Chapitre 7 - Le fou
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Chapitre 7 - Le fou
Deux frères, nés du même sang, d'un même berceau,
Rivaux depuis toujours, liés par un fardeau.
Ils grandirent ensemble, complices parfois,
Mais la rivalité s'installa, jetant des éclats froids.
L’aube pointe le bout de son nez, après notre ébat, je n’ai pas pu fermer l'œil de la nuit. J’ai regardé Rhéa dormir tout en réfléchissant à un plan pour stopper définitivement mon bâtard de frère. Par curiosité, je secoue ma main pour savoir quelle carte va tomber, je ne suis pas étonné en voyant : “L’As de Coeur”.
— C’est étonnant dis donc, soufflé-je.
Rhéa commence à s’agiter, signe qu’elle ne va pas tarder à se réveiller. Je me dépêche d’enfiler un jogging et de descendre à la cuisine. Je me prépare un café tout en allumant la télévision.
A ma grande surprise, aucun meurtre à déclarer. Ça n'augure rien de bon.
— Bonjour, marmonne une voix derrière moi.
— Dure nuit ? demandé-je
— Dure, non. Mouvementé, oui ! dit-elle en me faisant un clin d'œil.
Elle vient de me couper le sifflet.
— Désolée, continue-t-elle, je ne voulais pas…
— Bien joué, lâché-je en m’asseyant sur le canapé.
— Noah…
— Rhéa ?
— Le prends pas comme ça s’il te plaît.
Elle s’assoit à son tour en posant sa tête contre mon torse. Son geste me surprend, tant de contacts physiques en si peu de temps, je n’en ai pas l’habitude.
— Et je ne veux pas l’avoir, pensé-je.
— Qu’as-tu prévu aujourd’hui ? questionne t-elle
— Rien.
— Monsieur tient à garder ça secret à ce que je vois.
Elle se redresse puis fixe son regard dans le mien. Je déteste la sensation que cela me procure, à la fois cela me rend nerveux mais en même temps, la voir comme ça à quelque chose d’excitant. Je me fous une claque pour m’enlever ça de la tête.
— Mais pourquoi tu viens de t’en mettre une ? s'étonne-t-elle.
— Pour me réveiller. Bref, toi tu vas aller gentiment bosser pendant que moi…
— T’as pas peur que je finisse parmi les victimes ?
— Vas bosser, fin de la discussion.
Je me lève du canapé, dépose ma tasse dans l’évier et sans lui adresser un regard, je monte dans ma chambre. Je secoue ma main et une carte apparaît : Le Fou.
Mon cœur rate un battement en la regardant. Au moment où je quitte ma chambre, Rhéa est sur le palier.
— Tout compte fait, commencé-je, et si tu disais à ton patron que tu es terriblement malade ?
— Qu’est-ce qui te prend Noah ?
— C’est une proposition. Soit tu es subitement malade, soit tu seras réellement morte.
Je ne me suis pas rendu compte de l’intonation de ma voix mais à en croire le regard de Rhéa, je n’ai pas usé de délicatesse.
— Mauvaise carte, n’est-ce pas ? souffle-t-elle en retenant ses larmes.
Je lui mets la carte bien en vue, elle se mord les lèvres avant de me répondre :
— Je crois que j’ai de la fièvre.
Partie 1
Pendant qu’elle appelle son patron, je pars prendre ma douche. J’ai un mouvement de sursaut quand je sens sa présence derrière moi.
— Je te fais faire des économies d’eau, dit-elle.
— C’est… Gentil.
Je n’ose plus faire un seul mouvement, ses mains viennent s'agripper à ma taille et elle me fait pivoter pour qu’on se retrouve face à face. Mon cœur rate un battement, j’essaie de garder mon regard sur son visage. Elle se met à sourire puis elle fait glisser ses mains sur mon torse.
— Rhéa… soufflé-je en les saisissant, focus.
— Focus ? Sur quoi ?
