Les larmes bleues
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Les larmes bleues
Arrête de pleurer ! Arrête ça, tais-toi, tais-toi !
Sa bouche se transforme, ses dents sont tellement serrées que l’on pourrait croire qu’aucun son ne peut en sortir. D’ailleurs, est-ce qu’ils sont vraiment prononcés de sa bouche ces mots ? Ou est-ce un monstre invisible qui se terre dans ses entrailles, qui hurle de dedans ?
J’ai envie de pleurer ! Tellement, si vous saviez.
Immobile, je vois trouble. Je vois trouble par ce que même mes paupières n’osent plus bouger. Elles se retrouvent complètement paralysées incapables de délivrer le trop plein de larmes bleues.
Je me concentre sur la table de la cuisine. Sur les restes du petit déjeuner qui y trainent, il encore tôt, la journée ne fait que commencer.
Je n’ai pas eu le temps de finir mon bol de céréales, des Miel Pops, mes préférées. J’avais encore la bouche pleine lorsqu’elle a changé de regard. Je ne sais pas vraiment pourquoi. Peut être sommes nous en retard. Ou alors je n’ai pas fait attention et ai mâché la bouche ouverte. Ou peut-être est-ce les quelques gouttes de lait que j’ai renversées sur la nappe, en essayant d’engloutir une trop grosse cuillère de céréales.
Je ne sais pas et j’ai maintenant du mal à avaler.
C’est lorsqu’elle a commencé à crier que j’ai commencé à pleurer. Un pleur silencieux. Ça fait bien longtemps que je n’éclate plus d’un sanglot bruyant et incontrôlable. Mais ce n’est pas suffisant.
La tête baissée, j’attends que la furie veuille bien passer. Que pourrais-je faire pour la calmer ? Ne pas bouger. Finir mon bol de céréales rapidement. Me lever et sortir de son champ de vision, vers ma chambre, vers la salle de bain, ou plutôt dehors. Disparaître.
Les pleurs silencieux, ça fait mal. Je force mon ventre à ne pas tressauter. J’ai envie de renvoyer mes Miel Pops tant aimés. Je ne sais plus vraiment par quel endroit reprendre mon air. Ma gorge se gonfle de douleur, une boule immense se forme sous ma mâchoire. Plus je la retiens plus elle m’étouffe. Un gémissement que je n’ai pu contenir plus longtemps s’échappe, désespéré.
Arrête de pleurer ! Arrête ça, tais-toi, tais-toi !
Elle a approché son visage près du mien, il me touche presque la joue. Ses yeux sont pleins de fureur venue d’un monde où je ne suis encore jamais allée. Elle me saisit le poignet brusquement, je n’ai pas le temps de poser ma cuillère. Lorsque celle-ci se fracasse sur le carrelage blanc de la cuisine, je ferme les yeux très fort.
Les larmes bleues ont en profité pour s’échapper ! Je n’ai pas fait exprès, pardon.
Jackie H 2 months ago
Être objet de colère injuste à laquelle on ne comprend rien parce qu'on est innocent(e) de ce qui la déclenche (à défaut d'y être étranger(e) parfois... parfois une simple ressemblance suffit...).. Être objet de défoulement, ne rien pouvoir en contrôler, mais sentir son couteau déchirer ce qui aurait dû être un moment de bonheur et de plaisir... ne rien y comprendre, avoir mal mais ne même pas avoir le droit de l'exprimer et tenter comme on peut de ravaler sa souffrance... le cliché dit que l'enfance est un paradis mais non, le cliché ne dit pas toujours la vérité... l'enfance est démunie devant les transferts de souffrance des adultes, elle ne sait pas se protéger, elle n'en sait pas encore assez pour savoir prendre ses distances et faire la part des choses... viens dans mes bras pleurer un bon coup petite fille, viens pleurer tout ton saoul et puis sécher tes larmes, et puis nous mangerons ensemble des Miel Pops... tes préférées ❤️
Madé Ame 2 months ago
Wahou... Je ne sais quoi répondre. Merci 🙏🏻