsqu’il s’agit de compliment, ça prend un tout autre sens. Recevoir les compliments d’un enfant, c’est savoir pertinemment qu’ils le pensent vraiment quand ils te le disent et ça fait chaud au cœur.

Vers la fin de la file indienne ce sont les enfants plus réservés ou ceux qui ont un moins bon niveau ou qui craignent de tomber. Parmi eux se trouve le petit garçon mélancolique qui m’intriguait plus tôt. J’ai appris lors de l’appel qu’il s’appelle Pierre. Il n’a pas dit un mot depuis que le cours a commencé, ni à moi, ni aux autres enfants. Il est souvent dernier ou avant dernier dans la file. Je le sens peu confiant, il a l’air de ne pas être très stable sur ses skis. A vrai dire il ne semble pas très concentré non plus, comme chagriné par quelque chose qui l’empêche d’avancer. Son niveau ne dépasse pas la première étoile pour le moment. Ses virages ne sont pas très beaux et il ne fait que du chasse-neige. Je crains qu’il n’obtienne pas sa deuxième étoile cette année.

Je ne devrais pas m’en soucier autant, je dois seulement m’assurer que ces enfants savent skier. Je ne suis pas là pour régler leurs problèmes personnels et pourtant quelque chose chez cet enfant, ses traits, son regard, sa manière de regarder dans le vide. Tout me rappelle… Lui. Lui enfant lorsque nous étions tous les deux. Lorsqu’il me parlait il y avait cette même intensité dans ses yeux.

Je ne devrais pas penser à tout ça, c’est du passé. Je devrais passer à autre chose mais c’est impossible. Comment peut-on ?

Lorsque le cours se termine, je récupère les dossards, aide certains à porter leurs skis. Je discute avec quelques parents puis m’apprête à me préparer pour mon deuxième cours, un cours particulier entre midi et deux avec un adulte, lorsque je vois qu’un enfant est toujours là.

C’est Pierre.

Il tente tant bien que mal de marcher dans la neige avec ses chaussures de ski en portant à la fois ses skis et ses bâtons sur ses épaules.

Mais que fait-il ? Où sont ses parents ?

Je m’approche de lui et il sursaute lorsque je lui demande :

-Tes parents ne sont pas encore arrivés ?

Il ne répond pas. Il se contente de me regarder. Dans ses yeux clairs se reflète mon visage. Ce vert d’une telle intensité, je ne l’ai vu que de rare fois dans ma vie chez les gens. Je ne les ai vus que chez…

J’essaye de me reprendre. Je tente une autre question.

-Tu sais qui doit venir te chercher ?

Il baisse les yeux, puis dans un murmure étouffé il répond d’une voix calme :

-Tante Suzie.

Je regarde à l’horizon et essaie de repérer une femme d’une quarantaine ou cinquantaine d’année qui pourrait chercher son neveu.

-C’est toujours elle qui vient te chercher ta tante ? Je lui demande.

Il me répond d’un hochement de tête. Il ajoute d’une voix frêle :

-Ne vous inquiétez pas, je ne suis pas loin, je vais marcher…

Je ne sais pas ce qui me surprend le plus, son vouvoiement à mon égard, ce qui est rare chez les enfants, ou le fait qu’il s’apprête à marcher jusqu’à chez lui comme s’il en avait l’habitude. Mais qui est cette tante qui laisse son enfant sur le bord de la route de cette manière ?

Malheureusement j’apprends vite la réponse à ma question.

Encore le regard penché sur l’enfant, je ne remarque pas la femme qui s’approche. C’est alors que le petit Pierre déclare d’une voix posée :

-C’est elle.

Lorsque je tourne la tête et contemple la silhouette qui s’approche, je crois tomber dans les pommes. C’est elle. C’est la vieille dame du bus. C’est aussi celle que j’ai vu ce matin à l’auberge lorsque je me sentais observée.

D’une main ferme, elle attrape les skis du garçon, les pose sur son épaule, puis, comme la veille, sans dire un mot, sans ne sembler éprouver la moindre surprise de me voir ici, elle prend la main du petit garçon et s’en va avec lui marchant sagement à ses côtés.

J’ai besoin de respirer un coup. Je fais quelques pas et manque de trébucher. Je respire difficilement. J’ouvre mon manteau, je m’assois dans la poudreuse et je les observe partir.

