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Le peuple des étoiles

Le peuple des étoiles

Published May 15, 2022 Updated May 15, 2022 Offbeat
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Le peuple des étoiles

L'Afrique est notre mère à tous, Abou y est né, dans le désert du Sahara. Ici pas de dessert, tout y fond tant le soleil brille. Une marche longue pénible l'attend tous les matins, c'est son école de la vie, imaginez qu'avant que la robe de l'aube lève son voile et brûle votre peau des pieds au visage, il enfile sa tunique qui le protège comme cette huile à l'indice solaire de plus de cinquante. Pendant cette marche toujours le même refrain, il marche sous un soleil chaud, très chaud, plus chaud qu'une frite. Alors pour oublier les difficultés du désert,  Abou pense à la mer qu'il n'a jamais vue, et s'invite dans les Histoires que son oncle, un grand voyageur, qui rapporte et colporte au vent des oreilles attentives, comme celles de ce fils du vent et du désert qu'est, et restera Abou. Un gentil petit bonhomme, à l'esprit vif et curieux qui est né dans le monde des rêves sur notre Terre, un quinze avril 2006. Son père lui a dit un jour, il s'en souvient : «  Tu es né sous le signe des étoiles, notre peuple se guide par la carte du ciel, et toi mon fils, tu es né sur Neptune et tu es un poisson, le ciel me l'a dit, le Tropique du Cancer. Abou n'avait rien compris. Ce souvenir était vague telles les dunes qu'il parcourait avant la rocaille et la récompense de s'asseoir sous un arbre à l'oasis où il s'arrêtait pour l'eau et l'ombre.  Tiens ! Une brebis manque à l'appel. Il les compte. Comme ce conte sur le peuple des étoiles, Abou a ses secrets. Ce jeune « garçonnet » n'a pas de montre. Midi, le zénith, le regard levé vers le soleil, sans lunettes noires, Abou sait qu'il est l'heure de trouver un palmier. Il marche là où il trouve de l'ombre, cherche la très célèbre oasis de Timimoun, un arc-en-ciel de fraîcheur dans l’Algérie, ce grand pays. Ici l'ombre d'un arbre vaut de l'or, un cours d'eau de l'argent, des brebis, du lait, et du sang froid et Abou lorsqu'il va promener le troupeau pense Océan. Pourquoi ? Parce que Féhed, le frère de son père raconte ses périples et lui explique les mondes, muni de ce regard bleu/vert et de l'étincelle belle et cruelle de ceux qui voyagent. Avant, les anciens Humains, marchaient aussi... D'ailleurs, les livres se sont écrits comme cela, certains s’occupaient de leurs champs, d'autres sur de gros bateaux naviguaient, d'autres s'occupaient des bêtes, et pour rêver, il y avait les colporteurs, des gens qui risquaient de rencontrer des pirates, des bandits sur leurs routes, et quand la lune prenait son vol, on allumait le feu. Si le toit du ciel s'allumait d'étoiles, le voyageur racontait son journal. Hier, Féhed, son oncle, lui avait parlé des tempêtes du Sud, de ces vagues plus hautes que des géants de pierre, de ces albatros aux gros ventres qui jouent en altitude, des vents ascendants et descendants, sans jamais se poser, ni se reposer. Ici, le soleil brûle les yeux ; là-bas, c'est le froid qui fait mal. Abou rêve encore de ce moment magique. Devant lui, l'immensité est ocre jaune-rouge, les dunes sont des vagues et il sait qu'ailleurs c'est l‘outremer, un bleu, vert, gris, qui domine. Assis au pied d'un figuier de barbarie, un arbre immense au tronc usé, Abou n'écoute plus le son des serpents qui se cachent au cœur du sable où jouent les dromadaires. D'habitude, il ne se lasse pas de cette musique sauvage. Face à lui, chèvres et brebis boivent ce liquide rare, l'eau. L'ombre de l'arbre le protège des rayons assassins mais pas de son imagination. Abou se transporte sur l'océan, dans sa main une barre à roue qu'il tourne lui permet de diriger un trois-mâts : "Le tyrannosaure".




