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30 juin 2018, commissariat central d’Ajaccio, 17h16
L’agent Bastien Farot travaille depuis déjà plus d’une heure sur le dossier de l’homme, l’ex-mari de Jeanne Borin. Il a tout fouillé, et pourtant, il sent que quelque chose lui échappe. Mais quoi ?
Cet homme semble assez lambda. Il n’a pas de casier judiciaire, il travaille en tant qu’agent immobilier dans une petite société, c’est un bon employé, il n’a pas pris de congés depuis noël jusque maintenant. En cherchant son nom sur internet, on trouve seulement un profil Facebook et un compte sur le site copain d’avant ou on peut y trouver d’anciennes photos de lui et de Jeanne et de leur mariage. Des photos de classe de CM1 et CM2 datant de 1994 et 1995 sont aussi présentes. On le reconnait, il a les mêmes yeux clairs et le même grain de beauté sur la joue droite qu’aujourd’hui. Il est grand par rapport aux autres, il semble un peu détaché, loin, dans ses pensées. C’est étrange, cet homme semblait plus extraverti, moins timide les fois où il a pu le voir au commissariat. Comme quoi un événement tragique peut transformer les gens.
Il a tout trouvé sur lui, une seule chose le tracasse. Il n’y a aucune trace du motif de son divorce avec Jeanne. Pourquoi ont-ils divorcé ? Il faudrait qu’ils le convoquent et lui demandent pour le savoir… Mais en attendant, il peut peut-être le trouver par lui-même. Il clique sur le compte Facebook. Il n’y a rien d’intéressant. C’est un compte privé. Il a soixante-quatre followers dans lesquels on retrouve Jeanne ainsi que ses collègues de travail et d’autres amis à lui. Il n’y a aucune publication. Rien qui pourrait le mettre sur la piste.
Bastien commence à chercher plus du côté de Jeanne Borin. Qui sait peut-être qu’il pourrait en apprendre Davantage. Il tombe en premier sur son compte Facebook aussi. Elle a un compte public où elle publie régulièrement. On peut y voir des photos de son chien. Quelques photos de son fils, Ezéchiel. Sur la première photo postée, on voit le petit garçon. Il doit avoir entre deux et trois ans. Elle date du premier janvier 2016. On voit garçon en combinaison de ski assis sur une luge. Il est heureux, il a un grand sourire qui laisse apercevoir toutes ses petites dents. Le chien est assis à côté de lui. Dans la description est inscrit « Une bonne glissade pour célébrer la nouvelle année ! ». En voyant cela, Farot est pris d’une grande émotion. Après tout lui aussi a une petite fille qui a deux ans et vivre ce que cette famille a vécu serait son pire cauchemar.
Il y a en tout une quinzaine de publications. L’homme apparaît sur deux d’entre-elles en 2016. En juin, où il tient son fils dans ses bras. Dans la description est inscrit : « Bonne fête au meilleur des Papas du monde » et pour la dernière fois en octobre où il est déguisé en Dracula tout comme son fils qui pose à côté. Ils portent la même cape noire avec des chaussures pointues et des fausses dents de vampire. Dans la description est inscrit « Joyeux Halloween de la part de nos deux vampires préférés ». C’est la dernière photo avec l’homme. Ce qui correspond car le divorce a eu lieu en février 2017. Mais pourquoi ? Sur les photos ils ont l’air heureux et tellement complices.
Il regarde au mois de janvier 2017. Il n’y a qu’une seule publication. C’est d’ailleurs l’avant dernière publiée. On y voit un paysage que Bastien connaît bien : Les falaises d’Etretat en Normandie. La description est très longue cette fois-ci : « J’aime venir ici pour me ressourcer en cette période difficile. Merci à tous pour vos prières pour mon fils, ça me fait chaud au cœur et me redonne un peu d’espoir. »
Bastien ne comprend pas. Qu’est-il arrivé à Ezéchiel en janvier 2017 ? En revanche ce qu’il sait c’est qu’un mois après les parents divorçaient et que c’est une sacrée coïncidence. Pourquoi dit-elle « mon fils » et non pas « notre fils » ? Ils devaient donc déjà être séparés. Qu’a pu faire l’homme de si terrible pour ne plus être considéré par Jeanne comme le père de l’enfant ?
Est-il responsable de ce qui est arrivé à Ezéchiel ?
Il faut qu’il prévienne l’inspecteur Barot le plus vite possible.
30 juin 2018, Cargèse, 17h20
La vidéo est datée du 29 juin 2018 à 7h22. On y voit le voisin, William en train de partir pour sa course. Il sort sur la terrasse, vêtu d’un short de sport, d’un débardeur et de Ray-Bans. Il fait demi-tour dix secondes plus tard car il a oublié de prendre sa montre connectée qu’il accroche à son poignet. Il ouvre le petit portillon puis le referme. Il marche quatre ou cinq mètres puis commence sa course.
