Morphée, la conception d'un univers (partie 2)
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Morphée, la conception d'un univers (partie 2)
Pour cette seconde partie, nous allons entrer un peu plus dans les thématiques qui servent l'histoire.
Evidemment, le thème principal étant imposé, il est compliqué de déroger à la règle. Cependant, il y a toujours mille et une manières de contourner un cadre ou de jouer avec les obligations. Surtout, il faut absolument éviter de tomber dans un écueil au moment d'inventer une nouvelle histoire.
Il serait facile d'aborder le récit de quelqu'un qui se réveille dans une réalité moins agréable que ses songes. Il y aurait tout autant d'aisance à proposer une narration qui comprend des personnages composés d'espoirs évanouis, dont les vies ont été brisées et avec des objectifs inatteignables en comparaison de leur statut social.
Pourtant, force est de constater que "Morphée" ne s'éloigne pas vraiment de ce genre de ficelles scénaristiques. Il faut donc se poser les bonnes questions lors du processus de création. Qu'ai-je envie de raconter et comment le faire avec les bons mots ? Comment le rendre crédible, attachant, touchant et mystérieux à la fois ? Eh oui, le thème est tout de même le rêve ! Le mystère doit prendre une place importante.
Le secret de ces réponses réside à l'intérieur de l'auteur. L'écriture est un processus d'exorcisation. Il représente une opportunité de chasser certaines douleurs en les couchant sur le papier. Ce n'est pas une légende lorsque l'on dit que c'est une excellente thérapie.
Le scénario est une base de travail appréciable pour extraire autant de sujets que nécessaire afin de les transformer en moyen d'expression. Dans sa finalité, il est un document technique, mais au départ, il est un précieux allié pour permettre à son auteur de visiter son propre esprit.
La famille
Pour être honnête, le concept est complexe dans son ensemble et quasiment étranger. Donc, c'est une thématique parfaite pour "Morphée". De prime abord, il semble évident que les relations familiales doivent être particulièrement sensibles pour les personnages. L'inconfort, les rancœurs, les non-dits et des traits de caractère diamétralement opposés, voilà les ingrédients à utiliser pour que la tension soit palpable dès le commencement et qu'elle atteigne son paroxysme lors du climax.
Il y a plusieurs rapports. D'abord, une mère qui vit ses derniers instants, un mari qui affronte le drame qui va bientôt le frapper, une jeune fille qui va devenir adulte précocement. Ensuite, il y a ces jumelles dont la vie leur a réservé un sort différent et qui sont en décalage avec la réalité de l'une et de l'autre.
L'enfance
Le personnage d'Estelle approche de la fin de son cycle de vie. Elle est loin du temps de l'insouciance et de l'innocence. Elle s'est mariée et elle a fondé une famille. Elle a probablement eu une carrière à laquelle est s'est entièrement dévouée. A présent, elle est consumée de l'intérieur. C'est la représentation de l'âge adulte, du cruel moment où l'on apprend la signification des responsabilités.
A l'inverse, Clara, sa jumelle, a su garder une petite flamme à l'intérieur d'elle. C'est une personne dissipée, qui s'amuse de tout et qui anime un vieux souvenir ancré dans les limbes d'un souvenir d'antan. Elle est le symbole de moments agréables, d'un passé heureux et d'une tradition presque oubliée.
C'est l'enfance qui va nous enseigner les bases de l'existence. C'est une période d'apprentissage, mais aussi de créativité. Jouer, rire, inventer des histoires, construire un monde imaginaire, croire aux légendes et aux contes…. En lisant ces lignes, chacun saura replonger dans des mémoires qui le feront sourire.
C'est un peu de tous ces éléments que le récit a eu pour volonté de retrouver…
La vie et la mort
Actuellement, plus que jamais, des questions sur le sens de la vie ne cessent de surgir. La disparition d'un être cher y est pour beaucoup. C'est un épisode très douloureux et une épreuve très dure. La plus dure que l'on puisse affronter. Elle est insurmontable, ou alors la solution pour l'apaiser se trouve cachée quelque part dans des profondeurs inexplorées de l'esprit.
"Morphée" a été imaginé, écrit et réalisé en connaissance de cause. La mort n'allait pas tarder à se présenter, mais il restait encore du temps pour mettre en image un tout dernier hommage afin que la personne à qui il a été destiné puisse le voir.
Et c'est en partie de cela que traite le récit : la mort. C'est un thème intriguant et inquiétant. Aucune véritable réponse n'existe quant à cette finalité qui nous attend tous. Que faire d'autre, si ce n'est de l'accepter ?
L'acceptation est donc une sous-thématique transposée dans le scénario. Estelle est condamnée. Les familiers qui l'entourent, tout comme elle, vivent avec cette épée de Damoclès au-dessus de leurs têtes. Ils réagissent différemment, en fonction de leur statut, de leurs croyances et de leur force mentale.
Pour certains, la mort n'est pas la fin de toute chose, mais le début d'une autre aventure. Néanmoins, c'est d'abord la vie qui est une aventure. Si les uns disparaissent, elle se poursuit pour les autres, ceux qui restent ici, sur Terre. Lia, la fille d'Estelle, incarne l'image d'une passation de génération. En quelque sorte, elle reprend le flambeau d'une tradition oubliée, ainsi que de sa mère qui va s'éteindre.
Elle va entrer dans l'adolescence, instant particulier où les expériences sont nombreuses et où l'innocence elle-même prend fin. Dans une certaine mesure, grâce à l'intervention de sa tante Clara, elle va emporter un objet qui lui rappellera parfois de retourner en enfance, là où se situent les meilleurs souvenirs, tout en profitant de la vie et de ce qu'elle a à lui offrir.
David Yol