N'oubliez pas où il vit, je vais tenter d'expliquer sa vie. Chaque matin, Abou marche dans le sable rouge, couleur de la planète Mars, qui est un aspect particulier de son pays - l'Algérie côté Sud –  la carte du monde nous le raconte, et moi je veux conter son histoire. Qui est-il ? Abou, notre petit Héros, regarde les astres qui éclairent sa route et le toit de la Terre ; se dit que ce sont des cailloux qui bougent dans les cieux. Son peuple est celui des étoiles, ils sont les seuls capables d'aller dans le désert d'Afrique faire le commerce du sel.  Ses yeux sont brillants, et bouillant de curiosité, tant il est intelligent, si curieux de tout, qu'il en oublie la fatigue de l'aube, il enfile sa tunique de la couleur de ses jeunes yeux, bleue.

 

En Algérie, le sable est si singulier, puisqu'il n'est pas blond « vénitien », comme les cheveux de l'anglaise « Malade » qui, il le sait, a kidnappé Papa Pongwa, son grand-père sorcier guérisseur. Cela l'intrigue, cette disparition de son grand-père, heureusement que son  oncle Féhed lui raconte son passé. D'ailleurs, il a quel âge Abou ? L'enfant a neuf ans. Né sous le soleil, cela vous commencez à le savoir, son histoire pourrait être simple, Abou  marche sur ce sable aussi chaud qu'une frite, pas nu-pieds, patate, c'est impossible ! De petites sandales en toile spéciale en peau de bête, pas bête l’animal ! Abou compte les étoiles, son foulard, noir, méticuleusement, il l'entoure autour de sa tête pour se protéger des coups de soleil et du froid glacial, version Ours ou étoile polaire. Où chercher des gorilles dans le ciel de cette jungle de sable brûlant ? Impossible de le croire, mais au Sahara le thermomètre descend de plus de quarante-cinq à moins d'une suite de zéro, de quoi estourbir un étourdi qui oublie son couvre-chef  tel une volée d’étourneaux perdus sur l'Atlas, autre nom de la carte du monde, par un violent coup de vent, ou n’importe quel vieux chameau de touriste égaré dans ce vaste océan peuplé de légendes, et berceau de la Terre. Tous les Hommes y sont nés !

Abou aurait tant aimé connaître les personnages des histoires que l'on raconte devant le feu qui crépite accentuant les étincelles sauvages. La nuit venant aux veillées, assis parmi les grands, il écoute des contes ou des histoires, l’équivalent d'un journal, ou d'un grand livre et Abou apprend les traditions de son grand désert qu'est le Sahara, si grand. Cinq mille kilomètres qui vont de l'Atlantique à la Mer rouge, cette steppe, autre nom du désert,  n'a nulle frontière en son centre, les « anglophones, » ceux qui parlent l'anglais appellent cela un « no man's land ». Prenons, un peu de hauteur les enfants : savez-vous les noms des pays qui l'entourent, oui, non ? Dix pays, aux noms exotiques et fantastiques pour nous, « francophones », de A à Z, il s'agit de : «  l'Algérie, l'Égypte, la Libye, le Mali, le Maroc, la Mauritanie, le Niger, le Tchad, la Tunisie, et le Soudan. Le Sahara n'est pas que l'endroit où l'on a inventé la harissa, c'est aussi grand et vaste que le drapeau surnommé «  Stars and Stripes » des Etats-Unis. Je m'explique : ce désert d'Afrique est aussi grand que les treize bandes, et les cinquante étoiles de la confédération d’Amérique du Nord ; et le Sahara, lui, si on veut l'entrevoir sous une forme géométrique pour dessiner sa forme, il faut imaginer et tracer un trait, une  diagonale, de terre sèche qui part d'un fleuve, celui du Sénégal, jusqu'en, écoutez bien, la  Mongolie. Eh, oui, cette terre d’un peuple libre, de célèbres barbares des livres ouverts sur l'Histoire, quand, nous les Humains, nous cherchions encore nos territoires, et les limites de la planète qui nous supporte, au propre comme au figuré, la Terre.

