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De moi(s) en toi(t)

De moi(s) en toi(t)

Published Aug 9, 2020 Updated Aug 9, 2020 Offbeat
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De moi(s) en toi(t)

L'ascenseur se présente, chaleureux, acceuillant de sa belle moquette rouge et moelleuse. RDC (Raie du cul comme j'ai appris à mes petits neveux...ça n'a fait rire qu'eux...pas leurs parents). Le rez-de-chaussée m'attend, mirroitant encore de propreté à cette heure bien matinale. Je tire la porte lourde de mon immeuble et me retrouve dans la rue. 

Je décide de diriger mes pas vers le marché Sainte-Folie et avant de m'installer confortablement à l'une de ses si jolies terrasses qui le borde, je m'arrête chez Tout à Un Prix pour m'acheter un carnet et un crayon de papier (ça permet d'effacer les bêtises que l'on écrit, si seulement il en existait une variante pour la parole :)! ).

Je vais inscrire dans ce cahier la liste de mes envies de jardin et tâcher de me visualiser quelque part pour me donner ce nouveau but que je suis forcée de chercher. 

J'ai pris cette habitude d'écrire pour visualiser il y a bien longtemps. C'est mon ami Constantin, tout aussi beau, que grand, qu'homosexuel qui m'a convertie à cette habitude; hygiène presque, j'irais à dire tellement cet exercice nous force à nous dire à nous-même la vérité (de l'instant).

D'ailleurs, à ce sujet, Constantin aime à dire d'un ton assuré aux personnes qu'il interpelle d'une question intime et qui laisse place à un mensonge habilement masqué: "Ouuhhh le mensonge c'est pas beau! Mais vu de près c'est encore plus laid!" J'ai souvent eu droit à cette rhétorique....

Je vais donc de ce pas aller glisser sur le papier la liste de mes véritables envies.

La solution apparaîtra au fil des mots, au bout d'une page ou en son beau milieu. 

Aux questions importantes il est souvent peu approprié de questionner les autres. Selon moi dans ces moments ils ne sont que mirroirs et donc ne nous renvoient qu'à nous-même et n'ouvrent pas les champs. Il n'est pas vain d'affirmer que la solution réside au fond de nous et non dans le regard de l'autre et encore moins dans sa parole. Ce qui s'agite autour de nous n'est que la réponse absolue de nos intentions (bref paranthése sur l'actualité..en ce moment il n'y a pas que du joli, joli dans les intentions). Alors parfois on se laisse prendre au jeu de l'altérité, c'est ce qui nous fait aprécier et jouir de ce monde dans lequel nous menons notre existence. Un doux moyen de laisser les autres raconter ce qui se passe en nous. Et puis un jour, un évènement, un cyclone, une traversée du désert, nous n'avons pas d'autre choix que de faire connaissance avec nous-même. On se regarde, on s'observe comme un véritable étranger. On se renifle, on se tâte, on se tourne le dos et arrive ce moment suprême où l'on comprend que tant que ce dialogue avec nous-même ne sera instauré nous ne vivrons pas pleinement notre vie, que Tout ne pourra pas être accompli dans le temps qui nous est imparti dans cette existence. Il en va alors de notre survie et de celle des autres puisque nous sommes aussi les autres...

C'est donc dans le sillage de cette réflexion que je m'assois régulièrement avec moi-même. 

Ces rendez-vous réguliers me permettent d'être plus proche de ceux que j'aime et de mon environnement. De vivre l'amour reçu dans sa juste place. Car enfin! On acceuille bien en son sein que si l'on connaît son fort intérieur, sa maison intérieure. 

Car, imaginez! Transposons cela dans un exemple concret. J'habite une maison que je ne connais pas, je ne m'y intéresse pas et ne vis que dans une pièce. Car croyez-moi, un fort intérieur contient plus de pièces que le plus grand des palais indien! Et bien que se passe-t-il? Vous arrivez et je ne sais où vous convier chez moi car je ne sais pas où j'ai installé mon salon de réceptions. Je ne connais tellement pas ma maison, que je suis capable de vous inviter à prendre le thé dans la salle de bain! Impensable n'est-ce-pas? Drôle tout au plus. Mais c'est bien ce qu'il se passe lorsque l'on ne prend pas soin de faire connaissance avec soi-même. On reçoit mais n'importe comment. Quel gâchis. Alors c'est ce qui caractérise, les incompréhensions, les déceptions, les erreurs. On a le droit de recevoir dans sa salle de bain, mais il faut savoir pourquoi.

Il est 11h du matin et je m'installe à la table du café pour faire un tour dans ma maison. Dans ces moments de recherche, c'est tout naturellement que j'appelle à moi la bibliothèque de ma vie. J'y ai mes archives, mes souvenirs, mes sources d'inspiration. Toutes mes expériences y sont répertoriées. Elles sont tout à la fois classées par thème, dates (car on ne vit jamais de la même façon un évènement identique en fonction de l'âge auquel on le traverse). 

Voilà, je rentre dans ma bibliothèque et m'installe à mon bureau. Bien j'avoue que cela fait un bout de temps que je n'étais pas venue m'y assoir. J'essuie un peu la poussière du bureau en souriant. J'aime autant que j'exècre cet endroit. Il marque toujours pour moi, le temps du labeur et de l'endurance et ce n'est franchement pas ce dont je rafole. 

Deux feux follets apparaissent sur mon bureau! Deux mots: Moi - Toi, ou serait-ce Mois - Toit? Comme c'est drôle! Ma question du moment est: chercher mon nouveau toit!

Moi...Mois et Toi...Toit..., comme si Moi (je, nous) c'est le temps, le temps que l'on s'approprie, que l'on nourrit, que l'on laisse filer....Et l'autre; Toi (tu, vous), Toit, que l'on cherche comme une quête pour s'y abriter. 

N'est-ce pas amusant? La vie m'a injoncté un nombre de mois (moi) pour rejoindre mon nouveau toit (toi).

Devrais-je donc laisser aller mes moi pour retrouver mon toi?

Et là tout à coup je comprends que le Moi (mois) est le plus important, le Toit (toi) que je dois rechercher ne sera que la résultante du travail que j'accomplirai durant tous ces mois (moi). 

Je m'appelle Camille 

@suivre...

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