Une brève revue d'Histoire à Kyoto
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Une brève revue d'Histoire à Kyoto
15 Sept. 19
S'il n'y avait qu'une seule ville à visiter au Japon, ce ne serait pas Tokyo mais bien Kyoto ! Ancienne capitale impériale du Japon, c'est en 1603 qu'elle perd son statut de centre du pouvoir au profit de la bourgade d'Edo, qui deviendra Tokyo, restant toutefois le lieu de résidence principal de l'empereur.
Comme vous le savez, je me plais toujours à lire rapidement les pages "Histoire" de mon guide de voyage, car c'est là qu'on trouve de nombreuses clés de comprehension de ce qu'on peut voir et visiter, et des us et coutumes des habitants que l'on observe en voyage. Donc c'est l'occasion de vous faire ici un petit topo rapide de l'histoire nipponne !
En résumé : l'homme a foulé le sol du Japon pour la première fois il y a 200 ou 300 000 ans à l'occasion d'une période glaciaire permettant de traverser la mer. Les Japonais ont donc eu leur époque prehistorique puis leur révolution agricole, qui a permis la formation de nombreux royaumes, progressivement dirigés par une reine pretresse vivant à Nara (au sud est de Kyoto) qui restera la capitale jusqu'en 710, avec un empereur et un pays rapidement unifié. Nombreuses influences chinoises à cette période, pays duquel arrive de nombreux éléments de modernisation, notamment le système d'écriture, la création d'une constitution, ou la religion bouddhiste (autour de 600 ap JC).
Puis c'est une histoire marquée par les intrigues à la Cour, les rivalités entre seigneurs de guerre, une véritable histoire à la Game of Thrones ! alternant conspirations et trahisons, renversements et affrontements, chutes et ascensions de tyrans, durant laquelle le pays se divise dans des guerres intestines puis se reunit sous la poigne d'un chef militaire intrépide. L'empereur installe sa cour en 794 à Kyoto, qui restera cité impériale pendant plus de mille ans.
C'est dans ces rivalités entre familles influentes qu'apparait vers 1100 le fameux shogun, le "généralissime", celui qui détient le pouvoir militaire puis très vite tous les pouvoirs effectifs, chef d'armée qui reste néanmoins adoubé et jure fidélité à l'Empereur. C'est à ce moment là aussi qu'apparaissent les premiers samouraïs, "celui qui sert", des serviteurs armés totalement dévoués à leur seigneur, pour lequel ils sont prêts à donner leur vie voire à faire hara-kiri. Au fil des siècles, le fameux code d'honneur des samourais se dessine pour être réellement formalisé au 17eme siècle dans le Bushido.
C'est aussi à cette époque que se développe les arts et la culture nipponne, la peinture et les Ukiyo-e (les estampes japonaises) fortement influencées par le bouddhisme zen, l'art du shodo (la calligraphie) et du shikki (la laque, appliquée en grosses couches, avec des incrustations donnant du mobilier très recherché), l'Ikebana (l'art floral et l'art des jardins), le theatre Nô (dansé et masqué, minimaliste, d'influence zen) et le theâtre Kabuki ( plus tardif, visages tous blancs et costumes flamboyants, très stylisé et populaire dans les thèmes abordés), et enfin les mangas.... (Euh..non ça Charlie c'est plus tard ?! :-))
D'un point de vue religieux, les japonais sont pour la plupart soit bouddhistes (avec notamment la branche du bouddhisme zen, arrivé vers 1200, basée sur la méditation sans objet et l'épuration des autels, des habitations et des modes de vie) soit shintoistes (croyance polythéiste dans des dieux et esprits incarnant chaque élément, et animant la vie sur Terre), soit les deux parce que ce n'est pas incompatible ! Ils pensent que le shintoisme est la religion de cette vie sur Terre, quand le bouddhisme s'occupe de leur au delà, et donc suivent les rites de l'un et l'autre selon les cérémonies de l'année et leurs preoccupations du moment.