 

Les Mongols,  vous savez, ce sont ceux qui ont des chevaux et les cheveux au vent dans leur grand pays. Abou, lui, connaît plus les chevreaux.  Lui, il ne connaît que la chevelure de Bérénice, à gauche de la tête de Lion, pas les animaux, mais sa carte pour se situer. Son GPS à lui se sont les étoiles, la carte au menu lors de souper au toit ouvert sur le cosmos.  Abou sait, comme les marins qui naviguent à l'estime, se diriger en positionnant les étoiles, les constellations, les amas d'étoiles. La toile, le tableau du ciel, porte des noms souvent d'animaux : le Petit chien et le Grand, le Cygne, et l'imaginaire et fantasque Licorne. Au moyen âge déjà, les étoiles parlaient aux Hommes. Amusez-vous à lire une carte du ciel : quatre horizons, ça bouge le temps d'une révolution solaire. Dans l’œil de l'univers, notre toit qui bouge, c'est le ciel et si votre montre donne l’heure c'est que nos planètes tournent et dansent, tourne-vent toujours dans le même sens, tenir compte des tempêtes capitaine ! Cet aspect régulier du système solaire fait qu’en France, cette question de régularité circulaire dans l'espace fabrique la notion de temps et sa force est elle aussi juste que ce tourbillon qui ne se pose pas de question, la reine de la Nature. Le temps ne se pose pas de point « dingo » comme cet animal des terre australes, ni de point d'interrogation... Le temps, c'est l'aiguille de votre montre,  Abou ne le compte pas tant il est le maître de l'école buissonnière, et nous qui sommes en Occident, peut-être par accident, la loi de régulation des planètes de notre système solaire, Jupiter, Vénus, Saturne, Lune, Terre, Mars, Mercure, nous permet de poser des saisons : l'hiver, le printemps, l'automne et l'été. Rêvons sur le sol : la jungle, les animaux du berceau de l'univers, l'Afrique, donnait des noms poétiques aux constellations, ou des repères pour les navigateurs sur les mers ou ceux du désert, comme la célèbre Orion. Au Nord de l’Équateur, ceux du froid polaire, souvent les navigateurs cherchent l’Étoile la plus basse celle de la Grande Ourse, et ce chariot à l'envers qui forme la Petite Ourse, sa petite sœur d'étoiles. D'autres noms rigolos hantent les cieux pour le plaisir de l'évocation de jolis paysages, mais regardez le toit du monde, l'univers si vaste, on y trouvera dans des livres les positions du roi de la jungle, Le lion, le long cou de la girafe, ou les légendes venues des airs de baladins, telle la licorne, ou le dragon et son feu, si célèbre dans l'astrologie Chinoise. Les enfants, regardez le ciel, le toit du monde, le toit de la Terre, vous verrez qu'il bouge suivant les saisons, vous verrez que certaines étoiles, forment des images, le petit chien et son traîneau, la célèbre croix du Sud, bien au Sud de l’Équateur, que tous les marins du monde connaissent pour diriger leurs bateaux, ou encore le cygne, pas ce canard qui vole, mais bel et bien un ensemble de cailloux qui lévitent et que l'on évite de justesse parfois. Au pays d'Abou, il pleut des météorites, et la pluie est si rare que les zones humides sont là pour jardiner, mais revenons à nos moutons qui d'ailleurs sont des brebis. Abou ne sait pas que la vie est délicate sous la chape de plomb qui nappe le désert du Sahara, il ne connaît pas les glaces au chocolat, ni la mousse, lui, Abou, il doit aller à l'Oasis chercher de l'ombre face à cette lumière qui rend aveugle et y trouver de l'eau pour ses bêtes et aussi pour sa famille, sa maman, qui reste dans son petit village.