Ses lèvres viennent se poser sur les miennes, elle m’embrasse langoureusement. Mes mains viennent la saisir par la taille et je la bloque contre le mur.
— Tu veux bien être sage, s’il te plaît, chuchoté-je.
— Si je refuse, il m’arrive quoi ? répond-elle de la même manière.
Je tiens désormais son visage entre mes mains, mes yeux viennent se fixer dans les siens.
— Reste sage, s’il te plaît.
— D’accord, sourit-elle.
Elle dépose un baiser sur ma joue avant que je ne quitte la douche. Je saisis une serviette de bain, la mets autour de ma taille puis je quitte la salle de bains. Je m’habille rapidement puis je reviens déposer la serviette. Au même moment, elle sort de la douche. Je détourne le regard. Elle se met à rire tout en prenant un drap de bain.
— T’es trop chou quand tu réagis comme ça, dit-elle.
— Ne te moque pas.
Je ne m’attarde pas avec elle, je referme la porte et me dirige dans le salon. J’allumes mon ordinateur et me connecte à discord. Quelques minutes après, elle me rejoint en s’asseyant à mes côtés. Elle passe une de ses mains dans mes cheveux avant de me caresser la joue.
— Rhéa…
Elle stoppe net son geste sans un mot.
— Quel plan as-tu en tête ? demande-t-elle.
— Y’a une soirée ce soir dans le centre-ville, il va forcément faire quelque chose.
— Tu comptes y aller donc ?
— Oui. Avec toi.
Ses yeux s’écarquillent, elle me demande de répéter.
— Rhéa, je ne t’envoie pas à la morgue. Je suis là, il ne t’attaquera pas, expliqué-je
— Tu comptes t’y prendre comment ? Il y aura du monde.
— Tu verras.
Elle ne rajoute rien de plus puis elle se lève pour aller à la cuisine. Je ferme le capot de mon ordinateur en soupirant. Soudainement, l’atmosphère devient oppressante, je regarde en direction de Rhéa qui ne se doute de rien. Je me lève tout en observant la pièce.
— Noah ? Tout va bien ? demande-t-elle inquiète.
J’ignore sa question, la sensation d’oppression devient de plus en plus forte. Au moment où je saisis Rhéa par le bras afin de la ramener vers moi, tout devient sombre.
— Qu’est-ce qu’il se passe ? panique Rhéa
— Il est là.
Au même moment, un rire résonne dans la pièce. Mes yeux observent chaque recoin mais je ne le vois pas.
— Noah !
Je la serre contre moi afin de la rassurer quand, enfin, mon frère daigne se montrer.
— Bonjour ! dit-il assis sur le canapé.
Rhéa sursaute tout en se serrant encore plus contre moi.
— Visite de courtoisie ? demandé-je.
— Bien évidemment, c’est important de prendre des nouvelles de sa famille ! sourit Nolan, c’est ma belle-sœur ?
— Non.
— Pourtant… Vous…
— Ferme-la, répondé-je sèchement.
— Autant pour moi ! dit-il en se levant.
Tout en s’avançant vers nous, des cartes apparaissent et lévitent autour de lui.
— Son prénom commence par un “R” il me semble, non ? demande t-il
— N’y pense même pas.
— Ne me dis pas que tu es amoureux ! s'étonne-t-il.
Voyant que je ne rétorque pas, il se met à rire. Il saisit rapidement une des cartes en vol et la regarde.
— Rhéa Campbell, âgée de 19 ans. Opérée à 15 ans à la suite d’un problème cardiaque, ce jour-là, elle a failli y passer…
En entendant son histoire, celle-ci tourne la tête vers lui.
— Un père alcoolique et violent, sa mère est morte en couche.Elle est devenue le jouet préféré de son père, continue Nolan.
Rhéa se détache de moi sans un mot et sans le quitter des yeux.
— A 17 ans, ses “amis” l’ont violé juste pour savoir ce que cela faisait, renchérit-il.