Quelque chose n’est pas net dans cette histoire…


***

Marie


4 mai 2018, 20h05

Notre petit rendez-vous au café s’est tellement bien passé avec Jonas que nous avons décidé de rester dîner ensemble dans un restaurant en centre-ville. J’ai remarqué que cet homme ne parlait pas beaucoup de lui, en revanche il aime m’écouter. Il me pose des questions alors je lui raconte des expériences de toutes sortes que j’ai pu faire dans ma vie. Il semble s’imprégner des aventures que je lui raconte et en vouloir plus, comme le sont les enfants à qui on lit une histoire pour dormir. Je me sens tellement à l’aise à travers son regard, à travers ses mots doux que j’ose lui déballer ma vie, mes pensées. Des pensées dont je n’aurais peut-être même pas fait part à ma meilleure amie et pourtant, il y a quelque chose qui me donne confiance en cet homme.

A mesure que je lui parle, il prend le temps d’observer mon visage, de mémoriser chacun des mes traits, chacune de mes expressions et je fais de même pour lui. Je remarque qu’il a un tic particulier qui est de toujours se frotter la nuque avant de parler. Peut-être est-il nerveux devant moi ?

En tout cas je n’ai jamais rencontré un homme aussi adorable de ma vie. Il ne m’a pas partagé beaucoup de détails sur sa vie. Je n’ai pas trop osé l’encombrer de questions non plus. Il ne semble pas trop vouloir se confier et je ne voudrais pas le contrarier. La seule chose que j’ai pu apprendre à son sujet est qu’il adore son travail et ne le quitterai pour rien au monde. Il m’a aussi beaucoup parlé de son meilleur ami Mattéo avec qui il passe la plupart de son temps. Il m’a raconté leur passion pour l’escalade. Je l’ai écouté m’expliquer ses aventures d’escalade en falaise, du jour où il a failli mourir lorsqu’il montait en tête et que la corde est sortie d’une des dégaines, le faisant chuter cinq mètres plus bas.

J’ai eu beaucoup de détails sur son travail et ses activités mais très peu sur sa vie personnelle : sa famille ou sur sa vie en Allemagne. Il ne l’en a pas parlé. Il a pourtant bien vécu un moment en Allemagne. Il ne m’a pas non plus raconté de sa passion pour Tintin. J’aimerais lui poser toutes ces questions mais à chaque fois que je tente de lui en poser une, il m’interrompt d’abord en me posant une centaine de question sur ma vie à moi. Je trouve cela étrange mais sûrement normal, il ne doit pas me connaître encore assez pour me raconter tout cela, voilà tout.


6 juin 2018, 5h30


Jonas Hohenberg est l’homme de ma vie, je le sais désormais. Cela ne fait qu’un mois que l’on sort ensemble et pourtant notre lien est si fort que c’est comme si tout n’était qu’une évidence depuis le début. Nous nous voyons tous les jours, parfois même plusieurs fois dans la même journée. Il passe à la boulangerie ou je passe à son travail, on se débrouille pour manger ensemble. Nous aimons aussi aller dans le parc où l’on s’est rencontrés pour la première fois. C’est devenu notre lieu sacré, notre repère comme on dit.

Aujourd’hui est un jour particulier. Jonas et moi avons pris chacun un mois de congés et décidé de partir faire un tour de France en Multivan. C’est une aventure que j’ai toujours voulu vivre et lui aussi. Ma mère et ma sœur ne sont pourtant pas très enchantées à cette idée. Elles trouvent cela ridicule que nous partions en vacances un mois ensemble après seulement un mois de relation. Pourtant, nous en rêvons tous les deux et nous sommes tellement proche qu’il est sûr que ça devrait bien se passer.

En un mois de relation, Jonas connaît tout de moi, en revanche, je ne pourrais pas dire la même chose dans l’autre sens. Je sais plus de choses à son égard qu’au début, j’ai pu lui poser quelques questions sur sa vie en Allemagne, son passé. Pourtant, ses réponses sont toujours très vagues. Lorsque je lui ai demandé comment étaient ses études en Allemagne par exemple, il m’a répondu d’un simple : « bien » et a rapidement changé de sujet. Lorsque je lui ai parlé de sa famille également, s’ils ne lui manquaient pas trop, j’ai vu dans ses yeux une sorte de peur que je n’avais jamais vu chez lui auparavant, il m’a répondu d’un simple : « non » sans préciser. J’ai préféré le laisser tranquille. Je pense que Jonas a vécu des choses difficiles, il doit avoir des souvenirs compliqués qu’il ne se sent pas encore prêt à partager. J’espère que vivre ce voyage ensemble va pouvoir nous permettre de devenir assez proches pour pouvoir enfin tout se dire.

