Les Dimanches d'Alexandrine de Césure (3)
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Les Dimanches d'Alexandrine de Césure (3)
Les dimanches d’Alexandrine 6
...Et là mes chers amis, dans ce décor ardent
J’ai bien suivi ce nain de plus en plus charmant
Pour ne pas me trouver tout à coup esseulée
Dans l’endroit étonnant où nous étions posés
Le nain ne disait rien, oui mais il souriait
Car il savait bien ce qui nous attendait
Soudain notre sentier se fit petit petit
Puis large à peine comme un trou de souris
Pourtant rien n’aurait pu à ce point m’arrêter
Mes douze souliers étaient bien décidés
Palsambleu, dis-je alors (comme mon aïeul François)
Devant ce château-fort qui se trouvait par là
Une clairière douce de huit bouleaux plantés
Un ciel tel une orange de miel mordoré
Des gargouilles soufflant à chaque coin de murs
Le chant de tous les vents des plus doux aux plus durs
Le nain s’arrêta net, me fit signe d’entrer
Et moi, fille curieuse, je n’ai pas hésité
Aussitôt je fus prise d’une envie de rimer
Devant le paysage qui m’était révélé
Sur un tronc de sureau, couché de tout son long
La troupe joyeuse de très petits fripons
M’accueillit en riant et en frappant des mains
N’avaient-ils jamais vu dans l’étrange contrée
Aucune créature qui n’ait ces douze pieds ?
« Ho, dame de la terre, où vas-tu de ce pas,
De ces soixante orteils qui courent sur la dalle ?
- Je ne suis pas chez moi, je suis ce galopin
Mais je suis enchantée et ne veux pas de mal
À ce monde joli que je ne connais pas »
Ils cessèrent de rire et se dirent à mi-voix
« Une humaine qui rime, sur douze pieds ma foi
Voilà qui n’est point vu depuis le temps jadis
Laissons-la pénétrer dans ce lieu de délices
Peut-être saura-t-elle sauver la parole
De ces pauvres humains dont la raison s’affole »
On ouvrit grand le mur donnant sur une salle
Mais je n’osai ici poser le moindre pied
Ni avancer d’un pouce vers le trône posé
Qui était, sachez-le, coquille d’escargot
Une petite personne grosse comme un haricot
Était juchée d’aplomb sur le colimaçon
Et fredonnait avec douceur une chanson
Elle s’adressa à moi de sa voix de flutiau
Pour savoir si mon pas était bien comme il faut
« Car le rythme des œufs, classé par douzaines
(Dit la petite dame qui sentait la verveine)
Est le rythme parfait pour parler à mon cœur.
- Mais qui êtes-vous donc, et à qui est ce coeur ?
- Je m’en vais vous dire une confidence ronde
Je suis reine de tout, je suis reine du monde »
Moi je restais sans voix
Dimanche prochain je crois
Que vous aurez la suite
Du récit insolite
Alexandrine de Césure
Auteure unique
Des éditions « Le pied qui pense »
la gaillarde conteuse