C’est à 7h24 qu’on l’aperçoit enfin : le canoë. Il s’approche lentement de la plage. Il fait un arc de cercle en suivant le bord de l’eau avant de venir s’échouer sur le sable. On y voit un homme, avec une casquette, ce qui confirme le discours du parisien. Arrivé au bord, on le voit sortir de l’embarcation et sauter à pieds joints dans les dix centimètres d’eau restants. Il est impossible d’apercevoir son visage. On le voit tourner la tête à droite, à gauche comme pour vérifier qu’il n’y a personne.
L’inspecteur Barot fronce les sourcils et se concentre davantage sur l’image.
L’homme à la casquette retourne vers son canoë puis le retourne. L’embarcation se remplit d’eau puis s’enfonce peu à peu. Il le retourne à nouveau. On le voit ensuite frotter énergiquement le fond du canoë de sa main droite. Mais pourquoi le laver ? Veut-il le rendre dans un parfait état à son propriétaire ? Ou a-t-il quelque chose à cacher ?
Une fois son travail terminé, l’homme à la casquette sort le canoë de l’eau en l’ayant totalement vidé. Puis, il l’embarque son sous bras, le soulève et marche hors du champ de la caméra.
Cette séquence a duré seulement cinq minutes. Peut-on réellement établir un lien avec l’affaire ?
On ne peut pas savoir qui c’est. En revanche une chose est sûre, cet homme a quelque chose à cacher. Et s’il avait nettoyé ce canoë car il présentait des taches de sang ? De Jeanne Borin, peut-être ? Ou est-ce seulement à cause du sable ou des algues qu’il voulait nettoyer ?
L’inspecteur Barot reste les yeux fixés sur l’image, pensif, tandis que Braun discute avec le vieil homme.
-Puis-je revoir la vidéo ? Demande l’inspecteur.
Le vieil homme acquiesce d’un hochement de tête.
Or alors qu’il s’apprête à presser le bouton « play », le téléphone de l’inspecteur se met à sonner. Le Boléro de Ravel retentit dans la pièce. Il s’agace, fouille sa poche pendant de nombreuse seconde avant d’en sortir un I phone 7, qu’il tient maladroitement. Il décroche.
-Ca a intérêt à être important ! S’exclame-t-il en s’adressant à son interlocuteur.
-Inspecteur, j’ai du nouveau.
-Farot, ah oui concernant l’homme c’est ça ?
-Oui. J’ai fouillé le compte Facebook de Jeanne Borin et figurez vous qu’en janvier 2017 elle a publié un post où elle demande prier pour son fils. Cela un mois avant le divorce des deux parents.
-Et alors vous croyez que ça a un lien ?
-Eh bien oui, comme je l’ai dit, dans ce post, elle demande de prier pour « son fils » et non « leur fils » alors que dans les posts précédents elle parle de son mari comme le « meilleur papa du monde ». Je pense que ce post a un lien avec la raison de leur divorce.
-Je vois… Il est grand temps que l’on convoque le mari de Jeanne.
4 mai 2018, Dieppe, 10h35
Jeanne observe son petit garçon assis sur le canapé qui regarde les dessins animés en mangeant un bol de céréales. Il est heureux, voilà longtemps qu’elle ne l’avait pas vu sourire ainsi. Elle est tellement heureuse. Leur vie va enfin pouvoir recommencer.
Il y a une semaine, elle a vécu le pire mais aussi le meilleur jour de sa vie.
Que vont-ils faire maintenant ? Elle a vécu pendant un an dans un stress insoutenable où elle pleurait tous les jours. Maintenant que le cauchemar est fini, tout paraît si beau, si irréel. Elle a l’impression d’être au paradis.
Elle se souvient de ces journées entières qu’elle passait à pleurer, à hurler intérieurement, où elle ne se levait pas de son lit. Maintenant tout cela est terminé. Ils vont pouvoir reprendre leur vie, comme avant. A une exception près, l’homme n’est plus là maintenant et c’est à cause d’elle, elle le sait. Cependant, elle ne peut plus retourner en arrière. Il faut qu’ils avancent vers l’avenir, maintenant que le cauchemar est terminé, elle n’a qu’une idée en tête : vivre !
Cinq minutes plus tard, elle éteint la télévision, Ezéchiel râle un peu mais elle le calme rapidement en lui annonçant qu’ils vont aller pique-niquer à la plage.
Ces simples mots redonnent le sourire au petit garçon qui court dans sa chambre choisir ses meilleurs jouets.
Pendant ce temps, le téléphone de Jeanne se met à vibrer. Il est posé sur l’ilot central. Elle le récupère, regarde le numéro.
Numéro inconnu.
Elle est étonnée, elle décroche, sans savoir que cette décision va impacter le restant de sa vie…