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L'unité dans la diversitéChapitre 2

L'unité dans la diversitéChapitre 2

Published Apr 13, 2022 Updated Apr 13, 2022 Culture
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L'unité dans la diversitéChapitre 2

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Belgique, avril 2022

 

 

Luvii

             — Je vais réfléchir à ta suggestion.

             — Je te rappelle que nous n’avons que quatre mois pour présenter un projet innovant. Si l’entrée à l’académie t’importe peu, elle est très importante pour moi, s’énerva Nargie.

            Dans son discours inaugural, le doyen de l’académie des Hautes Technologies de la Confédération Galactique offrait quelques jours d’acclimatation aux candidats étudiants. À eux d’en déterminer le nombre avant de se mettre au travail. En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, Nargie visitait les moindres recoins de la faculté imprimant la topologie des lieux dans son esprit. Cette rapidité volontaire lui permettait d’être fin prête pour entamer l’analyse de leurs suggestions communes. Luvii, quant à elle, appréhendait les choses de manière plus calme et surtout trop lente pour son binôme. Dans le même délai, elle n’avait guère progressé plus que de trouver un équilibre parfait dans l’agencement de la partie de chambre qui lui était réservée ainsi que du trajet le plus énergisant pour se rendre à la bibliothèque. Chose qui demeurait un mystère pour sa colocataire, toutes les ressources contenues dans ce lieu précis étant numérisées, elles étaient également accessibles de partout sur le campus.

               — Je t’assure que mon désir est également d’intégrer cette prestigieuse institution. Cependant, la précipitation n’apporte jamais qu’échec et déception.

            — Écoute-toi ! On croirait entendre un vieux sage. Je peux t’assurer que les nanorobots que nous construisions dans la colonie nécessitaient de la dextérité, du savoir-faire, mais très peu de méditation. Puisque nos deux sorts sont liés jusqu’à l’examen d’entrée, je te prierai d’être un peu plus active.

            — À la condition que tu sois moins impétueuse !

            Tout en acceptant l’idéologie de l’académie qui n’était pas loin de rejoindre celle des Sloumaneyens, devoir vivre et travailler avec Nargie l’exacerbait alors même qu’elles ne se connaissaient que depuis une semaine. Toute jeune, Luvii apprenait à canaliser son énergie afin de satisfaire aux obligations imposées par les fonctions de ses parents. Son précepteur ne cessait de leur rappeler, à son frère et à elle, qu’il n’était pas convenable que des enfants courent, se chamaillent ou dérangent les réunions de l’ambassadeur et l’ambassadrice d’une quelconque façon. Brider son caractère enjoué et curieux s’avérait encore aujourd’hui une épreuve quotidienne. Durant ses études privées, l’absence de condisciples ne lui permettait pas la confrontation avec d’autres spécificités intellectuelles comme sociétales. Malgré une préparation sérieuse, Luvii vivait un véritable choc culturel. Elle se sentait déstabilisée au point d’en perdre son calme, comme le prouvait le ton acerbe utilisé dans sa remarque.

            Faisant fi de la critique, Nargie reprit :

            — Je propose que nous notions nos différentes idées afin de rechercher et sélectionner la plus pertinente. À toi l’honneur !

            Luvii la regardait sans vraiment la voir. Toute à ses inquiétudes pour rétablir son équilibre interne, la jeune femme avait négligé le but principal de sa présence à l’Académie. Il lui sembla entendre son précepteur la sermonner et lui rappeler que privilégier son bien-être au détriment de la tâche à accomplir était aussi néfaste que de procéder à l’inverse.

            — Je te prie de m’excuser, balbutia-t-elle, mais…

            — Laisse-moi deviner, l’interrompit Nargie. Je préférerais t’entendre me dire que tu n’as pas d’idée, mais je crois que tu as oublié ce détail toute préoccupée que tu es par ton confort.

            — J’avoue que je n’ai même pas une piste de réflexion à te soumettre. Et crois bien que j’en suis navrée.

            — Pas tant que moi !

            En rage, Nargie se leva pour quitter la pièce. Un peu d’air l’aiderait à reprendre son calme.

            — Attends, s’il te plaît. Je ne cherche pas d’excuses, mais pourrais-tu m’écouter ? Tu as la parole plus facile que moi. Dès notre première rencontre, je connaissais ton parcours et tes difficultés, tandis que je me suis gardée de te raconter même la plus petite anecdote de ma vie.

            La voix presque suppliante de Luvii paraissait sincère. En y réfléchissant, Nargie devait reconnaître ne rien savoir de sa colocataire. Mais finalement, à quoi cela servirait-il puisque dans moins de quatre mois leur relation n’existerait plus ?

            Sentant son hésitation, Luvii reprit :

            — Comme tu le sais, je me suis rendue plusieurs fois à la bibliothèque parce que je désirais mieux connaître ton peuple et vos us et coutumes. J’ai pu découvrir Trisanor et sauf erreur, j’ai vu également la colonie sur laquelle tu as appris la robotique. Cette partie du système Flévarien est bien différente de celle que je connais et beaucoup plus sombre, voire triste. Je comprends mieux que votre peuple soit principalement tourné vers le commerce galactique. D’autres horizons permettent d’oublier le quotidien.

            — Tu as réellement fait cela ?

            Nargie revenait s’asseoir, stupéfaite d’entendre ces propos.

            — Je croyais pourtant que pour les Sloumaneyens, nous n’étions que de la racaille dont il était préférable de se détourner.

            — J’imagine que certains esprits étroits… et vieillissants ont transmis cette vision. Mais rassure-toi, les mentalités évoluent et mon peuple développe enfin un esprit critique qui, je l’espère, l’émancipera de ses dogmes obsolètes.  

            — D’accord pour mieux te connaître, mais à une condition !

            — Laquelle ? murmura Luvii, inquiète.

            — Que je puisse poser des questions sans que tu t’énerves.

            — J’essayerai, sourit Luvii. À moins que tu ne m’interroges directement ?

            — Non, non ! Raconte, je t’écoute.

            Toutes deux s’installèrent plus confortablement avant que Luvii, prenant une grande inspiration, n’entame son récit.

            — Mes parents étaient ambassadeurs. Mon frère et moi…

            — Tu as un frère ! Quelle chance ! Comment s’appelle-t-il ? Quel âge a-t-il ? Est-il beau ?

            Devant cette impétuosité presque juvénile, Luvii ne put retenir son rire, emmenant Nargie à sa suite. La fin de l’après-midi s’émailla d’éclats de joie au fur et à mesure de la progression de l’histoire.  

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