Nous partons avec un Multivan Volkswagen que l’on a réussi à louer pour pas très cher à des amis de la famille de Jonas. L’intérieur est déjà aménagé : les amis de Jonas qui nous l’ont loué sont des nomades et sont partis récemment trois mois aux Etats-Unis et ont parcouru plus de trois mille kilomètres. L’intérieur est très simple mais très confort avec un lit repliable, une mini cuisine avec un mini réfrigérateur et un micro-ondes. Ceux-ci sont reliés aux panneaux solaires installés sur le toit du véhicule. En ce moment, il fait tellement beau et chaud qu’ils sont chargés à bloc la plupart du temps. Il n’y a pas de toilettes ni de salles de bain mais nous contions dans tous les cas trouver cela dans les campings où l’on a prévu d’aller où qui sait ? Peut-être va-t-on trouver pour dormir chez l’habitant ?

Nous comptons aussi nous faire quelques nuits plus confortables à l’hôtel.

Aujourd’hui, nous préparons notre départ qui aura lieu demain. Je dois passer dans la soirée dire aurevoir à ma mère, ma sœur et ma nièce. Tout devrait bien se passer. Cela fait maintenant deux semaines que l’on y réfléchit. C’est sûrement très peu mais nous nous entendons tellement bien avec Jonas. J’ai tellement hâte de partir.


7 juin 2018, 8h16


Jonas et moi sommes sur le départ. Nous avons chargé toutes les affaires, depuis sept heures du matin nous faisons des allers retours. Nous allons commencer notre périple par le plus proche d’ici, c’est-à-dire l’auvergne, puis nous descendrons dans le sud-ouest en commençant par le Pays Basque, puis le Golfe du Lion, Marseille, le Var pour finir avec Nice et Menton. Ensuite, nous remonterons petit à petit de Nice jusqu’aux alpes, puis nous monterons vers la Bourgogne puis l’Alsace, en passant par Paris nous irons dans le nord vers Calais. Enfin, nous finirons par la côte normande, un tout petit peu de Bretagne et enfin la Charente et la Charente Maritime. Tout cela devrait durer au minimum un mois et au maximum un mois-et-demi.

J’ai eu une longue conversation avec ma mère. Elle m’a fait le reproche de ne pas en avoir parlé plus tôt, de prendre des décisions sans y réfléchir à l’avance, qu’elle ne pensait pas que ce voyage allait durer plus d’une semaine sans que l’on ne se sépare avec Jonas. J’ai répondu calmement que j’avais fait ce choix et que pour une fois dans ma vie j’avais un projet commun avec une autre personne et que je le sentais vraiment. Je lui ai promis de lui envoyer des nouvelles tous les jours et qu’un mois passait très vite. Elle a fini par se calmer en me câlinant et me souhaiter bon voyage. Maintenant il ne me reste donc plus qu’à partir.

Jonas et moi nous installons, lui au volant, moi sur le siège passager. Nous allons sûrement changer toutes les deux heures de conducteurs. Je regarde une dernière fois du rétroviseur mon appartement en songeant à tous les souvenirs que j’aurais en tête une fois que je retournerai ici. Ma vie ne me semblera plus terne. Je pourrai retourner travailler paisiblement en ayant été comblée de paysages et d’aventures. Je pourrai être fière de ce que j’ai accompli et raconter mes aventures à mes amis. Je pourrai serrer ma mère dans ses bras en lui disant : « Tu vois ce n’était pas si sorcier ». Je ferai tout cela quand je reviendrai…

Le problème est qu’à ce moment-là, je ne savais pas que c’était la dernière fois que je voyais cette maison et cette ville. Que c’était la dernière fois que je voyais ma nièce et ma sœur. Que c’était la dernière fois que j’embrassais ma mère. Que ce voyage allait être le contraire de ce que je pensais.

Que je n’aurais jamais dû partir…


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