— Ferme-la Nolan, dis-je.
Rhéa commence à s’approcher de lui, je tente de la retenir mais elle se libère en secouant son bras. Nolan s’amuse de la situation et la regarde faire. Quand elle se trouve à quelques centimètres de lui, celui-ci sourit.
— Oh, j’ai oublié le meilleur pour la fin : Quand sa sœur Rozenn est décédée, elle a éclaté de joie. En même temps, c’est grâce à elle que Rozenn s’est fait buter. Cette putain de Rozenn était plus jolie, plus populaire et surtout, elle avait tapé dans l’oeil d’un certain SilentGhost sur Discord.
Mon cœur rate un battement en entendant cela, quant à Rhéa, elle tente de lui asséner un coup de poing dans le visage mais les cartes qui lévitent autour de mon frère ont formé un bouclier.
— Sur ce, à ce soir ! Dans la joie et la bonne humeur ! annonce-t-il avant de disparaître.
— Noah…
Rhéa se tourne vers moi, les yeux remplis de larmes. Elle s’avance vers moi mais j’ai un mouvement de recul.
— Noah, s’il te plaît… continue-t-elle.
— Tu as mis à mort la seule personne qui comptait à mes yeux, soufflé-je.
Ma phrase lui fait l’effet d’un coup de poignard, elle tombe à genoux en pleurant et en me suppliant de lui pardonner.
— La Mort ne pardonne pas, lâché-je froidement.
Partie 2
— Je peux tout t'expliquer, commence Rhéa
— Je te donne cinq minutes, dis-je froidement en croisant les bras.
— J'avoue que j'étais jalouse de ma sœur mais jamais je n'aurai souhaité sa mort !
— Pourtant c'est ce qu'il s'est passé !
— Je ne savais pas que ces hommes faisaient partie du réseau de tueurs ! Se défend t-elle.
— Pitoyable…
Je décide de couper court à la discussion et je pars m'enfermer dans ma chambre. Papy a vraiment raconté des conneries, Rhéa ne peut pas être ma Reine de Coeur. Je ressens l'envie de repartir dans les limbes pour pouvoir revoir Rozenn. Mais elle doit sûrement avoir rejoint le Paradis.
— Putain ! hurlé je en donnant un coup de poing dans le mur.
A ce moment, j'entends toquer à ma fenêtre. Quand je regarde dans cette direction, un corbeau se tient devant.
— Vas te faire foutre papy, râlé je.
Voyant que je ne lui ouvre pas, il décide de traverser l'obstacle et il prend sa forme humaine.
— C'est pas une façon de s'adresser à la Mort jeune homme ! Maugre t-il.
— Rhéa n'est pas ma Reine de Coeur ! Et tu sais quoi ? Je n'en veux pas !
— Tu dis ça car tu es sur les nerfs ! me balance t-il
— Comment ne pas l'être quand la seule personne que j'ai vraiment aimé est morte à cause de la jalousie de sa propre sœur ???
Il reste silencieux après cela. Je soupire en m'asseyant sur le lit puis je cache mon visage entre mes mains. Je viens d'avouer mes sentiments envers Rozenn.
— Je ne sais pas quoi te dire… avoue t-il, donne lui au moins une chance.
Il s'assoit à mes côtés puis enlève les mains de mon visage.
— Noah, ton frère est en train de gagner car tu commences à perdre le contrôle et tes émotions prennent le dessus. Je ne te dis pas de fermer ton cœur, mais je suis sûre que Rhéa est réellement ta Reine de Coeur et surtout qu'elle sera ta meilleure alliée.
— Après ce qu'elle a fait ? Désolée papy, je ne pourrai pas lui pardonner.
— Et moi je suis sûr que si.
Après cela, il se lève et reprend sa forme de corbeau avant de quitter ma chambre. Tout de suite après, on frappe à ma porte. Je mets un moment avant d'autoriser Rhéa à entrer.
