Journée mondiale de sensibilisation à l'autisme - Herbe rouge et ciel noir
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Journée mondiale de sensibilisation à l'autisme - Herbe rouge et ciel noir
En cette journée mondiale de sensibilisation à l'autisme, je souhaite vous partager un texte court écrit il y a 20 ans sur un site aujourd'hui disparu.
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Herbe rouge et ciel noir
À quatre pattes, je me déplace avec précaution. De bloc en bloc, béton au ras du sol, protections illusoires, mais indispensables - pour survivre.
Ici, l'herbe est rouge et le ciel est noir. Le reste n'est que nuances de gris.
D'énormes météorites tombent continuellement tout autour de moi, détruisant – complétant ? - mon univers. Je me fais la plus petite, la plus insignifiante possible. Je voudrais être invisible, mais ne le peux pas. Je voudrais être entendue, mais reste sans voix. Non, je ne peux pas crier "je suis là !", de peur qu'ils ne m’aperçoivent. Cependant je le hurle intérieurement sans interruption, me refusant à disparaître. Je m'essouffle in petto.
Une voix au loin semble m'appeler.
À quelques centaines de mètres de là, d'immenses immeubles s'élancent vers le ciel, menaçant ma fragilité. Où aller ?
Je ne sais plus avancer, je suis épuisée. Et d'ailleurs, pourquoi avancer ?
Une voix au loin semble m'appeler.
Dans mes rêves éveillés, je voudrais grandir, grandir, et encore grandir, pour enfin pourfendre ce ciel noir.
Puis passer la tête au-dessus.
Respirer.
Une voix au loin semble m'appeler, m'enjoignant à vivre.
Mes pensées se figent, confuses.
Vivre ?
Comment ?
Ne voit-elle pas le monde ?
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Suite à ce texte, une personne m'avait demandé en commentaire si j'étais autiste. J'avais répondu par un smiley rire et un "pas que je sache"... puis j'avais été me renseigner sur internet. Je suis tombée sur un site indiquant que les autistes étaient dépourvus d'empathie. J'ai arrêté mes recherches, me disant que clairement ce n'était pas moi.
À cause de ce stupide cliché sur l’autisme et des professionnels non compétents que j’ai pu croiser dans ma vie, je ne me suis plus reposé cette question pendant des années. Je l’ai à nouveau fait après des années de fatigue chronique inexpliquée, un licenciement, et mes interrogations sur mon ado qui me ressemblait bien trop.
Mon fils aîné a été diagnostiqué officiellement il y a deux ans. Moi, l’année dernière.
Nous sommes autistes. Différents, pas inférieurs.
Crédits :
Immeubles : Photo d'origine par Matt Wieve sur https://www.flickr.com/photos/mattwieve/