Les jardins à la japonaise sont absolument époustouflants ! Je ne suis pas particulierement jardinophile, contrairement à mon padre, mais l'esthetisme qu'on y trouve est profondément apaisant et de toute beauté ! Bien loin de la rigueur des jardins à la francaise, parfaitement ordonnés et rectilignes, héritage de Versailles et du temps de Louis XIV, les jardins à la japonaise se caractérisent par un enchevetrement très plaisant d'arbres et d'arbustes, d'eau qui coule, et de pierres et jardins de gravier. 2 philosophies qui s'affrontent, l'une d'une nature dominée et maîtrisée, l'autre d'un aménagement harmonieux et respectueux de la nature... et l'harmonie est vraiment le terme qui désigne le mieux mon ressenti en contemplation devant eux ! D'ailleurs, les japonais y sont très sensibles... Il faut voir la taille des arbres dans leurs maisons, ou comprendre que en période de printemps pour les cerisers en fleurs, ou à l'automne quand les feuilles des arbres prennent des couleurs rouges-jaunes-orangées, les parcs et jardins sont full of people et les hotels de la ville bondés ! Je vous laisse apprécier ces débuts d'automne déjà très prometteurs...
S'il y a une dynastie à retenir, c'est bien celle des Tokugawa. Après la trahison du shogun qu'il servait, Ieayasu Tokugawa devint lui même shogun en 1603 et mis fin aux rivalités régionales en soumettant les grandes familles et la population japonaise à un contrôle très strict de leurs vies, en même temps qu'il isola complètement l'île du reste du monde. Les seigneurs eurent leur familles retenues en otage à Edo où ils étaient autorisés à venir un an sur deux ; tous les deplacements étaient strictement controlés et nombreux ponts furent détruits pour les limiter ; 4 classes bien distinctes furent définies dan la société nipponne (les samourais, les agriculteurs, les artisans et les commerçants) avec des règles très strictes pour chacune d'elle à tous les niveaux ; le non respect d'une loi ou même une simple attitude jugée grossière ou déplacée pouvait entrainer la condamnation à mort du concerné, voire la propulgation de sanctions collectives, pour renforcer l'auto-contrôle que chacun exercait les uns sur les autres...
C'est profondément marquée par cette époque là que toute la société japonaise s'est conformée à des principes très forts encore aujourd'hui d'obéissance, de respect des règles et de l'autorité, de bien agir et bien se conduire, qui la caractérise encore aujourd'hui.
Ils restèrent au pouvoir près de trois siècles. Mais l'isolement du Japon sur la scène internationale ne plaisait pas, et les Américains sommèrent canons pointés sur Edo le Japon d'ouvrir son commerce à l'exterieur, dans des accords plus qu'avantageux à leur égard... C'est par cet affront et cette humiliation que le règne des Tokugawa et des shoguns prit fin, avec la volonté de rendre à l'empereur toute sa grandeur et son autorité, de moderniser le Japon pour le faire rentrer dans la danse des grandes nations, et de se prémunir contre les invasions étrangères par un nationalisme et les débuts d'une vision impérialiste du monde... Ce qu'on appellera la Restauration Meiji ou "politique éclairée". Mais ça c'est déjà une autre histoire...
Alors Kyoto dans tout ça me direz vous ? Eh bien Kyoto est une sorte de ville musée de toute cette histoire, avec sa cité imperiale, son chateau, et surtout des dizaines et des centaines de temples tous plus impressionnants les uns que les autres, issus des differents courants religieux... Une ville dans une cuve, bordée de collines sur lesquelles s'éparpillent temples et sanctuaires...Une ville d'art où se cotoient tous ces styles décrits précédemment, des jardins à tomber dont je vous parlerai après...
Et enfin une ville qui se prolonge par une autre (Osaka) qui se prolonge par une autre (Kobé) rejoignant ainsi la mer dans cette megalopole qui fait près de 2 fois Paris et son agglomeration ! Je vous laisse en avoir un bref aperçu photographique...bref tout comme moi je l'ai eu d'ailleurs !