— Noah, commence-t-elle tout en s'avançant vers moi, ma sœur m'a laissé un message avant de mourir.
Sa phrase me brise le cœur, je ferme les yeux et prends une grande inspiration.
— Je t'écoute, dis-je
Elle se met devant moi et me tend un bout de papier que je saisis aussitôt, je le déplie. Mon coeur rate un battement :
"Je faisais partie du réseau"
Partie 3
— Partie du réseau… chuchoté-je, comment ça…
Rhéa s’assoit par terre en face de moi, elle prend une grande inspiration avant de prendre la parole.
— Elle donnait les rendez-vous aux futures victimes. Si elle a fini par en faire partie, c’est parce que ton frère a décrété qu’elle…
— Tais-toi, je pense connaître la fin de ta phrase, dis-je sèchement.
— Noah, je n’y suis pour rien bordel ! dit-elle en commençant à pleurer, j’ai pas demandé à perdre ma soeur ni à ce qu’elle fasse partie de ce merdier !
— D’autres personnes font partie de ce réseau ?
— Je ne sais pas, elle ne m’a laissé que ce mot.
— Putain que je suis con, soufflé-je
Je me lève subitement, j’ouvre mon placard et sors l’ordinateur de Rozenn. Rhéa me regarde étonnée, je lui fais signe de me suivre. On descend dans le salon, je m’installe sur le canapé. Je branche le PC et l’allume.
— J’ai récupéré son ordi et j’ai jamais pensé à regarder dedans…
— Attends, comment tu l’as eu ? me questionne Rhéa
— Après son décès, je suis allé le récupérer avant que la police ne le récupère.
— Tu ne t’ai pas fait…
Elle finit par comprendre comment je m’y suis pris, elle se tait et me regarde manipuler l’ordinateur. J’arrive à faire sauter le mot de passe et j’atterris sur son bureau. Je parcours tous les fichiers sans trouver ce que je cherche. Je me connecte alors à internet, puis à Discord en mode “hors ligne”. Et là, Jackpot, elle n’avait même pas eu le temps de supprimer ses discussions personnelles.
— Tu trouves ? demande Rhéa
— Oui.
Je me rends compte de la façon dont je lui ai répondu et je m’excuse aussitôt avant de me plonger dans la lecture des discussions. Effectivement, elle a donné des pseudos ainsi que des adresses à un groupe nommé KillHeR. En regardant les différents participants, je repère un certain DarkKight.
— Mon frère, pensé-je.
Mon cœur rate un battement quand je vois ce pseudo en train d’écrire. Je me redresse sans quitter l’écran des yeux.
“ Rhéa est la prochaine petite frère”
— Le fils de… notre mère, lâché-je.
— Qu’est-ce qu’il y a ? demande Rhéa en jetant un œil.
Elle se fige en voyant son prénom. Elle commence à trembler, ma main vient se poser sur la sienne.
— Je te l’ai dit, il ne t’aura pas, affirmé-je
— J’aimerai te croire…
— Pourquoi tu ne le fais pas alors ? m’étonné-je
Elle ne me répond pas, je ferme le capot de l’ordinateur puis je le pose sur la table basse en répétant ma question.
— Après ce que tu m’as dit concernant ta situation, toutes ces morts qui auraient pu être évitées, tu n’as toujours rien fait, explique t-elle.
— Rhéa, tu m’as écouté quand je t’ai dit que ce n’est pas si simple que ça ?
— C’est simple d’éliminer quelqu’un rapidement étant donné que tu es la Mort !
— Je ne le suis pas, je suis juste son successeur !
— Pourquoi il ne fait rien alors ?! s’énerve-t-elle.
Avant même que je ne réponde, papy corbeau traverse la fenêtre du salon et se pose devant Rhéa avant de prendre forme humaine. Elle pousse un cri de peur en se couvrant le visage.
— Bah au moins, tu vas avoir la réponse en direct, soufflé-je en me levant.