 

Originaire du pays des « Maures » là, où les vaches sont sacrées, d'après ce que raconte sa maman, et son oncle Féhed, le grand voyageur de la famille, Abou est déjà un petit garçon responsable du trésor de sa famille : les brebis. D'ailleurs, elles bêlent, belles sous le soleil, comme d'habitude ça brille, la chaleur revient dès qu'il s’élève à l'Est des montagnes et de la rocaille qui surplombe le plateau où vit sa petite famille. Son papa, lui, il lui fait confiance pour lui confier son seul chameau vers la source d'eau, et parfois Abou sur sa route croise des étoiles et des dromadaires et cette silhouette familière de son père, son foulard sans couleur offert au vent souriant sur l'un deux, car son père, évidemment, est fier de son fils. Lui part quatre jours vendre du sel. Abou le suit du regard, et reprend sa marche. Ce sont des Touaregs, des berbères, ils aiment chanter quand la nuit arrive des poésies arabes, leurs instruments, les flûtes de roseau , de curieux tambours, et leurs mains rocailleuses tel des tailleurs de pierre de granit celte, tapent sur la peau des tbals et ripaillent : «  jouer, chanter, danser et taper sur les tambours, n’animent pas le bourg, ils animent le bal improvisé du soir ». La carte du ciel frissonne, ses cils se plissent, la peur des serpents à plume ou non s'éloigne du camp, tant la joie résonne dans ce long désert où la pluie ne rigole pas. Je rigole de chez-moi, moi qui narre cette aventure. Je suis un Celte, et chez-moi elle pleure la pluie. Abou chez lui, c'est si peu, très peu de centimètres par an.

 

Mais cessons les métaphores, Abou est, certes,  jeune et fort, et il ne connaît pas la chanson du « sable chaud » ni les îles de l'Océan Pacifique, ni celles de la grande et de la petite Bretagne ! Dès que l'aube lève son voile, Abou enfile sa tunique bleue, et file dès l'aube chercher le troupeau, très jeune berger du Sahara. Très vite le soleil se lève, et la vie devient pénible, ici, dans le désert, partie Sud de cette gigantesque plage sans eau de mer qu'est ce phénoménal désert d’Afrique recouvrant plusieurs pays. La liste des pays qui l'entoure est si longue qu'il vaut mieux se taire, depuis si longtemps elle sans zèle a quitté son  lit, et devenu un lieu sans eau, et trop de sel, ou presque. Trêve de digression… Nous sommes mercredi, vous n'avez pas classe l'après-midi. Abou marche tous les matins, ce jeune berger accompagnant le troupeau de brebis de son père à la source d'eau la plus proche de sa maison, pieds nus, c'est un endroit qui est en terre cuite et rouge comme sa terre natale en tourbe, rectangle ou carré , sans  toit et comme la Lune, on peut marcher dessus, mais même pas de paille pour se désaltérer, on dirait qu'elles sont fabriquées « main »  faites de bout de ficelle, le génie de nous les Humains construire des abris et ici c'est du ciel, car il ne tombe pas de cordes, mais les tempêtes du désert sans fin...

 

Revenons à nos moutons l'univers de ce garçon est très beau, mais aussi très difficile pour ceux qui, comme toi, n'y sont pas nés. Lors de sa marche ce sont de belles maisons traditionnelles ici qu'il croise avant de s'arrêter accompagné de son maigre troupeau, Abou passe devant des endroits, oh que c'est beau, ce vert végétal, des jardins suspendu entre terre de sang et ciel ! Par magie des gens ont des jardins bien verts, adaptés comme lui au climat, car dans ce pays, il ne pleut pas, et Abou pleure peu. Ce fils du désert habitué à croiser des châteaux fantômes détruits par le temps semblable à un sablier que l'on renverse, grain par grain, ses joyaux d'un âge moyen s’éteignent, juste témoins, aujourd'hui d'un glorieux passé, ce n'est pas cela qu'il regarde, Abou, mais le ciel au bleu de Klein. Ce monsieur est l'inventeur d'un bleu mystère comme ce ciel, sans nuage, et il reste un second mystère à éclairer la fameuse histoire de la disparition de papa Pongwa, et qui est cette jeune fille « malade ».



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