— Pose tes fesses toi, rétorque papy en me regardant.
Je m’assois aussitôt en grimaçant.
— Bien, Madame Reine de Coeur, dit-il en s’adressant à Rhéa.
Celle-ci enlève ses bras de devant son visage et le regarde.
— Vois-tu, Noah n’a aucune possibilité d’éliminer son propre frère !
— Alors faites-le ! répond-elle du tac-O-tac.
— Je n’ai pas d’ordre à recevoir d’une vulgaire mortelle ! s’indigne-t-il.
— Vous avez pas eu votre quota d’âmes ? continue t-elle.
— Rhéa ferme-la ! m’énervé-je.
— Si j’élimine son frère, il y passe aussi idiote ! enchaîne papy.
Partie 4
Rhéa se mord la lèvre inférieure et baisse aussitôt la tête. Je soupire en pinçant le nez, papy sourit d’un air satisfait.
— Maintenant que tu as la raison, laisse-moi donc t’expliquer pourquoi, veux-tu ? dit-il
Elle hoche la tête de haut en bas en me regardant.
— Noah et Nolan sont jumeaux, on est d’accord ? Noah a tué son frère après que celui-ci a assassiné leur mère. Quand ils ont débarqué aux Limbes tous les deux, ils ne pouvaient pas rejoindre le paradis, forcément et les Enfer n’ont pas voulu d’eux non plus.
— Pourquoi ? demande-t-elle étonnée.
— Trop jeunes à l’époque. Du coup, ils ont erré dans mon monde, explique papy. Le soucis, c’est que même chez moi, ils étaient toujours en train de se taper dessus ! Bonjour le bordel aux Limbes. Des pauvres âmes qui débarquent et voient deux pélos pré-pubères en train de s’entretuer.
— Pas besoin de détailler papy, lâché-je.
— Je raconte ce que je veux morveux !
— Vieux con… chuchoté-je
— Bref ! Je continue si tu me permets ! On saute la case adolescence. Un jour, Nolan, par je ne sais quel miracle, a réussi à quitter les Limbes. De ce fait, j’ai missionné Noah pour qu’il le ramène.
— Sous forme d’âme errante mais dans le monde des vivants ? demande Rhéa.
— Forcément, vu qu’il est mort le petiot. Bref, son frère, fidèle à lui-même , a décidé de foutre le bordel dans votre monde tout en voulant se venger de Noah.
— Se venger ?
— Je l’ai tué, rappelle-toi, dis-je.
— Donc, étant donné que Nolan adore les cartes, il a décidé de faire autant de victimes qu’un jeu.
— Oui, ça je sais. On est actuellement à 14, confirme-t-elle.
— Exact.
— Ira t-il vraiment jusqu’à 54 ?
— Tant que je ne l’arrêterai pas, il continuera, expliqué-je.
— Et c’est là le problème, si Nolan est éliminé, Noah aussi, affirme papy. Jumeaux, liés par le sang et dans la mort sauf si…
— Ça suffit, soufflé-je en me levant, je ne veux pas en entendre plus.
— Pose tes fesses ! m’ordonne papy, ça te concerne !
— Putain…
— Nolan n’a aucune pitié pour les humains contrairement à Noah même si celui-ci ne veut pas l’avouer, commence Rhéa. De ce fait, si Noah arrive à relancer son organe vital, cela le rendrait humain et donc, il pourra éliminer son frère sans craindre de l’être aussi.
— Cette fille est parfaite ! s’enthousiasme papy, elle a tout compris !
— Youhou, fais-je en mimant son enthousiasme.
— Bien, maintenant que tu as compris, je peux repartir faire mes mots casés dans mon canapé !
Avant même qu’on ne dise quoi que ce soit d’autre, il se transforme de nouveau en corbeau et quitte mon appartement. Rhéa et moi, nous nous retrouvons seuls, mon regard fuit le sien.
— Depuis le début, tu as les cartes en main, chuchote-t-elle.
— C’est de nouveau un reproche…
— Non, pas du tout. Écoute, je comprends qu’avec ton vécu tu n’as pas confiance aux autres ou même, tu ne veux pas créer de lien avec qui que ce soit.
— Rhéa…
— Je peux comprendre également que je puisse être un élément perturbateur ou…
— Rhéa… recommencé-je.
— Quoi ?!
— Tais-toi, veux-tu ? En plus, on doit se préparer pour la soirée.
— Tu veux quand même qu’on y aille ? s'inquiète-t-elle.
— Cette putain de carte est sortie, je dois savoir pour quelle raison.
— Qu'a-t-elle de si spéciale ?
— Le Fou aussi appelé le Mat, qui vient d’un terme arabe signifiant “mort”, échec et mat ça te parle ?
— Le roi est mort…
— Donc ?
— Nolan est en roue libre ? suggère-t-elle.
— C’est peut-être pas lui.
Partie 5
— Qu’est-ce que tu veux dire Noah ? s'inquiète-t-elle.
— Certaines cartes ne me concernent pas, sauf le Roi de Coeur, le Fou et la Mort.
— Donc, ça peut avoir un rapport avec toi, c’est ça que tu es en train de me dire ?
— Ca peut l’être comme ça ne le pourrait pas. Le seul moyen de le savoir, c’est d’aller à cette soirée.
— C’est vachement rassurant… dit-elle.
Je saisis son visage entre mes mains et je dépose mes lèvres sur les siennes. Surprise par mon action, elle se met à rougir.
— Fais-moi confiance, s’il te plaît, demandé-je
— Je suis ta Reine de Coeur, commence-t-elle, alors je te fais confiance.
Cette fois, c’est moi qui prend des couleurs au niveau des joues. Je retire mes mains en raclant ma gorge puis je tourne les talons en direction de ma chambre.
— Si tu tentes quoi que ce soit contre moi, je t’en mets une, rajoute t-elle.
Je souris puis je me retourne.
— Je t’applaudis si t’arrive à m’atteindre avant de finir par terre.
— L’espoir fait vivre, dit-elle en mettant ses mains sur les hanches.
— T’atteindras l’immortalité à force…
Je clos la discussion en montant dans ma chambre. En arrivant devant le club où se passe la soirée, je fais un rapide débriefing avec Rhéa :
— Tu restes dans mon champ de vision, tu ne parles pas aux inconnus, tu ne bois pas trop, et faut qu’on trouve un signe pour alerter l’autre, dis-je.
— Respire Noah, sourit-elle.
— Je respire.
— Tu m’as sorti tout ça sans reprendre ta respiration comme si ta vie en dépendait…
— Ce n’est pas ma vie, mais la tienne, soufflé-je, c’est bon pour toi ?
Elle s’approche de moi puis ferme deux boutons supplémentaires de ma chemise. Je la regarde étonné.
— Désolée, le fait qu’on voit ton… commence-t-elle.
— Madame risque d’être jalouse pour un bout de torse ? M’amusé-je. On en parle de ta robe ?
— Tu pourrai être jaloux toi ? S’étonne t-elle
— Non. Bref, on y va.
On s’avance à l’entrée et je présente deux invitations, le vigile nous laisse passer en nous souhaitant une bonne soirée.
La salle est déjà bondée, la musique me pète les tympans, je hais ces endroits. Rhéa s'agrippe à mon bras, je regarde tout autour de nous afin de nous trouver une table. Une fois installés, une serveuse vient prendre notre commande. Rhéa demande un mojito et moi un bloody Mary. Je sens la présence de mon frère, il n’est pas loin. J’observe chaque recoin de la salle, chaque visage, faits et gestes des personnes présentes. Malgré la mission qui nous attend, Rhéa finit par me demander de venir avec elle sur la piste de danse.
— Dans tes rêves, lancé-je en me cramponnant à mon verre.
Elle utilise la technique des yeux doux tout en me faisant comprendre que si on n’est pas ensemble, il y a des chances pour que cette soirée finisse mal. J’arque un sourcil puis je me résigne à la suivre.
Elle s’enthousiasme au moment où elle entend une chanson qu’elle adore, elle se met face à moi. Enfin, non, elle se colle contre moi tout en me souriant. Elle me prend les mains pour les poser sur ses hanches, mon rythme cardiaque s’accélère. Un peu trop à mon goût.
— Tu sais danser ? demande t-elle
— D’après toi ?
— Suis mes mouvements alors !
Elle commence à se déhancher au rythme de la musique, je tente par tous les moyens de rester concentrer sur notre mission. Ses bras viennent s’enrouler autour de mon cou, nos regards se croisent et ne se lâchent plus. Mon cœur rate un battement et l’envie de l’embrasser me prend soudainement. Je dois résister, on est pas là pour ça à la base !
Quand la musique se termine, nos visages se rapprochent dangereusement avant que nos lèvres ne se heurtent. Je baisse ma garde en allant chercher sa langue. La musique me semble lointaine tout autant que les gens présents autour de nous. L’espace d’un instant, je me laisse aller. Mes mains viennent se poser contre son visage, les siennes glissent le long de mon torse.
— Rhéa, chuchoté-je en stoppant notre baiser.
— J’ai compris, dit-elle avec une pointe d’amertume.
Elle s’éloigne un peu de moi puis elle me tourne le dos et continue de danser. Je lève les yeux au ciel puis quand je me tourne vers le DJ, juste au-dessus de lui, à l’étage, mon frère me regarde le sourire aux lèvres.
— Rhéa ! dis-je en me tournant vers elle.
Mon cœur rate encore un battement quand je vois qu’elle n’est plus là. Je regarde autour de moi, sentant la peur m’envahir. Je chasse cette émotion rapidement, reprenant mon sang-froid. En observant de nouveau l’endroit où mon frère se tient, celui-ci a également disparu. Je me fraie un chemin à travers la foule tout en cherchant Rhéa.
Après avoir réussi à quitter la piste de danse, je continue de la chercher. Mais cette putain de boîte est blindée de monde. Je vais perdre un temps fou pour me déplacer. Je décide de me rendre aux toilettes. Je vérifie qu’il n’y a personne, je me mets devant le miroir puis je ferme les yeux. Une fois que je les ouvre, mon reflet n’est plus dans le miroir.
— Ça va aller deux fois plus vite, chuchoté-je.
Je sors des toilettes pour continuer de chercher Rhéa. Mon corps traverse ceux des personnes se trouvant sur mon chemin. En regardant vers une porte de secours, j’aperçois une silhouette qui m’est familière.
— Je rêve…
Je me précipite jusqu’à elle, mais celle-ci sort de l'établissement. Je décide alors de la poursuivre.
Pour me faciliter la tâche, je fais apparaître une carte entre mes mains et je pioche le trois d’épée. Je la lance aussitôt sur ma cible, les armes sortent de la carte afin de transpercer ma cible. Celle-ci tombe à terre, je m’arrête devant elle, je me penche pour lui enlever la capuche.
— Putain, enfoiré… lâché-je
Teru gémit de douleur tout en crachant du sang. Je l’attrape par le col de son t-shirt en lui ordonnant de me dire où est Rhéa.
— Avec Nolan ! suffoque-t-il.
— Il est où ce fils de… Cet enfoiré ? hurlé-je.
Teru lève difficilement sa main en pointant en direction d’un établissement désaffecté avant de rendre son dernier souffle. Je le lâche puis je me relève en observant le bâtiment. Cette enflure n’a pas choisi n’importe lequel : L’hôpital où il a été interné.
Comment ai-je pu passer à côté de ça ? Pourquoi je n’ai pas tilté en lisant l’adresse où se déroule cette putain de soirée ?